. Écoles : le grand malaise des proviseurs confrontés à toujours plus de violence

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°° WEBTUBE : C’est un malaise qui couve depuis bien longtemps… et ces derniers jours n’ont fait que le confirmer. Le terrible ensauvagement qui gagne toujours davantage les écoles de France épuise et inquiète le personnel éducatif, miné par l’effrayant souvenir de Samuel Paty et, plus récemment, de Dominique Bernard. Ce lundi, 163 proviseurs – sur les 380 chefs d’établissement parisiens – se sont ainsi réunis devant la Sorbonne (Paris V) pour alerter sur leur quotidien : indiscipline et insolence des élèves mais, surtout, cyber-harcèlement et, même, menaces de mort de la part des élèves, et bien souvent aussi de leurs parents.

L’élément déclencheur de ce rassemblement est un incident survenu le mercredi 28 février au lycée Maurice-Ravel (XXe arrondissement). Le proviseur de cet établissement aurait demandé à une élève de retirer son voile, créant une polémique qui a donné lieu à des « menaces de mort à l’encontre du proviseur constatées en ligne », rapporte la vice-procureur. Le proviseur a reçu le soutien du ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet, mais il semblerait que cette situation explosive ne puisse plus se satisfaire de belles paroles.

Le cas de ce proviseur parisien est, en effet, loin d’être isolé. Si, de son côté, l’incident est parti d’une atteinte à la laïcité, comme très souvent, tout semble en réalité prétexte pour défier l’autorité des enseignantss. Le 29 février, un professeur du collège lycée Rocroy Saint-Vincent de Paul (Xe arrondissement) a découvert l’existence d’une page Instagram intitulée « La Grève lycéenne » : un compte public sur lequel circulaient des photos et vidéos avec le nom de plusieurs membres du personnel éducatif, ainsi que des appels à la violence et des menaces visant le corps enseignant. « Rocroy a besoin d’une leçon », pouvait-on y lire, « Brûlons Rocroy » ou encore « À mort Rocroy »… Un déchaînement gratuit qui a conduit le chef de l’établissement à déposer plainte, ce lundi 4 mars.

Ce mardi, c’était pour dénoncer l’« insalubrité » de leurs bâtiments que près de 200 élèves se sont rassemblés pour faire entendre leurs revendications : feux de poubelles, jets de projectiles sur les forces de l’ordre, cocktails Molotov… Le rassemblement a viré à l’émeute, blessant deux policiers. Du côté des fauteurs de troubles, seuls deux individus ont été interpellés. Un chiffre qui interroge, quand on le met en perspective avec, par exemple, le nombre d’agriculteurs interpellés lors de manifestations pacifiques…

Face à ces déferlements de haine, il est heureusement des voix rassurantes pour relativiser la chose. « Il n’y a pas d’augmentation des phénomènes de violence autour des établissements scolaires »a assuré Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, à propos des événements survenus à Cachan. Les policiers blessés apprécieront… de même que les professeurs, rassemblés, justement, ce lundi pour faire part de leur expérience en la matière et de leur inquiétude. Une autre interprétation nous est livrée par le porte-parole de l’Union syndicale lycéenne, pour qui le vrai problème, dans les lycées, ce sont les parents d’extrême droite. Une accusation encore jamais entendue et dont on peut saluer l’originalité.

Face à ces beaux discours pleins d’espoir, il y a la réalité. Et la réalité, c’est que année après année, les violences se multiplient, et ce sont les chiffres qui le disent. Une note du ministère de l’Éducation nationale rapporte ainsi que les incidents graves ont augmenté dans les écoles sur les années 2022-2023. Fait intéressant : les familles sont à 30 % responsables des incidents dans les écoles publiques. Sans doute l’extrême droite. Le fait est que ces chiffres sont à prendre au sérieux, l’inquiétude des proviseurs aussi, et nier l’origine du mal ou se contenter d’apporter son soutien quand c’est déjà trop tard ne sont en aucun cas des méthodes probantes, si l’on en croit les tristes événements des années passées.

Marie-Camille Le Conte, Boulevard Voltaire

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