Emmanuel macron ne sait plus où il en est…

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Sans doute parce qu’il ne sait plus où il en est, il ne sait plus ce qu’il dit. Récemment, il s’était fait plaisir en employant un mot rare et précieux dont il aime décorer le vide de ses discours : « palimpseste ». La France serait une nation « palimpseste », une nation qui réviserait son histoire au fur et à mesure qu’elle se déroule. Sans doute n’a-t-il pas mesuré l’idiotie dangereuse du mot caché sous son apparence « intellectuelle » ? Le palimpseste est un parchemin sur lequel le texte écrit en remplace un autre qu’on a effacé. On voudrait justifier le révisionnisme ou le négationnisme qu’on ne prendrait pas meilleure image !

D’ailleurs, si on lit Orwell, c’est exactement ce que fait l’État totalitaire de 1984, qui révise et reconstruit chaque jour le passé en fonction du présent. Allons plus loin : une nation-palimpseste est un pays-terrain vague, un espace sur lequel une population va en remplacer une autre, une civilisation succéder à la précédente. Certes, nous savons que les civilisations sont mortelles et que la « France éternelle » est une figure de style, mais un chef d’État est justement celui qui doit tendre sans faillir à ce que cet idéal, d’une communauté nationale qui perdure à travers les épreuves, soit une réalité la plus résistante possible aux assauts des événements. C’était le message essentiel du général de Gaulle.

Avec un temps de retard, c’est curieusement de Lisbonne qu’il s’est senti obligé de dire qu’il était « aux côtés » de la famille du brigadier de police assassiné à Avignon. Mais là encore, le « en même temps » dérape : le candidat à sa réélection repousse les alertes plus que justifiées sur la montée de l’insécurité et de la violence dans le pays en parlant d’« instrumentalisation nauséabonde ». L’emploi du mot typique de la phraséologie olfactive de la gauche pour disqualifier l’adversaire est le signe d’où il parle, et « en même temps », il reconnaît que c’est une réalité de dire que la violence « enfle » dans notre société. Il ajoute, pour vider son discours de toute cohérence, qu’une réponse pénale pourra améliorer les choses. Compte-t-il donc sur « Acquittator » (Acquitte-à-tort, peut-être), devenu ministre de la Justice et déjà parti faire campagne dans le Nord, pour considérer que l’ennemi, c’est le crime et la délinquance, et non tel ou tel parti qui a le toupet de dénoncer les failles de sa politique ? La lecture du livre de Jean-Pierre Fabre-Bernadac, Les Damnés de la France, le lynchage des mal-pensants, le soutien massif des Français à l’alerte lancée par les militaires à la retraite, initiée par son auteur, lui révéleraient combien son constat tardif et penaud est indigne d’un chef de l’État. C’est pourtant un homme de gauche, Pierre Mendès France, qui avait dit : « Gouverner, c’est choisir. »

Emmanuel Macron, empêtré dans son « en même temps », ne choisit pas. Pis : il n’assume pas les conséquences de ses choix antérieurs. Le refus des frontières, l’immigrationnisme érigé en dogme, le laxisme judiciaire, l’instrumentalisation politique de la police et de la Justice, l’oubli de la question fondamentale de la loi et de l’ordre au profit d’un économisme, pour le moins peu efficace, conduisent à ce que la violence « enfle ». Il serait absurde de confier la lance d’incendie à l’incendiaire.

Christian Vanneste, dans Boulevard Voltaire

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