. Encore une profanation de cimetière catholique, cette fois dans l’Aude

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++ WEBTUBE : Le petit village de Belcaire ne vous dit probablement rien. Situé en haute vallée de l’Aude, aux confins de l’Ariège et des Pyrénées-Orientales, Belcaire compte environ quatre cents habitants. C’est un de ces « territoires » qui se situent « en régions », comme on dit à Paris. Un village encaissé dans une vallée, entouré de forêts, avec son supermarché, son petit lac et, bien sûr, un cimetière où reposent les anciens – un de ces cimetières dans lesquels il doit y avoir une poignée de noms, qui sont aussi ceux que l’on retrouve sur les monuments aux morts. Quiconque connaît la sauvage beauté des paysages audois, mais aussi la profonde solitude de ceux qui habitent dans cette « campagne de la campagne » que sont les villages isolés, ne pourra qu’être touché par l’histoire qui, dans le silence de l’hiver, est arrivée à Belcaire.

Dans un monde qui croule sous le poids de la nullité…

Entre Noël et le Nouvel An, les villageois ont découvert que le petit cimetière, justement, avait été profané. Cinq caveaux et dix cercueils ont été ouverts? Prévenue, la gendarmerie n’a pu que constater les ravages de cet acte de… de quoi, au juste ? On hésite à qualifier cela de malveillance. On ne peut pas appeler ça du terrorisme non plus. Il y a, dans cet acte qui consiste à violer le repos des gens qui ont vécu sur ces terres, quelque chose de totalement gratuit, d’apolitique. C’est probablement dans cette direction qu’il faut chercher.

On nous pardonnera ici d’être un peu mystique, mais il semble beaucoup trop facile d’attribuer cet acte, passé totalement inaperçu, à la jeunesse désœuvrée du village, ou d’un autre, ou d’ailleurs. La possibilité d’un vol de bijoux, si elle n’est évidemment pas à exclure, semble bien limitante. À la vérité, l’idée même, entre la naissance du Christ (devenue fête des cadeaux, certes) et celle de l’an nouveau (devenue une vaste murge obscène), d’aller nuitamment dans un cimetière pour ouvrir des tombes dépasse l’entendement. Il n’y a là-dedans rien de compréhensible, rien de rationnel.

Il faut peut-être se résoudre à la seule hypothèse qui vaille, justement parce qu’elle n’est pas rationnelle : ces gens, quels qu’ils soient, ne savent pas vraiment pour qui ils travaillent. Tous les romans plus ou moins apocalyptiques (on peut penser ici aux livres de Jean Raspail) mettent en scène, dans un monde qui croule sous le poids de la nullité, des hommes livrés à des pulsions démoniaques dont ils n’ont même pas conscience. C’est peut-être ainsi qu’il faut voir la triste et inquiétante histoire de Belcaire.

La barbarie, la violence, la bêtise et la laideur comme nouvelles normes

Pourquoi parler de ce fait divers, me direz-vous ? Eh bien, peut-être par fidélité à un monde rural dont tout le monde se moque éperdument, et dont il ne faut parler (sans l’idéaliser sottement comme un nouveau hameau de la reine toutefois) qu’avec respect ; peut-être pour avoir une tendre pensée pour ces anciens, qui pensaient reposer à tout jamais sous un sol tranquille ; et puis, surtout, parce que ce fait divers n’en est pas vraiment un. On ne cesse de constater, jusque dans les villes moyennes, le changement de modèle moral auquel nous sommes confrontés ; partout, ce sont la barbarie, la violence, la bêtise et la laideur qui sont la nouvelle norme. Jusque-là tenues à la longe par l’histoire, la culture, la vergogne ou la cohésion nationale, elles sont sorties des égouts de la conscience et tout le monde trouve cela normal. Le dégueulis moral atteint les petits villages, désormais, les forêts de sapin, les lacs paisibles et les maisons enneigées. Gardons courage, mais prenons la mesure de l’époque sans naïveté.

Arnaud Florac, Boulevard Voltaire

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