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++ WEBTUBE : Alors que des affrontements de haute intensité ont actuellement lieu dans la bande de Gaza depuis les attaques du Hamas du 7 octobre, les polémiques politiques autour du conflit, ainsi que des manifestations et soutiens pro-Palestine ou pro-Israël se sont multipliés. Mais quels regards les musulmans de France portent-ils vraiment sur Israël et le Hamas ? Et plus généralement sur les conséquences de ce conflit israélo-palestinien ? L’Ifop, en constituant un échantillon représentatif de 1000 musulmans français, est parti sonder cette catégorie de la population, concernant leurs opinions sur le conflit actuel. Cette enquête montre notamment que 24% des jeunes sondés soutiennent le Hamas, et plus globalement 19% des musulmans de France, c’est à dire entre 1 et 2 millions de personnes selon les estimations du nombre de musulmans en France.
Nous vous proposons d’en lire la synthèse de l’IFOP, mais surtout de vous faire vous mêmes votre avis sur ce sondage, en le téléchargeant intégralement ici
LES CHIFFRES CLÉS DE L’ENQUETE
1 – Seule une minorité des Français musulmans exprime de la sympathie pour le mouvement islamiste du Hamas (19 %, contre 3 % en moyenne du côté des Français) mais leur proportion n’en reste pas moins significative dans les rangs des musulmans les plus jeunes (24 % auprès des 15-24 ans) et les plus religieux (28 % chez les musulmans se rendant à la mosquée au moins une fois par semaine).
2 – La majorité des musulmans français juge négativement les actions du Hamas commises le 7 octobre en territoire israélien (55%) mais ils sont beaucoup plus nombreux que le reste des Français à y voir « des actions de résistance contre la colonisation » : 45%, soit quatre fois plus que dans l’ensemble de la population française (10%). Les musulmans les plus nombreux à rejeter les qualificatifs de « terroristes » ou « d’actes de guerre » pour qualifier ces attaques se retrouvent dans les rangs des plus jeunes (50 % des 15-24 ans), des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (50 %) et de ceux se rendant à la mosquée au moins une fois par semaine (51 %).
3 – Autre différence avec l’ensemble des Français sur la manière de qualifier les évènements : près des deux tiers des musulmans (62%) jugent appropriée l’expression de « nettoyage ethnique » pour qualifier les opérations actuelles des Israéliens en Cisjordanie, contre à peine 38 % chez l’ensemble des Français.
4 – La grande majorité des musulmans français estime que le gouvernement de la France est plutôt du côté d’Israël dans ce conflit (58 %, contre 20 % moyenne chez l’ensemble des Français), à peine 13 % considérant qu’il est neutre et 17 % qu’il est plutôt du côté des Palestiniens. Là aussi, les musulmans les plus critiques sur le côté pro-israélien du gouvernement français se retrouvent dans les rangs des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (75%).
5 – De même, près des deux tiers des musulmans français (67%) estiment que le traitement médiatique du conflit est actuellement plutôt favorable Israël, contre à peine 22 % qui estiment qu’il est objectif et 11 % pro-palestinien.
A – LA PERCEPTION DE L’ATTAQUE DU 7 OCTOBRE ET SES CONSÉQUENCES MILITAIRES
1- Seule une minorité des Français musulmans expriment de la sympathie pour le Hamas (19 %, contre 3 % en moyenne du côté des Français) mais leur proportion n’en reste pas moins significative dans les rangs des musulmans les plus jeunes (ex : 24 % des 15-24 ans) et les plus religieux (ex : 28 % chez les musulmans se rendant à la mosquée au moins une fois par semaine).
Malgré sa perte d’influence, les Français musulmans expriment majoritairement de la sympathie pour l’autorité palestinienne (59% contre seulement 10% chez l’ensemble des Français), une sympathie d’ailleurs davantage prononcée auprès des plus jeunes (64% chez les moins de 25 ans). Probable conséquence de la violence du conflit à Gaza, notons que seulement 9% des musulmans français déclarent avoir de la sympathie pour Israël, ils sont plus d’un quart (28%) parmi l’ensemble de la population française.
2- La majorité des musulmans français juge négativement les actions du Hamas commises le 7 octobre, en territoire israélien (55%) mais ils sont beaucoup plus nombreux que le reste des Français à y voir « des actions de résistance contre la colonisation » : 45%, soit quatre fois plus que dans l’ensemble de la population française (10%). Les musulmans les plus nombreux à rejeter les qualificatifs de « terroristes » ou « d’actes de guerre » pour qualifier ces attaques se retrouvent dans les rangs des plus jeunes (50 % des 15-24 ans), des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (50 %) et de ceux se rendant à la mosquée au moins une fois par semaine (51 %).
3 – Autre différence avec l’ensemble des Français sur la manière de qualifier les évènements : près des deux tiers des musulmans (62%) jugent appropriée l’expression de « nettoyage ethnique » pour qualifier les opérations actuelles de l’armée Israélienne et des colons en Cisjordanie, contre à peine 38 % chez l’ensemble des Français. Cette opinion est partagée par la majorité des musulmans français à travers tout le spectre politique (73% parmi les « très à gauche », ou 51% de ceux/celles de droite).
B – APRÈS LE 7 OCTOBRE : L’IMPACT DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN EN FRANCE
4 – La grande majorité des musulmans français estime que le gouvernement de la France est plutôt du côté d’Israël dans ce conflit (58 %, contre 20 % moyenne chez l’ensemble des Français), à peine 13 % estimant qu’il est neutre et 17% qu’il est plutôt du côté des Palestiniens. L’étude révèle que les musulmans considérant le plus que l’Exécutif est du côté d’Israël se trouvent dans les rangs des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (75%), électorat traditionnellement défiant vis-à-vis des gouvernants.
Cette perception d’un gouvernement « pro-israélien » est d’ailleurs partagée par la majorité des musulmans se classant à gauche du spectre politique (62% « très à gauche », 69% « plutôt à gauche », 53% « plutôt au centre gauche »).
5 – Les deux tiers des musulmans français estiment que le traitement médiatique du conflit est actuellement plutôt favorable à Israël (67% contre 38% pour l’ensemble des Français), une minorité considère que le traitement des médias est plutôt objectif (22% contre 50% dans l’ensemble des Français), les musulmans et autres Français se rassemblent néanmoins sur le fait que le traitement médiatique du conflit n’est pas en faveur de la cause palestinienne : seulement 12% contre 11% auprès de l’ensemble des Français.
Il est intéressant de constater que les musulmans français détenteurs d’un diplôme supérieur au bac considèrent davantage – et nettement – que le traitement médiatique du conflit est en faveur d’Israël (79%, contre 58% pour ceux ayant un diplôme inférieur au bac).
Méthodologie : Étude Ifop pour Ecran de veille réalisée du 21 au 29 novembre 2023 par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’un échantillon de 1 002 personnes, représentatif de la population de religion musulmane vivant en France métropolitaine âgée de 15 ans et plus
Le principe d’un échantillon miroir « Français musulmans » / « Ensemble des Français »
L’Ifop a investigué une catégorie de la population – les Français de confession musulmane – dont l’opinion sur les questions portant sur le conflit israélo-palestinien est au cœur des débats. Pour cela, l’Ifop a constitué un échantillon spécifique de 1 000 Français de confession musulmane.
Parallèlement, l’Ifop a constitué aussi un échantillon « classique » de l’ensemble de la population française dont les caractéristiques – identiques en termes de mode de recueil (internet), de méthode d’échantillonnage (méthode des quotas) et d’indicateurs (questions identiques) – permettent une comparaison des positions des Français musulmans avec la moyenne nationale, mais aussi avec les adeptes des autres confessions. Au regard du faible poids des autres religions dans la population, l’Ifop a toutefois estimé qu’il n’était pas prudent de comparer leurs réponses avec celles des autres minorités religieuses (protestants, juifs…).
Un périmètre de l’enquête et les critères de qualification des cibles
Comme pour l’étude auprès de l’ensemble des Français, le périmètre du volet « musulmans » est l’ensemble de la population résidant en France métropolitaine âgée de 15 ans et plus, qu’elle soit de nationalité française ou étrangère. Par facilité d’usage, le terme de « Français » figurant dans ce rapport fait donc référence à l’ensemble des personnes résidant sur le sol métropolitain et pas seulement à celles détentrices de la nationalité française.
Pour cette enquête, l’Ifop a fait le choix d’une approche basée sur l’auto-identification, c’est-à-dire de n’inclure dans l’échantillon que les individus qui s’identifient eux-mêmes comme musulmans, qu’ils soient « convertis » (issus par exemple d’une famille catholique) ou issus de familles musulmanes.
– Par musulmans, on entend donc les personnes ayant répondu « musulmane » à la question « Pouvez-vous nous dire quelle est votre religion si vous en avez une ? Catholique / Protestante / Juive / Musulmane / Autre religion / Sans religion / Vous ne souhaitez pas répondre ».
Correspondant à 5,6% des personnes âgées de 15 ans et plus résidant en métropole (étude Ifop-Institut Montaigne – 2016), la cible de cette étude exclut donc les personnes déclarant avoir au moins un de leurs parents musulmans mais qui ne s’identifient pas personnellement à cette confession.
Un mode de recueil adapté au sujet
Le rapport à la religion et à l’affichage de ses croyances étant des sujets sensibles à aborder, ce dispositif d’enquête repose sur un mode de collecte auto-administré de l’information. Evitant aux répondants de se sentir jugés par un enquêteur, ce mode de recueil limite par exemple les risques de voir les musulmans chercher à se conformer à des formes de désirabilité sociale et notamment à sous-déclarer des comportements perçus comme non convenables par la morale dominante. Cependant, le mode de recueil en ligne a pour défaut de sous-représenter les musulman ayant un faible niveau d’éducation, de maîtrise de la langue française et de niveau de revenu.
Le respect des règles sur le recueil des données « sensibles »
Suivant la législation autour des données individuelles portant sur « des origines philosophiques ou religieuses » (l’article 8 de la loi « Informatique et libertés » du 6 janvier 1978), l’Ifop a veillé à ce que ce dispositif respecte les conditions suivantes :
- Une complète anonymisation des données lors des différentes phases de l’étude (collecte, enregistrement, conservation)
- La finalité scientifique de l’enquête a été justifiée et clairement affichée aux répondants ;
- L’information du répondant du caractère facultatif des réponses, de la démarche de la finalité de l’étude et des modalités d’exercice de ses droits.