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Ce mardi 19 septembre à 11 heures, Boulevard Voltaire avait rendez-vous dans les bureaux de l’INSEE à Marseille. Au programme : la présentation de l’étude fondée sur un recensement datant de 2020 et portant sur l’immigration et l’emploi en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Trente minutes et quelques questions plus tard, nous savons désormais, de source sûre, que la part des immigrés dans la région est la deuxième plus élevée de France, avec 560.000 personnes nées de nationalité étrangère, à l’étranger et résidant en France, soit 11 % de la population locale. Trois points de plus que dans le reste de la France de province et neuf points de moins qu’en Île-de-France. Sans surprise, cette proportion (+1 %) et ce nombre d’immigrés (+123.000) sont plus importants qu’il y a trente ans. Et cela ne risque pas de s’arrêter, avec les arrivées massives de migrants sur l’île de Lampedusa en Italie, même si Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a assuré sur l’antenne d’Europe 1, ce lundi, que « la France ne s’apprête pas à accueillir » une partie des migrants. Le prochain recensement fera foi, tout comme celui de 2020 est éclairant sur plusieurs points.
« Les immigrés moins souvent en emploi »
Le premier concerne le profil des immigrés présents en région PACA. Lors de la conférence de presse, Olivier Sanzeri, l’un des auteurs de l’étude, a fait remarquer que « les immigrés sont surreprésentés dans la classe d’âge de 15 à 64 ans » puisque « 72 % d’entre eux appartiennent à cette tranche d’âge ». Il a ensuite précisé : « Les enfants immigrés sont rares. 5 % des immigrés ont moins de quinze ans. » Cette faible proportion serait expliquée par le fait que « la maternité a tendance à être repoussée après la migration ». Les mauvaises langues diront que le principe de droit du sol permettant à toute personne née en France d’avoir la nationalité française à sa majorité, le droit aux prestations sociales (allocations familiales, prestation d’accueil du jeune enfant…) pour les parents d’enfants nés en France ou la prise en charge, par l’assurance maladie, des frais de santé (dont ceux liés à la maternité) de toutes les personnes résidant en France y est pour beaucoup. Nous ne nous aventurerons pas sur ce terrain.
Impossible débat
Ce sont sans aucun doute les paysages, la culture et la gastronomie ainsi que les nombreuses autres qualités de notre pays qui attirent tant d’étrangers. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas l’emploi car, comme l’explique Olivier Sanzeri, l’accès au travail des immigrés est plus difficile que pour le reste de la population : « 56 % des immigrés de 15 à 64 ans sont en emploi, contre 72 % pour les non-immigrés. » Il ajoute : « À niveau de diplôme identique [le niveau bac+2 a été retenu pour l’étude, NDLR], les immigrés sont moins souvent en emploi. 65 % contre 81 % pour les non-immigrés. » Enfin, Gilles Fidani, également auteur de l’étude, aborde la question des métiers en tension et « observe que 30 % des immigrés exercent un métier en tension, contre 38 % pour les non-immigrés ». Un constat régional qui pose tout de même la question de la pertinence de la proposition de Gérald Darmanin de créer un titre de séjour « métiers en tension ».
Plus généralement, l’INSEE a montré, aujourd’hui, que les personnes immigrées vivent dans des conditions moins favorables (surreprésentation dans les quartiers prioritaires, plus fréquemment dans un logement en situation de suroccupation…), qu’elles sont plus pauvres et qu’elles sont plus confrontées au chômage ou à des conditions d’emploi précaires et contraignantes. Un état des lieux qui peut légitimement interroger sur notre capacité à accueillir ces personnes comme il se doit. Malheureusement, sur certains sujets comme celui-ci, le débat est pollué par des guerres de partis et la réflexion commune est quasi impossible. Seul le constat est permis, et encore…
Sarah-Louise Guille, Boulevard Voltaire