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++ WEBTUBE : Il y a tout juste un mois, le chancelier allemand Olaf Scholz, à la tête d’une coalition tripartite, « en feu tricolore », composée du SPD, Parti social-démocrate, des Verts et du Parti libéral-démocrate (FDP), donnait un sérieux tour de vis dans sa politique migratoire. La suite ci-dessous :
Un projet de loi et des mesures concrètes
Plusieurs mesures de lutte contre l’immigration clandestine étaient adoptées par le ministre de l’Intérieur Nancy Faeser : le délai de détention administrative avant expulsion était porté à 28 jours (comme dans l’Italie de Giorgia Meloni), l’établissement de l’identité réelle des demandeurs d’asile permettait de fouiller leurs téléphones, ordinateurs et même domiciles, les procédures d’expulsion des migrants condamnés à un an ou plus de prison et des passeurs sont accélérées, le renvoi dans le pays d’origine pouvant s’effectuer sans même un avertissement. Enfin, rapporte Le Figaro, outrepasser une interdiction d’entrée et de séjour est sanctionné par l’expulsion.
Le chancelier s’était d’ailleurs exprimé dans le Spiegel : « Nous devons massivement expulser ceux qui n’ont pas le droit de rester en Allemagne. Nous devons expulser davantage, et plus rapidement », sachant que le nombre d’illégaux en Allemagne serait de 54.000.
Mais ce ne sont pas seulement ces mesures qui ont fait chuter de plus de 50 % l’immigration illégale en Allemagne. Le mois dernier, le gouvernement fédéral a décidé de suspendre les accords de Schengen – mesure reconduite plusieurs fois – et de rétablir un contrôle fixe aux frontières. Ainsi, rapporte le site suisse-allemand Blick, l’Allemagne a rétabli ses frontières avec la République tchèque, la Pologne et la Suisse. Et avec ce dernier pays, des accords ont même été passés pour permettre à la police allemande d’identifier préventivement sur le territoire suisse les clandestins en route vers l’Allemagne.
Dans le même temps, au mois d’octobre également, l’Italie a suspendu les accords de Schengen à la frontière avec la Slovénie pour des raisons de menace migratoire et terroriste.
C’est donc une mesure politique qui est dans l’ordre du possible, même au sein de la toute-puissante UE. En effet, « la convention d’application de l’accord de Schengen, signée en 1990, comporte une clause de sauvegarde, au paragraphe 2 de l’article 2. Celle-ci autorise un État signataire à rétablir des contrôles à ses frontières, durant une période limitée et lorsque l’ordre public ou la sécurité nationale l’exigent. »
Une baisse drastique de l’immigration illégale
Conséquence : l’immigration illégale a baissé drastiquement en Allemagne. Toujours selon Blick, on compte, ce dernier mois, 4.292 refoulements, dont 772 à la frontière avec la Pologne, contre 4 seulement le mois précédent. Une belle preuve par l’exemple de la faillite des accords de Schengen.
Par ricochet, les pays de transit ont vu également baisser le nombre de clandestins qui se destinaient à entrer en Allemagne. La Serbie ayant également fermé ses frontières avec la Hongrie, l’immigration venant de ce pays vers l’Ouest a également baissé. Selon la police fédérale allemande, « cela a entraîné une baisse considérable des passages de frontière non autorisés vers la Hongrie, ce qui a eu un impact sur l’immigration illégale en Allemagne ».
Pourquoi un tel revirement ?
Olaf Scholz, qui prépare une éventuelle candidature dans deux ans, reste attentif à plusieurs signaux que lui a envoyés la population allemande. Les élections en Bavière et dans le Land de Hesse ont vu une très forte progression de l’AfD, parti frère du Rassemblement national ou de la Ligue italienne.
De plus, l’attitude de la population allemande face à l’immigration massive depuis l’ère Merkel et ses conséquences en termes de sécurité, d’économie ou de logement a fortement évolué. Les Échos rapportent un sondage allemand qui explique que « 44 % des Allemands considèrent désormais l’immigration et les réfugiés comme le problème politique le plus important, devant la protection de l’environnement et le changement climatique (18 %), les injustices sociales (13 %) et l’économie (11 %). Plus frappant, à peine 19 % des Allemands considèrent que l’hébergement et la répartition des réfugiés se passent bien, alors qu’ils étaient 43 % à être de cet avis en 2018. »
Enfin, les demandes d’asile ont augmenté de 73 % en un an, pour s’élever à 234.000 entre janvier et septembre 2023. Sans compter le million de réfugiés ukrainiens recueillis sur le sol allemand depuis le début du conflit russo-ukrainien.
Olaf Scholz a fait ici preuve d’un certain pragmatisme dont semble dénué le gouvernement français. Ne soyons pas naïfs, il a su surtout voir l’inquiétude de sa population et percevoir que le thème de l’immigration est désormais incontournable dans toute l’Europe. Sauf, visiblement, en France où le gouvernement refuse même une consultation populaire sur le sujet. Pourquoi ? La réponse se trouve dans la plus récente actualité.
Marie d’Armagnac, Boulevard Voltaire