. Sylvain Tesson ne plaît pas à la gauche, et alors ?

Spread the love

Articles     : Jan. 2024 – Dec. 2023Nov. 2023Oct. 2023 – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

++ WEBTUBE : « Nous alertons sur le fait que la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes 2024, loin d’être contingente, vient renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société. » Il faut être résolument de gauche pour ne voir en Sylvain Tesson le solitaire qu’une « icône réactionnaire ». Lui, l’aventurier des grands espaces, cet amoureux du silence et du dépassement de soi, est-il vraiment un militant, si ce n’est celui de la beauté et de l’intériorité ?

Pourtant, 1.200 cultureux « poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, actrices et acteurs de la scène culturelle française » signent une tribune dans Libération pour dénoncer le fils de Philippe Tesson. Et ce petit milieu de lui reprocher d’aller « à l’encontre de l’extrême vitalité de la poésie revendiquée par le Printemps des poètes ». Pour ceux qui s’accaparent ainsi le monopole de la poésie, elle « est dans nos silences. Nos joies. Elle est dans nos corps broyés, nos corps souples, nos regards flamboyants et nos brèches. » C’est bien mal connaître l’écrivain, lui, le survivant de multiples fractures et de trépanations, qui sait parfaitement ce qu’est un corps souffrant.

L’émerveillement et la beauté contre la vulgarité

Mais ces 1.200 revendiquent une poésie qu’on peut retrouver « aussi dans le queer, le trash, la barbarie, le vulgaire ». Il est vrai que l’auteur de La Panthère des neiges (Folio) ou de Blanc (Gallimard) cherche plutôt à s’évader de ce monde « du chauffage central entouré de laideur » pour rejoindre cette époque et ces lieux où « on se les caille, mais dans la splendeur ! »

Car pour l’écrivain voyageur, c’est bien là que l’on peut faire le procès du progrès, qui a perdu tout sens de l’émerveillement, de la contemplation, de la beauté. « Longtemps la civilisation a été obsédée par la beauté et voilà que cette préoccupation a aujourd’hui complètement disparu. » C’est ce merveilleux qu’est allé chercher Tesson, sur l’arc celtique, cabotant de la Galice à l’Ecosse, pour nous le rapporter dans son dernier et beau livre Avec les fées (Équateurs). Une quête du Graal d’aujourd’hui évitant les zones Leroy Merlin pour renouer avec les rois et avec Merlin.

Une expérience du concret, du sol, de la marche pour cet écrivain du réel, plutôt que du conceptuel, qui ne sait trouver son inspiration que dans ce qu’il voit et allie au fil de sa plume la poésie et le mouvement pour contempler « tout ce qui existe partout ailleurs que sur des écrans ». Une expérience d’émerveillement et de vie que chacun est appelé à vivre, quotidiennement, près de chez soi, intérieurement. « Si le monde ne vous convient pas, changez d’abord de regard sur le monde », conseille Tesson, lors de ses conférences.

Mais Sylvain Tesson est aussi le défenseur de l’Arménie, ce berceau de la chrétienté ; est-ce pour cela qu’il est si détesté ? « S’iels nous prennent la grâce, nous garderons la dignité », concluent les signataires de cette tribune indigne qui, faisant usage de l’écriture inclusive, insultent notre langue française.

Alors, que retenir de cet appel de Libé, si ce n’est cet hymne à la vulgarité et deux conceptions différentes de la liberté ? Laissons à Pascal Praud le mot de la fin, lorsque ce dernier s’insurge, ce vendredi matin : « La tribune de Libération contre Sylvain Tesson a été signée par 600 inconnus qui s’en prennent à l’un des meilleurs écrivains actuels. »

Iris Bridier, dans BV

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *