Grèce : le conservateur Kiriákos Mitsotákis triomphe aux législatives

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Articles     : Juin 2023Mai 2023Avr. 2023  –  Mar. 2023-Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887 Twitter : https://twitter.com/OrtfNews

C’est une belle victoire que les conservateurs de droite viennent d’emporter, en Grèce. Le 21 mai dernier, les Grecs votaient pour renouveler les députés de la Vouli, le Parlement local. Nouvelle Démocratie, le parti conservateur du Premier ministre sortant Kiriákos Mitsotákis, était arrivé largement en tête (40,79 %), devant Aléxis Tsípras, patron de Syriza, son homologue de gauche radicale (20,07 %). Chez le Pasok socialiste et le KKE communiste, c’était la douche froide : 11,46 % pour l’un et 7,23 % pour l’autre. Pour autant, Kiriákos Mitsotákis n’avait pas la majorité suffisante pour gouverner.

Retour aux urnes

D’où ce retour aux urnes, ce 25 juin. Entre-temps, le mode de scrutin à la proportionnelle intégrale a été sensiblement amendé, permettant à la liste de tête de bénéficier d’un bonus d’une cinquantaine de sièges afin de pouvoir dégager une majorité de gouvernement. Cette fois, les résultats sont sans appel, malgré une baisse de la participation (-8,2 %) ; ce qui n’a pas empêché nos amis hellènes de voter à hauteur de 52,78 %.

Kiriákos Mitsotákis obtient 42 % des voix, un résultat légèrement supérieur au précédent, qui lui permet, avec 158 députés, de détenir la majorité absolue dans un Parlement de 300 sièges. En face, Aléxis Tsípras descend à 17,83 %. Le Pasok et le KKE se maintiennent à 11,86 % et 7,68 %. Mais le fait notoire de ce scrutin tient à l’irruption de « l’extrême droite » à la Vouli. Avec seulement 4,66 % et 4,55 % des suffrages, deux formations, Les Spartiates et Solution grecque, obtiendraient chacune douze sièges. Niki, autre formation similaire, serait pour le moment recalée.

Un événement qui sidère les observateurs. Pour le professeur en sciences politiques Manos Papazoglo, interrogé lundi par Le Monde« depuis 1974, c’est-à-dire la période post-dictature [1967-1974, celle des colonels, NDLR], c’est du jamais-vu en Grèce qu’un parti obtienne plus de 40 % des suffrages avec un deuxième parti d’opposition à moins de 20 % ».

Séduire l’autre camp

Plus prosaïquement, il semble que Kiriákos Mitsotákis n’a pas trop déçu ses électeurs historiques, allant même jusqu’à séduire ceux de l’autre bord. Notamment ceux qui avaient plébiscité la gauche populiste alors incarnée par Aléxis Tsípras et son très médiatique ministre des Finances Yánis Vároufakis, ce chauve très télégénique, plus souvent photographié sur sa moto que sur ses dossiers. Cette gauche nouvelle était alors un modèle insurpassable pour Jean-Luc Mélenchon, du temps où il était encore populiste de l’espèce souverainiste, soit avant qu’il ne se couche devant les diktats budgétaires des technocrates européens.

Instruit par l’expérience, l’incontestable vainqueur de ces élections législatives semble avoir mis de l’eau dans son raisiné. Et au lieu de réitérer les errements d’une gauche pour le moins maladroite, Kiriákos Mitsotákis a préféré mener une politique de droite des plus adroites. En commençant par remettre un peu d’ordre dans les finances publiques, ce qui n’est pas tout à fait un luxe en ces contrées. Cet effort lui a permis de renouer avec la croissance (+5,9 %) l’année dernière, tout en faisant baisser le chômage.

De quoi calmer les diktats européens tout en se lançant dans une vaste entreprise de remise à niveau des services publics locaux et en augmentant les salaires des plus modestes de ses compatriotes. En effet, cet homme formé dans les meilleures universités américaines, de Harvard à Stanford, avant d’occuper des postes plus que prestigieux à la Chase Manhattan Bank et au cabinet de conseil McKinsey, connaît mieux que personne les arcanes de l’économie mondialisée. De là à user de ses connaissances pour mieux protéger son peuple ? Il y a probablement de ça. Un peu comme le président hongrois Viktor Orbán, pur produit des écoles Open Society du milliardaire George Soros.

Car dès qu’il s’agit de défendre les intérêts vitaux de son peuple, le Premier ministre fraîchement réélu voit grand. Il y a une opposition nationaliste encore plus nationaliste que la sienne ? Il l’intègre au gouvernement ! Le 8 juillet 2019, alors qu’il arrive pour la première fois au pouvoir, Kiriákos Mitsotákis préfère prêter serment sur la Bible plutôt que sur la Constitution. Puis il stupéfie la gauche avec la nomination du sulfureux ministre Mavroudís Vorídis [ancien du LAOS, l’extrême droite d’alors, NDLR] à l’Agriculture. Déjà, en 2015, lorsqu’il devient président de Nouvelle Démocratie, il amène à lui d’autres personnalités aussi sensibles qu’Ádonis Georgiádis comme vice-président et Míkis Vorídis, tous deux issus du même LAOS.

La droite conservatrice progresse en Europe

Ajoutons que les raisons d’un tel succès viennent encore de sa vigoureuse opposition à l’expansionnisme turc et à celle, plus fluide mais non moins réelle, de cette immigration de masse face à laquelle l’Italie, comme la Grèce, sont en première ligne. Ceci expliquant probablement cela, même si, ici, on ne le comprend toujours pas.

Ainsi, Manon Aubry ne comprend pas que le bas peuple qu’elle regarde de haut puisse voter en dehors des clous, que ce soit en Finlande, en Suède, au Danemark, en Grèce ou en Allemagne, là où l’AfD vient de faire une percée remarquée à Sonneberg, dans le Land de Thuringe. « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi », affirmaient les jeunes gauchistes du siècle dernier. On pourrait rétorquer à cette pimprenelle : arrête ton jogging, le nouveau monde t’a rattrapée.

Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire

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