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Sputnik
Depuis le 18 avril, de nombreuses émeutes ont éclaté dans les banlieues françaises. Tout est parti de Villeneuve-la-Garenne, où un délinquant a été accidentellement blessé par la police. Pourquoi une telle contagion? Quelle est la réalité du terrain? Le criminologue Xavier Raufer analyse cette situation au micro de Sputnik.
Selon le ministre de l’Intérieur, les émeutes qui ont lieu dans les banlieues françaises depuis quelques jours «ne sont pas d’un niveau de gravité exceptionnelle». Faut-il prendre pour argent comptant les propos de Christophe Castaner au micro de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC?
Le prétexte à ce nouvel embrasement des banlieues semble être la blessure accidentelle qu’a subie un délinquant lors d’une interpellation à Villeneuve-la-Garenne (92). En ces temps particuliers de confinement, les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, de voitures brûlées ou de rodéo à moto, sont pourtant légion et expriment une réalité différente. Les forces de l’ordre sont également très souvent prises à partie, victimes de guet-apens à coups de tirs de mortier d’artifice, de pierres ou de cocktails Molotov.
Faut-il s’inquiéter d’une telle flambée de violence? Interrogé par Sputnik, Xavier Raufer, criminologue, relativise la situation. Pour cet enseignant au CNAM (Conservatoire national des arts & métiers) au pôle sécurité-défense/criminologie, après quelques semaines d’accalmie, les banlieues sensibles sont revenues à «la normale».
Déconfinement: «mensonges» sur les masques et «crise gigantesque» en cas de deuxième vague?
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Alors que le gouvernement s’efforce de préciser les conditions du déconfinement, le professeur André Grimaldi s’inquiète de l’impact qu’il pourrait avoir sur des hôpitaux déjà très fragilisés. Après les errements de l’exécutif, notamment la polémique sur le port du masque, les pouvoirs publics n’ont plus droit à l’erreur, selon lui.
«Les pénuries continuent, le déconfinement ne peut pas se réaliser dans les conditions actuelles. Un déconfinement, ça suppose des tests Covid, un confinement dans des lieux dédiés et une population qui porte le masque. Actuellement, on est dans la pénurie. On est encore dans la gestion de la pénurie.»
Répondant aux questions de Sputnik, le professeur André Grimaldi, diabétologue et professeur émérite à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, ne fait pas mystère de ses craintes face au déconfinement qu’Emmanuel Macron a annoncé le 13 avril dernier. «Le problème dans la situation actuelle, c’est que pour que le déconfinement se passe bien, il faut qu’il se fasse dans des conditions absolument strictes pour dépister tous les patients et tous les contacts de ces patients, pour pouvoir éventuellement les garder en confinement, non pas chez eux, mais par exemple dans des hôtels», explique le spécialiste.
De fait, c’est le manque de tests, mais aussi de masques, qui a sans doute prévalu dans la décision de l’exécutif d’imposer un confinement aveugle. Son principal avantage a pu être d’étaler les hospitalisations dans le temps, mais son inconvénient est de priver de soins des malades potentiels, invités à rester chez eux et, par conséquent, susceptibles de contaminer leur entourage. Aussi, dans le cas où la sortie du confinement serait mal conduite, les enjeux sont très lourds.
«Le déconfinement est un pari. S’il y a une grande vague, ce sera non seulement une crise sanitaire, mais aussi une crise politique», prévoit André Grimaldi.
De fait, en matière de masques de protection, l’exécutif ne semble toujours pas en mesure d’établir une feuille de route claire. Ce 23 avril, le Premier ministre Édouard Philippe était au CHU de Strasbourg pour une visite surprise aux hôpitaux universitaires afin d’échanger avec des soignants «en première ligne», selon ses termes, sur l’épidémie. Dans la foulée, ce même jour, l’Élysée faisait savoir que, faute de stocks suffisants, il serait simplement recommandé aux citoyens de porter des masques non professionnels.
En clair, des masques de fortune ou artisanaux. L’Académie nationale de médecine a pourtant recommandé le port du masque partout et pas seulement dans les transports en commun. «Le port du masque antiprojections doit être généralisé dans l’espace public», alors qu’attendre la date du 11 mai pour faire porter le masque, «c’est accorder trois semaines de répit au SARS-CoV-2 pour qu’il continue de se transmettre», a déploré l’Académie.
Aggravation de la crise sanitaire, sociale et politique?
Pour André Grimaldi, qui qualifie sans ambages au micro de Sputnik de «mensonges» les prises de position successives du gouvernement sur la question de l’utilité du port du masque, c’est un nouveau flottement des pouvoirs publics.
«Là, l’hôpital n’est pas en état de recevoir une deuxième vague de la même ampleur que la première, ce sera une crise gigantesque», prévient le professeur.
Même constat pour Céline Laville, présidente de la Coordination nationale des infirmières (CNI). «La tension en réanimation est certes un peu moindre, mais pour autant, les équipes sont épuisées. Quand le confinement a été décrété, les hôpitaux se sont organisés pour tout déprogrammer: consultations, chirurgie non urgente», précise-t-elle, à Sputnik. Elle ajoute que ces opérations, non urgentes il y a cinq semaines, le devenaient maintenant: «On commence à voir arriver en oncologie, en cardiologie, des patients avec des pronostics moins favorables.»
«On est dans des structures qui étaient avant la crise déjà difficulté et ça ne va pas s’améliorer», pointe de son côté Pierre-Olivier Delpech, chirurgien urologue au CHU de Poitiers, dans la région Nouvelle-Aquitaine, pourtant beaucoup moins touchée que l’Île-de-France ou le Grand-Est.
«Au départ, il nous manquait déjà 17 anesthésistes et 40 infirmières, rappelle-t-il, et on doit se rationner sur les anesthésiants comme le curare en raison de la pénurie au niveau national.» «Depuis le début de l’épidémie, avec les collègues de mon service, on doit s’adapter au maximum entre le bénéfice et le risque qu’on fait courir au patient», déplore-t-il au micro de Sputnik.
Une gestion sur le fil du rasoir, faute de moyens et de stocks, que le professeur Grimaldi confirme. «Cette crise va durer. Et par sa durée, elle va se transformer –et se transforme déjà– en crise sociale. Les inégalités explosent», constate-t-il, évoquant la promiscuité, la taille des logements et les conditions de vie des «plus pauvres». «Ça a déjà commencé», conclut-il.
La chanson du jour, Toi et moi – Guillaume Grand
En période de confinement cette chanson prend une autre dimension… Encore une chanson à écouter en boucle !