++ WEBTUBE : Francis Bergeron fait partie de ces infatigables écrivains qui s’attèlent à éveiller, ou à réveiller un peuple. Il a le combat culturel chevillé au corps depuis de nombreuses années. Si certains de nos lecteurs le connaissent pour des ouvrages politiques, littéraires ou historiques, pour des biographies, il est aussi l’auteur de nombreux romans pour la jeunesse. Parmi ceux-ci, la collection Le Clan des Bordesoule, édité aux éditions du Triomphe, vaut que l’on s’y attarde. Si vos enfants aiment le Club des 5 par exemple, mais sont à la recherche d’autre chose, d’une série qui va plus loin, alors cette collection est faite pour eux. Ces récits captivants sont particulièrement appréciés des enfants de 8 à 10 ans. Les histoires, pleines d’énigmes et de mystères, entraînent les jeunes lecteurs dans des quêtes passionnantes, souvent liées à la découverte de trésors ou à la résolution de secrets familiaux. Chaque tome propose une nouvelle aventure, permettant ainsi aux lecteurs de se plonger dans des explorations variées et stimulantes.
Breizh-info.com : Qu’est ce qui a amené à la naissance du Clan des Bordesoule ?
Francis Bergeron : Je fais partie d’une génération qui a quasiment appris à lire avec des séries comme Le Club des cinq d’Enid Blyton, Les six compagnons, de Paul-Jacques Bonzon, ou Fantômette, dans la bibliothèque rose, ou encore grâce aux romans de Paul Berna en collection Rouge et or. En s’inspirant de ces histoires, ma mère nous avait écrit un roman dont nous, ses enfants, et nos cousins, étions les héros. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs de jeunesse. Trente ans plus tard, quand mes propres enfants ont eu l’âge des premières lectures, j’ai exhumé le roman (non édité) de ma mère pour le leur faire lire. C’était très orienté sur des anecdotes propres à notre famille, sans doute peu compréhensibles pour un public plus large, mais le scénario, genre Club des cinq, était bon. En m’inspirant de ce scénario, j’ai écrit un premier roman, Le secret de la statue volée, dont mes propres enfants et leurs cousins étaient les héros, puis un second etc. La série a vraiment décollé à partir de 1992, en changeant d’éditeur et en prenant le large, du côté de l’ile de Ré et des côtes de l’Atlantique.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui va faire selon vous la différence avec le Club des 5, pour ne citer que lui ?
Francis Bergeron : Il y avait un côté frustrant avec Le Club des cinq : il était impossible de mettre ses pas dans ceux des héros. Beaucoup d’aventures se déroulaient au bord de la mer. Mais où, précisément ? Enid Blyton ne donnait aucun détail susceptible de localiser le terrain d’aventures du Club des cinq. J’imaginais que c’était du côté de Pornichet ou de La Baule, où nous passions nous-mêmes nos vacances. En fait c’était sans doute dans les Cornouailles britanniques. Moi, j’ai pris le parti inverse :chaque roman est parfaitement localisé. Le titre, l’illustration de couverture, ne laissent aucun doute. Les jeunes lecteurs peuvent s’identifier aux héros et les suivre sur les lieux mêmes de leurs aventures, pour découvrir de terribles et palpitants secrets… Par ailleurs l’intrigue repose le plus souvent sur un fait historique, un fait divers, ou encore une catastrophe naturelle ayant un fond de réalité, et en lien avec la région où se passe l’aventure.
Breizh-info.com : Plusieurs de vos livres et aventures se passent en Bretagne. Une région chère au coeur de l’auteur ?
Francis Bergeron : J’aime spécialement la presqu’île de Guérande (scandaleusement exclue du périmètre de la Bretagne administrative) et le Morbihan, du fait de mes souvenirs de jeunesse. J’ai d’ailleurs une maison dans le coin. J’ai aussi gardé un souvenir extraordinaire des quatre mois passés au camp militaire de Coëtquidan (il y a pas mal d’années !), et des amitiés ainsi nouées, dans le cadre de ma formation d’Elève Officier de Réserve. Les marches de nuit dans la forêt de Paimpont, la piste du risque au fort de Penthièvre… Mais la Bretagne, c’est aussi l’immense plage de La Baule, sur laquelle on vient chevaucher à marée basse, les îles, les criques, le grand blockhaus de Batz-sur-Mer, l’Ankou et les korrigans etc. C’est un formidable terrain pour l’imagination !
Breizh-info.com : Vous avez publié 38 épisodes du Clan des Bordesoule. Quelle est la diffusion d’un numéro ? Comment expliquez-vous que vous ne soyez pas vendu en librairie traditionnelle, ou dans les maisons de la presse, par exemple ?
Francis Bergeron : Je ne connais pas exactement les circuits de diffusion de la maison d’édition. Celle-ci se fait sans doute essentiellement dans les librairies des régions où se passent les aventures,, dans les réseaux des librairies catholiques, et par correspondance. Les éditions du Triomphe font désormais partie d’un groupe éditorial franco-belge qui est le numéro un de la bande dessinée et du livre pour enfants, en Europe. Du coup on trouve aussi la collection dans certaines grandes surfaces comme Leclerc.
Par mes relevés de droits d’auteur (étalés sur près de 40 ans), je vois qu’il a du se vendre environ 300 000 exemplaires de la série, en cumul et tous titres confondus, ce qui doit faire une moyenne de 8 à 10 000 exemplaires par roman. Mes best-sellers, dans cette collection sont Le secret du phare des baleines, qui se passe sur l’île de Ré, et Le secret de Fort-Boyard, qui a pour cadre cette fameuse île de la côte charentaise ,Ils ont dû être diffusés à 25 000 exemplaires environ chacun. Ce ne sont pas des chiffres mirobolants pour des livres pour enfants, comparé aux productions Hachette ou Glénat, mais les titres sont constamment réédités, un peu comme des « classiques », ce qui suffit à flatter mon ego !
Breizh-info.com : Vous êtes un acteur de premier plan du combat culturel identitaire et enraciné. Ne pensez-vous pas justement que ce domaine a été totalement abandonné à la gauche et cela depuis plusieurs décennies déjà, avec les conséquences que l’on connait?
Francis Bergeron : Acteur de premier plan, n’exagérons pas ! Je m’efforce d’apporter ma pierre à l’édifice, tout au plus. Dans le domaine culturel, il y a eu un très grand passage à vide, grosso modo de mai 68 (et je dirais même depuis le Concile) jusqu’aux années 1990. La reconquête est progressive, mais toute une série de signes très positifs sont apparus ces vingt à trente dernières années : Le Puy du Fou, bien évidemment, Radio Courtoisie, TVLibertés, CNews, Breizh Info, Le Salon beige, Contrepoints ou Jeune Nation à deux extrémités, et aussi des revues comme Livr’arbitres, les pages culturelles de L’Incorrect, Causeur, Valeurs Actuelles, La Revue des deux mondes, etc.
Dans le domaine de la littérature, malgré la disparition des « Hussards », je suis frappé par l’émergence de nouveaux talents comme Olivier Maulin, Patrice Jean, Bruno Favrit, Sylvain Tesson, Benoît Duteurtre… Je ne parle même pas des essayistes et des historiens, où les talents explosent littéralement. Je suis par exemple épaté par la puissance de travail d’un Thierry Bouclier. Dans le domaine du « polar », la jeune collection du Lys noir révèle de nouveaux talents. Dans la BD – colonisée par « l’esprit soixante-huitard » avec Hara Kiri, puis Charlie, et une kyrielle de fanzines porno-gauchistes, les cartes sont actuellement rebattues : dans les salons du livre, je rencontre beaucoup d’auteurs et de dessinateurs d’esprit très différent de ceux avec lesquels on polémiquait dans les pages du fanzine Bédésup, dans les années 1980.
Breizh-info.com : Que faire donc, pour reconquérir la Culture ?
Francis Bergeron : A mon avis la reconquête – ou le retour du bon sens – se font tout seuls ou presque, même si nous manquons d’accélérateurs, et c’est d’ailleurs pourquoi il ne faut rien lâcher.
Il y a encore quelques forteresses du wokisme et bien trop d’adeptes de la pensée unique, du « prêt-à-penser » comme s’en inquiétaient Georges Suffert ou Raymond Aron dans les années 1970 : l’université, malgré Olivier Dard et quelques autres, le cinéma (même si l’on « découvre » aujourd’hui l’état de décomposition de ce microcosme), et surtout les médias du « service public » (sic !) qui poursuivent imperturbablement leur entreprise militante et subventionnée de déculturation .
Mais a contrario, à titre d’exemple, dans mon petit bled d’Argenton-sur-Creuse, qui est l’une des deux seules mairies NUPES du département de l’Indre, le bulletin d’information municipale qui s’efforçait de laborieusement de communiquer avec ses administrés en « écriture inclusive » semble avoir renoncé à cette opération de déstructuration de l’écriture, façon Mao, la folie woke creusant toujours plus le fossé entre la population et ses prétendues « élites ». Cela finit par être perceptible au-delà du cercle de ceux qui en ont toujours été hostiles à ces idéologies de substitution d’un marxisme en voie de disparition.
++ WEBTUBE : Depuis que l’interview-fleuve de Vladimir Poutine par le journaliste américain Tucker Carlson est sortie sur le réseau social X, tous les médias se livrent à une exégèse des propos du président russe à destination de l’Occident – puisque c’est bien le sens de cet entretien, le premier accordé à un journaliste occidental depuis l’attaque russe de février 2022 contre l’Ukraine. BV ne pouvait faire autrement que de livrer à son tour, à ses lecteurs, un compte-rendu aussi objectif que possible de ces deux heures de « contre-propagande ».
Commençons par un constat : Carlson, pourtant ordinairement pugnace, ne s’est pas comporté en journaliste. C’est à moitié de sa faute : l’Américain partage de nombreuses idées avec Poutine et venait en ami. C’est à moitié grâce aux qualités d’officier traitant de l’ancien guébiste : en alternant politesse, pédagogie, humiliations calculées et monologues interminables, il a littéralement saturé les défenses cognitives de son interviewer. Un long rappel sur l’histoire de la Russie, qui démarre avec la Rus’ de Kiev, a d’abord permis à Poutine, presque sans être interrompu, de dérouler sa communication stratégique. Il pouvait alors enchaîner sur un savant mélange de vrai et de faux, d’objectivité et de subjectivité, de poncifs et de révélations.
La plus importante révélation, puisque nous en parlons et sous réserve qu’elle soit vraie, est probablement celle-ci : au moment des négociations d’Istanbul, en mars 2022, Vladimir Poutine affirme que la Russie a fait retirer ses troupes de la région de Kiev à la demande des Occidentaux, pour prouver sa bonne foi et inciter les Ukrainiens à signer des accords de paix. Décidément sans foi ni loi (si cette histoire est avérée), les États-Unis et leurs vassaux (Poutine cite l’Allemagne et la France) auraient dissuadé les Ukrainiens de signer et les auraient encouragés à profiter de cette aubaine tactique. La conclusion logique est que, désormais, c’est la guerre qui dictera l’issue du conflit, et non des déclarations diplomatiques auxquelles Poutine ne croit pas. Il en profite pour tacler l’État profond américain, en racontant les détails de ses négociations avec Clinton, Bush Jr. et Trump, à chaque fois sur le point de normaliser leurs relations avec lui, mais toujours dissuadés par leurs conseillers.
On pourra trouver certains propos lunaires : par exemple, la sortie du président russe sur la nécessaire dénazification de l’Ukraine semble complètement hors sol vue d’ici… mais c’est à condition d’ignorer que Bandera, le héros ukrainien, était bien un collabo et un supplétif du nazisme. On pourra en revanche constater, loin de ces affrontements idéologiques, que la stratégie américaine a lamentablement échoué, économiquement (le dollar est fragilisé et l’économie russe est florissante), diplomatiquement (le « Sud global », c’est-à-dire les deux tiers de la planète, ne veut plus de nos leçons de morale) et militairement (nous, les Occidentaux, soutenons l’Ukraine à bout de bras, au mépris de nos capacités propres et de nos lois de programmation, parce qu’il n’y a, dans notre narratif, pas d’autre option).
On sort de ces deux heures (que l’on conseille de regarder en anglais et non dans des traductions françaises parfois approximatives) sonné, comme Carlson, mais pas tant par la logorrhée écrasante de Poutine : bien davantage, c’est le caractère désormais irréconciliable de la Russie et des États-Unis qui sidère. Narratif historique contre narratif messianique, autocratie militaire contre médiacratie libertaire. Et, puisque nous sommes liés, « par les liens de la décence sinon de l’affection » (comme le prince Salina, dans Le Guépard, vis-à-vis de la monarchie) au camp atlantiste, il semble qu’à courte vue, nous n’ayons pas d’autre choix que de marcher vers la fournaise. Poutine est un grand patriote, mais c’est un patriote russe. Les Américains sont les plus puissants des Occidentaux, mais ils ne sont pas français. Coincés que nous sommes entre les droitards russolâtres et les macronistes américanophiles, nous ferions bien de n’oublier ni l’un ni l’autre.
++ WEBTUBE : Ces dernières semaines, dans l’archipel de Mayotte, à 8.000 kilomètres de Paris, la situation est devenue catastrophique : insécurité galopante, attaques à la machette, guet-apens, tsunami migratoire, hostilité des Comores, pénuries d’eau. Une situation qui échappe au quotidien de nombreux Français de la métropole, et notamment au gouvernement, un abandon qui a de quoi inquiéter les populations locales. Privés d’eau depuis des mois, les Mahorais subissent de plein fouet la double peine : une véritable submersion migratoire venue des Comores et de l’Afrique de l’Ouest, et le désespoir économique. Depuis plusieurs jours, de grandes manifestations et barrages sont tenus à Mayotte pour réclamer d’urgence l’aide de l’État après l’opération Wuambushu qui a tourné au fiasco. Ici, les juges font la loi. Et ils n’entendent pas se soumettre aux plans de Gérald Darmanin.
Zoom sur une situation proche de l’embrasement avec la députée mahoraise (LIOT) Estelle Youssouffa. Au menu : les vrais chiffres de la démographie et de l’immigration, les problématiques sociales et économiques. Selon la parlementaire surnommée « Oiseau piment » pour son bagout, il n’y a « pas de préférence nationale à Mayotte mais une préférence étrangère ».
Entretien choc sur ce que pourrait devenir demain la France tout entière.