Immigration : « Aujourd’hui, il s’agit d’intégrer des Français à la France »

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Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l’université de Nice, spécialiste des questions d’immigration, analyse le modèle d’intégration français à l’aune de la victoire des Bleus en Coupe du monde.

Aujourd’hui, il ne s’agit pas tant d’intégrer des populations issues de l’immigration à la société française, mais plutôt d’intégrer des Français à la France, dans un cadre républicain accepté par tous. On parle d’ailleurs plutôt de société inclusive que d’intégration.

« Notre modèle d’intégration est peut-être en avance sur le reste du monde« , assure-t-il. Cette fois en tout cas, les joueurs de l’équipe de France préfèrent se rassembler derrière une idée : la République. Même si le sport reste un excellent outil d’intégration… […]

Bien sûr, les lendemains ont déchanté passé l’euphorie de la victoire. Ce serait naïf de penser que le football peut tout changer. L’histoire du foot et de l’immigration a connu des hauts, mais aussi des bas : la présence du FN au second tour de la présidentielle en 2002, les émeutes en banlieue en 2005… C’est une partie de la réalité. Mais ce qui vient de se passer montre bien que la victoire de 1998 n’est pas vaine. Notamment du côté de l’image. Le football travaille les mentalités, agit sur l’imaginaire. De façon éphémère sans doute. Mais cette victoire rayonne. Elle fonctionnera comme une balise. La victoire des Bleus en 2018, c’est un événement historique. Ce sont des moments de communion, équivalents à ceux connus dans le passé, lors de conflits ou de guerres… Les matchs de foot sont des moments républicains riches en symboles. […]

Le sport est sans doute l’un des meilleurs outils pour faire passer des valeurs communes. En ce sens, la victoire de 2018 apporte une petite pierre à l’édifice. Tout comme la culture, la musique. Après, je ne crois pas au plan miracle. On a mené une politique de la ville depuis 1990, mais cela semble patiner. J’aurais tendance à dire que la solution n’est pas forcément de lancer un énième plan banlieue, de dépenser forcément plus d’argent. Il y a peut-être une action à mener sur les mentalités. Et l’historien que je suis aurait tendance à dire qu’il faut du temps.

Le JDD




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