JO 2024 : les bouquinistes parisiens laissés à quai ?

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Articles     : Juillet 2023Juin 2023Mai 2023Avr. 2023  – Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

La préfecture de police de Paris a sans doute pensé que la colère des bouquinistes serait moins audible au creux de l’été : elle a attendu le 25 juillet pour envoyer le courrier leur notifiant d’avoir à dégager des quais de Seine lors de la cérémonie d’ouverture des JO 2024. Pour des « raisons de sécurité », les 570 boîtes vertes situées « dans le périmètre de sécurité de la cérémonie d’ouverture devront être enlevées ». En parallèle, la Mairie de Paris assure qu’elle se chargera avec tout le soin nécessaire du déménagement des dites boîtes, qu’elle les rénovera, même, avant repose. Lorsqu’on sait comment Hidalgo tient ses engagements, on peut craindre de ne jamais revoir les boîtes sur les quais dès lors qu’elle en auront disparu.

Le dernier “petit métier” parisien

Certes, beaucoup de bouquinistes ne vendent plus de livres mais des babioles à touristes et des reproductions d’affiches du Chat Noir ou d’Aristide Bruant, industrie stupide qui constitue un détournement du métier. Certains, parmi ceux qui vendent encore des livres, sont de piètres commerçants : ils ne cachent pas leur mauvaise humeur lorsque le client – crime de lèse-majesté – demande à sortir le livre de son plastique crasseux pour juger de son état réel. N’empêche qu’ils font partie du paysage, nos bouquinistes, depuis 450 ans qu’ils sont là. Nul « flâneur des deux rives » ne peut être insensible à leur déplacement. « Toute personne qui a un minimum de culture ne peut concevoir qu’on célèbre Paris sans les boîtes sur les parapets. Les bouquinistes sont à Paris ce que les gondoliers sont à Venise. Nous sommes le dernier “petit métier” parisien », nous explique Jérôme Callais, président de l’Association Culturelle des Bouquinistes de Paris, joint par téléphone.

« Nous voulions, explique-t-il à Boulevard Voltaire, la protection de nos outils de travail, pas leur éradication, même temporaire. C’est une décision bureaucratique qui a été prise sans concertation. Le dialogue n’est ouvert que pour fixer la modalité de déménagement ! Or nos boîtes, qui ont parfois trente ou quarante ans, ne sont pas prévues pour être démontées et baladées. L’enlèvement de 600 boîtes en sept jours, comme c’est prévu, est irréaliste et coûteux : encore une aberration bureaucratique. »

Village Potemkine

Maladresse ou cynisme, la Mairie propose en contrepartie d’organiser un « Village des bouquinistes »… « afin de mettre en valeur ce métier et de leur permettre de bénéficier des opportunités et des retombées touristiques ». Lors de l’Exposition universelle de 1889, les Parisiens venaient voir les Africains dans des « villages indigènes ». En 2024, viendront-ils voir devant une boîte factice, les bouquinistes autochtones priés de mimer une transaction fictive avec un faux client ?

Les Jeux Olympiques sont supposés être un écho de la civilisation grecque, mais ils trouvent dans nos cultures modernes d’étranges résonances barbares. Ils ont été l’occasion de détruire des pans entiers du vieux Pékin ou des favelas de Rio de Janeiro contre l’avis même des gens qui y logeaient. Trop souvent, sous couvert d’« aménagements », a lieu une destruction brutale et irréversible. Paris n’est déjà que trop saccagé. Les Jeux et leur flamme en valent-ils la chandelle ?

En attendant, les bouquinistes des quais présentent un front uni. Jérôme Callais nous rappelle un précédent. « Sous le Second Empire, le Baron Haussmann voulait transférer les bouquinistes à l’ancien marché à la volaille vers la rue Saint-André-des-Arts pour que les quais retrouvent “leur pureté originelle”. Ils ont fait intervenir un célèbre érudit de l’époque, connus sous le pseudonyme de “bibliophile Jacob”, avocat et ami de l’Empereur. Il s’est fait le porte-parole des bouquinistes auprès de Napoléon III et le Baron Haussmann a mangé son dossier. Nous ne désespérons pas. » A défaut d’un bibliophile qui aurait l’oreille d’Anne Hidalgo ou d’Emmanuel Macron, les bouquinistes comptent sur le soutien populaire pour les défendre.

Samuel Martin dans BV

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