Articles : Nov. 2020 – Oct. 2020 – Sept 2020 – Août 2020
Le 20 septembre dernier, notre Cyrano mettait les pieds dans le plat. Prenant acte de l’impasse de la candidature Marine, et de l’absence d’un candidat crédible, capable de rassembler toute la mouvance patriote et de battre Macron, il expliquait la légitimité d’une candidature venue du Rassemblement national, mais développait les raisons pour lesquelles, selon lui, Jean Messiha serait un meilleur candidat que la présidente du Rassemblement national.
Et si Jean Messiha était un meilleur candidat que Marine Le Pen ?
Depuis, il s’est passé beaucoup de choses. D’abord, Jean Messiha, dans une vidéo inoubliable, après l’attentat de Conflans, a craqué, et expliqué qu’il en avait marre de faire la différence entre islam et islamisme, et que désormais, il assumerait le terme “islam”.
Il paraissait rejoindre le discours de Pierre Cassen, qui affirmait que ceux qui disaient “islamisme” étaient des idiots ou des traîtres.
Ceux qui disent « islamisme » sont des idiots ou des traîtres
Il paraissait rejoindre Éric Zemmour, la seule notoriété qui, sur les plateaux de télévision, ose dire islam, et ne se cache pas derrière le mot “islamisme”.
Il insistait sur une autre divergence, sur l’identité européenne, qui paraît l’opposer à la patronne de son parti. Faut-il rappeler qu’en pleine montée du comité Traoré en France, relayant la campagne raciste contre les Blancs des Black Lives Matter, Marion avait affirmé qu’elle n’avait pas honte d’être blanche, mais qu’elle s’était fait reprendre par Marine Le Pen, estimant que ce n’était pas un discours républicain. Autrement dit, le fait que les Blancs, originaires de la France et de l’Europe, y soient de moins en moins majoritaires, ne paraissait pas poser de problème à la patronne du RN, enfermée dans une vision qu’elle croit républicaine, qui ignore l’ADN de son peuple.
Et depuis, les choses se sont accélérées. D’abord, Marine Le Pen, interrogée par une journaliste un peu vicieuse sur cette différence d’appréciation, sur l’islam, entre elle et Messiha, a fait savoir qu’elle ne partageait absolument pas l’opinion de Jean, et a réaffirmé que selon elle, l’islam ne posait aucun problème, qu’il était compatible avec la France et que l’islamisme qui posait souci. Elle a d’autre part expliqué la position de son camarade de parti par ses origines égyptiennes, ce qui en a surpris plus d’un. Elle a enfin réaffirmé que c’était elle qui fixait la ligne du parti, et pas les autres.
La situation pouvait-elle durer plus longtemps, dans un parti, le Rassemblement national, qui paraît avoir la même conception du centralisme démocratique que le Parti communiste des grandes années : plein de centralisme, et bien peu de démocratie, et surtout de droit à la différence en interne ? Ce que les fins connaisseurs avaient prévu arriva donc, et Jean Messiha a annoncé, il y a quelques jours, son départ du Rassemblement national. Apparemment, une curieuse fuite en direction du Nouvel Obs a privé Valeurs Actuelles de l’exclusivité de l’information, mais cela fut rattrapé rapidement, et l’hebdomadaire patriote aura dans les heures qui suivront l’annonce l’exclusivité d’un entretien avec Jean.
Quelques jours plus tard, celui qui s’est imposé comme le meilleur débatteur, sur les plateaux de télévision, du Rassemblement, avec Jordan Bardella, dans un autre style, confirmait, sur une brève vidéo, son départ. Il rappelait son engagement, depuis cinq années au service du parti, ce que cela lui avait coûté en terme professionnel (il est haut fonctionnaire), ses multiples déplacements dans les fédérations, ses nuits passés à préparer des notes pour réussir au mieux ses passages télévisés et aider sa présidente. Il se dit par ailleurs qu’il ne faisait pas l’unanimité, loin de là, dans la garde rapprochée de Marine, où son brio et son charisme ont pu inquiéter quelques conseillers proches.
À la fin de cette courte intervention, Jean explique que tout départ est porteur d’une nouvelle aventure, que rien ne s’arrête et que tout commence. Il insiste sur l’urgence de sauver la France de son déclin et de sa mise à mort par une indispensable victoire électorale en 2022. Certains comprendront qu’il se rend disponible pour aider un candidat crédible – qui ne serait pas Marine, mais pourrait être Marion – d’autres y verront un acte de candidature à peine déguisé.
Je ne connais pas Jean Messiha, n’ayant eu la chance de discuter avec lui qu’à deux reprises, lors d’initiatives de fédérations locale qui m’avaient fait l’honneur de m’inviter. J’y ai découvert un homme très agréable, courtois, drôle, bon vivant, sachant se montrer très à l’aise au milieu des militants de son parti, qui, faut-il le préciser, l’adorent, pour beaucoup, et adorent l’entendre lors d’un meeting, ou sur un plateau de télévision.
Alors, Cyrano avait-il eu une bonne intuition, en expliquant que Messiha serait un meilleur candidat que Marine ? Sans doute. Ses origines seraient-elles un obstacle, pour devenir président de la République, dans un pays qui a élu Nicolas Sarkozy, d’origine hongroise, en 2007, un tocard comme Hollande en 2012, et un Ovni comme Macron, marié dans d’étranges circonstances avec une femme âgée de 25 ans de plus que lui, en 2017 ? Cette candidature serait-elle à même de rassembler l’ensemble du camp patriote, de Marion à Zemmour en passant par Dupont-Aignan, Poisson, le général Martinez ou d’autres postulants, ou bien ne serait-elle qu’une candidature de division ? Marine Le Pen serait-elle capable de se retirer, et d’appeler à voter pour Jean ?
Je pose juste ces questions, parce que nous sommes à dix-huit mois de l’échéance de 2022 (si nous ne sommes pas confinés à cette époque pour la sixième fois…) et que pour l’instant, notre camp va droit dans le mur, faute de candidats capables de rassembler notre camp, et une majorité de Français, pour éjecter Macron.
En tout cas (et je n’engage que moi), à partir du moment où Marion et Zemmour ne veulent pas y aller, la candidature de Jean Messiha me paraîtrait une bonne nouvelle pour la France.
Lucette Jeanpierre (Riposte Laïque)