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°° WEBTUBE : Bayrou n’essaie pas de redresser la France, il veut durer pour sauver Macron de la démission. Son discours de politique générale est un monument de vide absolu. On sent que la fonction le dépasse et il est clair qu’il croit réellement que son refus de l’affrontement, ainsi que sa volonté d’apaisement et de dialogue vont le sauver de la censure. C’est du pur « en même temps », donc synonyme d’immobilisme.
Ce n’est qu’un catalogue de bonnes intentions et la création de commissions et autres machins aussi stériles que coûteux, alors que nous entretenons déjà cinq millions de fonctionnaires pour faire le travail. Ce discours est flou et d’une pauvreté sidérante.
C’est très simple : la forme est pitoyable et le fond inexistant.
Bien que très cultivé et vieux gladiateur expérimenté de l’arène politique, Bayrou nous a livré un discours vite lassant et vide sur l’essentiel de ce qui inquiète les Français. Tout respire la mollesse et l’indécision. Il n’a pas de convictions, il va donc consulter à tout va.
Il s’exprime mal, cherche ses mots, les écorche très souvent, quand il ne se fait pas tout simplement des nœuds avec ses feuilles en désordre. Pour un ancien prof devenu ministre de l’Éducation nationale, cela surprend.
Il entame son discours sur la dette gigantesque, la mettant sur le compte de tous les Présidents depuis 1981, lesquels avaient de bonnes raisons de jouer les cigales. En quarante ans, notre endettement est passé du 20 % à 112 % du PIB. Et si Macron a augmenté la dette de 1000 milliards, c’est parce qu’il a dû affronter la crise des Gilets jaunes et celle du Covid, l’inflation, le coût de l’énergie et la guerre en Ukraine.
Mais ce que ne dit pas Bayrou, c’est que tous nos voisins ont diminué cette année leurs dettes et leur déficit, sauf la France qui les a largement augmentés.
En passant, Bayrou dénonce la fin des règles internationales et nous fait un couplet sur l’agresseur Poutine qui veut annexer l’Ukraine, avec le soutien de l’Iran et de la Corée du Nord, sans oublier la Chine qui veut dominer le monde avec ses 1000 milliards d’excédent commercial. Les Etats-Unis ne sont pas épargnés, puisqu’ils veulent poursuivre leur domination et avaler le Canada et le Groenland.
Ne lui demandons pas les causes de l’offensive russe dans le Donbass, qui remontent à 1990, je suis certain qu’il les ignore, comme la plupart des journalistes.
Il veut une UE qui devienne une puissance politique, capable de rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis. Mais que pèse l’UE sur l’échiquier international avec ses 27 membres qui ne sont d’accord sur rien, et avec ses armées squelettiques et sans munitions ?
Au plus fort de la guerre, les Russes tiraient 50 000 obus en 24 heures, soit davantage que la production annuelle de la France. Comment une France en faillite pourrait-elle porter le budget Défense à 5 % du PIB, passant de 50 à 150 milliards ?
Mais Bayrou est optimiste car la France a des atouts et en a vu d’autres. Son équipe gouvernementale reflète l’union et l’expérience. Il a raison.
Vu le délabrement de la France en quarante ans, ces vieux renards de la politique ont incontestablement l’expérience de l’échec. Mais avec Bayrou, on ne change pas une équipe qui perd.
Pour le budget de l’Etat et de la Sécurité sociale, il faut de la stabilité et il faut se respecter. Bayrou veut donc changer le logiciel démocratique. Vaste programme.
Puis vient le sujet des retraites, qui coûtent 380 milliards par an. Patrons et salariés en financent 325, il faut donc que l’Etat comble le déficit de 55 milliards. Somme qu’il faut emprunter puisque les caisses sont vides. Les retraites représentent une charge pour l’Etat équivalente à 50 % de la dette sur les dix dernières années.
Pas un mot évidemment sur les retraites payées à des centenaires algériens disparus ou à des étrangers n’ayant jamais travaillé ni cotisé en France. Pas un mot sur la fraude sociale de 50 à 70 milliards par an. On ne veut pas la chiffrer réellement, ce serait indécent.
Finalement, dans l’espoir d’amadouer les socialistes, Bayrou a décidé de remettre la réforme des retraites en chantier pour trois mois. La Cour des comptes va nous chiffrer cela à nouveau et dans trois mois, si aucun accord n’est trouvé, c’est la loi actuelle qui s’appliquera. Le négociateur en chef est content de lui. Il ne sera pas censuré dans l’immédiat par ses amis socialistes. À quoi sert le Parlement si une loi est renégociée à peine votée ? Là n’est pas la question.
Suit un catalogue de bonnes intentions mais sans jamais énoncer les moyens.
Une banque de la démocratie sera créée pour faciliter le financement des partis.
La proportionnelle sera étudiée. Intégrale ? À quelle dose ? Mystère.
On facilitera l’information et on allégera les normes écrasantes dans tous les rouages de l’Etat et de la société. Il faut débureaucratiser le pays et simplifier la vie économique.
Il convient de protéger les multinationales qui sont écrasées d’impôts et de normes.
L’immigration, c’est une question de proportion. Il y a 80.000 clandestins à Mayotte pour 300.000 habitants, c’est intenable. Que faire ? Mystère.
140.000 OQTF sont prononcées chaque année en France. Seulement 7 % sont exécutées car les pays de retour ne coopèrent pas. Que faire ? Mystère. Faut-il limiter l’immigration ? Mystère. Il est clair que Bayrou est un multiculturaliste.
La sécurité et la lutte contre le narcotrafic, c’est l’affaire des deux complices à la Justice et à l’Intérieur.
L’écologie n’est pas un problème mais la solution. La France est la première de la classe avec son nucléaire. Il faut développer la géothermie, l’hydrogène, le vélo.
L’Education nationale doit retrouver son rang d’antan et relever le niveau des élèves. Comment ? Quel coût ? Mystère.
Bayrou souhaite supprimer les normes agricoles qui tuent nos paysans soumis à une concurrence déloyale. Espérons qu’il le fera.
Il souhaite revaloriser le travail, repenser l’aménagement du territoire.
Les transports, les infrastructures seront améliorés avec le concours des collectivités locales.
Il veut booster le logement, notamment pour les étudiants et développer le sport, facteur de sérénité dans les rapports sociaux.
Il souhaite des budgets pluriannuels pour la santé, une vision de long terme alors que nous manquons de généralistes et de spécialistes. Quid des médecins étrangers avec des diplômes au rabais pour certains ? Mystère.
Enfin il veut créer un Haut Commissariat à l’enfance et améliorer les conditions de fin de vie. Utilité ? Coût ? Mystère.
On le voit, le budget qui a mis Barnier dehors n’a pas été abordé.
Rien sur les 50 milliards qu’il faut trouver, entre impôts et économies.
Bayrou prétend redonner espoir à ceux qui se découragent. C’est raté.
Certes, avec un discours qui reste évasif et souvent en contradiction avec les économies budgétaires incontournables pour limiter le déficit 2025 à 5,4 % du PIB, Bayrou ne satisfait personne mais il évite la censure. Pour combien de temps ?
Seuls LFI et les Verts devraient la voter.
Mais ni les socialistes, ni LR, ni le RN ne peuvent se satisfaire d’un programme aussi creux. Bayrou ne fera rien afin de durer. Il amuse les socialistes avec la réforme des retraites, il va faire miroiter la proportionnelle au RN qui se gardera de le censurer.
Quant à Wauquiez, qui ne pèse plus grand chose face au NFP et au RN, il se demande s’il a intérêt à rester fidèle à cet attelage bancal avec le centre.
Bref, Bayrou n’est pas un lion. Et pourtant, c’est vraiment d’un homme fort dont la France aurait besoin, tant la situation est grave.
2025 ne va pas être une partie de plaisir. Tout va s’aggraver car Bayrou n’entend pas frapper fort pour sauver le pays avec des mesures efficaces donc impopulaires. Il veut durer pour se sauver et sauver Macron. Le duo qui nous mène à l’irréparable.
Jacques Guillemain, Riposte Laïque