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Il y aurait tant à dire au sujet du rappeur Médine que la mise en examen de Nicolas Bay pour propos diffamatoires à son égard laisse un peu pantois. À l’origine de la plainte, un document de campagne diffusé par l’élu régional et député au Parlement européen en mars 2021 dans lequel il critiquait la subvention de 18.000 euros accordée par Hervé Morin, président de la région Normandie, à la promotion d’un certain Médine que le même tract décrivait comme « proche de la mouvance islamiste des Frères musulmans ». Nicolas Bay (ex-RN passé à Reconquête depuis), que nous avons joint par téléphone, déclare : « Cet individu est depuis 2012 également ambassadeur de l’association Havre de savoir, qui fait l’apologie d’Hassan el-Banna, fondateur des Frères musulmans, et de Al Qaradawi, leader intellectuel qui a légitimé les attentats-suicides. En outre, il affiche sa haine à l’égard de notre pays dans ses chansons “Crucifions les laïcards comme à Golgotha” (Don’t Laïk, sortie en 2015) ou encore “Ces porcs blancs vont loin/Passe moi une arme de poing” (Angle d’attaque, 2011). » La vérité nous oblige à dévoiler la suite du poème qui se poursuit ainsi : « J’vais faire un pédophile de moins… »
Des paroles qui ne sont pas précisément celles d’un enfant de chœur. Pourtant celui qui porte le nom d’une des villes saintes de l’islam n’a pas toujours eu mauvaise presse. Élu personnalité de sa ville natale, Le Havre, par Normandie Actu en 2014, il est alors considéré comme « bien plus qu’un artiste, un engagé dans plusieurs causes solidaires », qui poursuit « presque un engagement politique ». Son soutien affiché à Tariq Ramadan, qui « lui a permis de ne pas tomber dans le radicalisme », et dont il regrette la diabolisation parce que, « sans lui, et d’autres, on serait sur une vraie poudrière dans tous les quartiers. Ils seraient à l’heure qu’il est en proie à l’islam le plus radical et le plus rigoriste », ne choque pas grand monde. Médine qui se sent investi d’une mission qui dépasse son art, manie le rap comme un « moyen d’éducation populaire » et parcourt les écoles du Havre, les clubs sportifs et les associations locales pour « parler du fait religieux, de la situation des musulmans dans un contexte ». Mieux que cela : en 2017, il entre carrément dans l’Histoire. Ou plutôt dans ses manuels, chapitre « guerre d’Algérie » pour les terminales ES, invité galamment par les Éditions Nathan qui y impriment un de ses textes.
La polémique qui naît de la programmation de deux de ses concerts prévus au Bataclan en 2018 pour commémorer le souvenir des victimes noircissent les ailes de l’ange. Plusieurs personnalités de gauche comme de droite, de Caroline Fourest à Marine Le Pen en passant par Laurent Wauquiez ou Aurore Bergé, protestent violemment en exhumant les paroles de ses chansons comme « Jihad » et « Don’t Laïk ». L’opposition est telle que les concerts sont annulés. Mais Aurore Bergé écopera elle aussi d’une plainte en diffamation par le recalé. On attend la mise en examen de la députée LREM…
En multipliant les plaintes contre ses détracteurs, Médine espère ainsi « faire jurisprudence avec ces affaires afin que les artistes, les chercheurs, les associatifs, les sportifs, les journalistes qui sont insultés d’islamistes (sic) ou d’islamo-gauchistes puissent à travers mon cas poursuivre en justice tous ceux qui tentent de discréditer et de salir leur travail ». De quoi en effet améliorer le terreau de la culture française.
Cette mise en examen de Nicolas Bay n’est qu’une étape peu significative et qui ne dit encore rien du fond de l’affaire. Car la loi est ainsi faite que tout individu visé par une plainte en diffamation est automatiquement mis en examen. Une automaticité critiquée, d’ailleurs, par certains juristes qui y voient une « procédure bâillon » dangereuse pour la liberté d’expression, susceptible de paralyser bon nombre de lanceurs d’alerte ne disposant pas de moyens suffisants pour assurer leur défense. Sans compter qu’aux yeux du public, l’écho médiatique de l’annonce d’une mise en examen compte bien plus que la décision de justice finale qui, elle, n’intéressera plus personne des mois ou des années plus tard.
Pas de quoi entamer la combativité et la sérénité d’un Nicolas Bay, qui nous précise « attendre avec impatience son procès pour pouvoir montrer les très nombreuses preuves qui justifient mes propos ». Pour lui, « cette affaire est bien révélatrice de la légèreté, de la naïveté, de la lâcheté des pouvoirs publics à l’égard de la mouvance islamiste. Au nom d’une certaine idée de la diversité, et ce, depuis des années, les collectivités locales subventionnent des paroles antifrançaises et antirépublicaines. »
Sabine de Villeroché, Boulevard Voltaire
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