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« Accepter l’idée d’une défaite, c’est déjà être vaincu. » On pense à la fameuse citation du maréchal Foch quand on apprend que le ministre de la Mer Annick Girardin annonce un plan de plusieurs millions d’euros pour indemniser les pêcheurs dont les bateaux iront à la casse et que, en même temps, on « ne capitule pas ».
La pêche est une des questions épineuses soulevées par le Brexit. Déjà, en octobre 2020, Michel Barnier, alors négociateur de la Commission européenne sur le Brexit, aujourd’hui candidat à l’investiture LR, l’avait prédit : « Si nous voulons un accord, nous devons trouver un accord sur la pêche. Nous avons besoin d’un compromis que nous ferons parvenir au Royaume-Uni dans le cadre d’un accord global. » Il a été décidé, dans le cadre de l’accord post-Brexit négocié avec l’Union européenne, que les pêcheurs européens pourraient continuer à se rendre dans les eaux britanniques à condition d’obtenir une licence, laquelle sera octroyée s’ils peuvent prouver qu’ils y pêchaient auparavant.
La situation est devenue de plus en plus tendue, au cours de l’année 2021, notamment lorsque, le 30 avril, le Royaume-Uni a listé 41 navires français autorisés à pêcher dans les eaux territoriales britanniques. Le gouvernement français a réagi en reprochant aux Britanniques de ne pas accorder assez de licences. À la date du 28 octobre, comme Annick Girardin l’annonçait sur Twitter, 90,3 % des licences avaient été accordés. Restent encore 10 % des pêcheurs qui sont lésés et qui pourraient perdre leur travail…
Le président de la République Emmanuel Macron n’a pas manqué de négocier avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, allant même jusqu’à brandir la menace de sanctions. Sans grandes conséquences jusqu’à présent…
Ainsi, ce jeudi 18 novembre, l’annonce du ministre de la Mer aux Assises de la pêche et des produits de la mer à Saint-Pol-de-Léon (Finistère) a provoqué un tollé : entre 40 et 60 millions d’euros sont sur la table pour indemniser les pêcheurs au cas où ils ne parviendraient pas à obtenir la licence requise. Dans cette optique, environ 150 bateaux iraient à la casse. Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français, a vivement critiqué cette annonce, soulignant qu’« on ne règle pas le problème sur le fond » et a déploré qu’« on se résigne à perdre de la capacité de travail et qu’on se ferme des perspectives de développement et d’avenir ».
Le vendredi 19 novembre, Annick Girardin a fait son « en même temps » en annonçant qu’« on va se battre jusqu’au bout » pour l’attribution des 150 licences de pêche manquantes. En outre, Emmanuel Macron a exprimé, à l’occasion d’un déplacement dans le Nord, sa volonté de poursuivre les négociations : « Nous allons continuer à nous battre, nous ne lâcherons pas nos pêcheurs », tout en fustigeant l’attitude de la Commission européenne : « La Commission doit nous protéger. Elle doit aller au bout, ça va trop lentement et trop mollement. »
Ces propos laissent songeur quand on pense au bon vieux refrain qu’on entend depuis plus de cinq ans selon lequel le Brexit serait un drame pour le Royaume-Uni. Les Britanniques sans l’Union européenne seraient-ils plus forts que nous, Français, pourtant membres de l’Union européenne ?
Renaud de Bourleuf, Boulevard Voltaire