. La moindre PME recherche compétence et expérience… pas l’entreprise France !

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++ WEBTUBE : C’est à Frédéric Mitterrand que revient la meilleure synthèse de ce remaniement : « Elle n’y connaît rien mais ce n’est pas grave », a-t-il déclaré, benoîtement, au micro de RTL, ce vendredi 12 janvier. Il parlait, en l’occurrence, de Rachida Dati, qu’il a précédée dans la fonction, mais il aurait pu aussi bien le dire des autres. Choisis pour ce qu’ils sont et non ce qu’ils font. Il s’agissait d’un casting – choix d’acteurs et de figurants pour un film ou un spectacle – et non d’un remaniement. Quelle autre entreprise, PME ou multinationale, recrute avec autant de légèreté, se moquant comme d’une guigne de la compétence ? « Je suis ministre, je ne sais rien faire ! », s’écriait Louis de Funès dans La Folie des grandeurs. Mais le film était censé être une fiction comique.

Le gouvernement n’est pas la fashion week

Loin de séduire – jusqu’au ridicule -, l’âge du Premier ministre devrait au contraire inquiéter. Il n’y a que pour le métier de mannequin que la jeunesse est en principe un atout. Or, le gouvernement n’est pas la fashion week. Le mot « expérience » a-t-il disparu du vocabulaire ?

Mais dans ce casting, ce sont surtout les femmes que l’on est allé chercher. Laborieusement. Aux forceps, pour rester dans un registre qui leur est propre. Si la liste des ministres a tant tardé, c’est pour cela. Ce serait leur faire insulte de dire qu’on a raclé les fonds de tiroirs, mais le constat est là. La quête fut longue et fastidieuse. Et fait peser une présomption d’incompétence, à tort ou à raison, sur les intéressées. C’est l’effet prodigieusement pervers de la parité.

Rachida Dati a donc remplacé Rima Abdul-Malak, avec laquelle elle partage l’atout, pour Emmanuel Macron, d’être issue de la diversité. Beau parcours, décidément, pour celle que Daniel Schneiderman, dans Libération le 4 mai 2009, appelait « la beurette de Châlon-sur-Saône », alors que deux portraits au vitriol venaient d’être publiés : Belle Amie, de Michaël Darmon et Yves Derai (Éditions du Moment), et Du Rimmel et des larmes, de Jacqueline Rémy (Le Seuil). Dans ce dernier, l’auteur cite Rachida Dati : il faut « baiser utile ». Une préconisation que celle-ci vient d’appliquer, dans les grandes largeurs : elle a b… LR. Et c’était « utile », au vu du prestigieux ministère décroché.

Foin de sa mise en examen dans l’affaire Ghosn, de ses relations ambiguës avec le Qatar, de ses vrais-faux diplômes pour entrer à l’École nationale de la magistrature, de sa bague grosse comme le Ritz (ou presque) photoshoppée par Le Figaro, des prêts à durée indéterminée de robes de grands couturiers, des rebondissements de vaudeville autour de la paternité de sa fille, de son bilan critiqué (avec notamment la fermeture d’un tribunal d’instance sur deux) au ministère de la Justice, cette Rastignac d’outre-Méditerranée a quelque chose, dans son franc-parler truculent, de séduisant, comme un Benalla qui aurait été nommé à l’Intérieur. Le patrimoine n’est pas à l’abri d’une bonne surprise, et les intermittents du spectacle, d’une mauvaise. D’ailleurs, elle n’aura plus besoin d’eux : le spectacle, à la Culture, c’est elle qui le fera. Avec ses punchlines dont le presse bruisse désormais.

En même temps que Rachida Dati, Catherine Vautrin, jadis rivale malheureuse d’Élisabeth Borne en raison de sa participation à la Manif pour tous – elle s’en est depuis repentie, excusée, mise plus bas que terre… -, est censée être la caution de droite de ce gouvernement. Sitôt nommée ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, elle a rendu hommage à Simone Veil alors que « son texte fondateur » légalisant l’IVG doit être « gravé dans le marbre de notre Constitution ». Elle a également précisé ne « pas oublier » le « grand sujet » de la fin de vie. Gageons que ce ministre passera son mandat à essayer de prouver qu’elle n’est pas la méchante conservatrice de droite qu’on l’accuse d’être… et qu’elle fera passer l’euthanasie.

Quant à Amélie Oudéa-Castera, déjà présente au gouvernement, elle a élargi ses prérogatives, prenant la tête d’un super-ministère – ou d’un ministère fourre-tout – regroupant les Sports, qu’elle avait déjà dans son portefeuille, mais aussi l’Éducation, la Jeunesse et les Jeux olympiques… laissant imaginer que le poste de ministre de l’Éducation ne nécessite qu’un mi-temps. Un espoir, cependant : Amélie Oudéa-Castera scolarisant ses trois fils à Stanislas, peut-être va-t-elle songer à appliquer au reste de la France ces excellentes méthodes de travail réservées jusqu’ici à une certaine élite.

« Vous n’y connaissez rien, ce n’est pas grave »

« Soyez fiers d’être des amateurs ! » avait déclaré le chef de l’État à ses députés, en février 2020. « Vous n’y connaissez rien, ce n’est pas grave », pourra-t-il lancer en écho à son nouveau gouvernement. Ce n’est pas sur ces critères, on vous dit, qu’il les a choisis ! L’entreprise France est bien partie.

Gabrielle Cluzel, Boulevard Voltaire

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