La chanson du jour, Utopia – Soul Button

Un son sourd et chaud tout en rondeur. Une basse omni présente…une musique totalement synthétique mais rendue humaine grâce à la voix du chanteur qui s’incruste au sein d’un synthé planant. ça ne plaira pas à tout le monde mais la musique c’est la diversité et dans son genre ce morceau est plutôt réussi. Vous laisserez-vous tenter ?

Les éléphants d’Éric Zemmour

Articles  : Dec. 2020Nov. 2020Oct. 2020Sept 2020

Dans son intervention du 9 décembre sur CNews, Éric Zemmour a fait remarquer que la mise en œuvre de la loi « contre les séparatismes », ou « pour la laïcité » (on ne sait plus trop…), serait difficile parce qu’il y avait « trois éléphants dans la pièce », trois grosses difficultés.

La première tient à l’environnement juridique français et européen (juges, Conseil d’État, Conseil constitutionnel, CEDH, etc.). Toutes ces contraintes, devenues irrespirables avec le temps, compliquent grandement la tâche des législateurs et décideurs, qui n’osent plus bouger sur quoi que ce soit.

La deuxième tient à la taille du problème, toujours selon le polémiste. S’il s’agissait de s’attaquer au séparatisme, réel ou potentiel, de 500.000 personnes, ce serait déjà compliqué. Ici, on parle de près de 6 millions (en 2016, selon le Pew Research Institute) et l’immigration, légale ou non, fait entrer chaque année près de 500.000 personnes de plus, essentiellement des musulmans.

La troisième tient à la nature de l’islam. En effet, l’islam n’est pas une « religion » au sens chrétien du terme, c’est à dire une spiritualité, où Dieu parle à l’homme intérieur, mais tout autant une loi, un code, qui fixe pour chacun la façon dont il doit se comporter civilement, en société. Ainsi, il tend à s’opposer frontalement au pouvoir politique, puisqu’il ne vise pas à régner sur les cœurs mais à lui contester l’organisation de la cité. Cela ne veut pas dire que les musulmans sont non assimilables, mais que c’est beaucoup plus difficile qu’avec les autres. Ce n’est possible que si on les oblige à spiritualiser et dépolitiser intégralement leur religion, ce qui constitue un très gros enjeu.

Mais il y a d’autres « éléphants dans la pièce », plus gros encore, peut-être, que ceux qu’Éric Zemmour a indiqués.

L’un tient à la déculturation française. En effet, depuis le début de l’époque moderne, et plus encore depuis la Révolution, des forces politiques se sont évertuées à affaiblir, sinon tuer, la culture traditionnelle française au motif qu’elle est d’essence chrétienne. Comment assimiler une culture étrangère à notre écosystème culturel si, sous le double effet du laïcisme et du consumérisme matérialiste, nous ne défendons pas, et même nous tendons à éradiquer nous-mêmes, notre propre legs ? « Un royaume divisé contre lui-même ne peut pas tenir », dit l’Évangile…

Un autre éléphant, plus gros encore, est la nature de l’État post-mitterrandien. En effet, depuis « Touche pas à mon pote », la doctrine étatique, tous Présidents confondus, consiste à survaloriser et victimiser tout ce qui touche à la diversité, aux banlieues, à l’immigration, à l’islam et, maintenant, aux Noirs et même aux caïds pour pouvoir, en regard, fasciser toute critique et la repousser, avec les électeurs populaires, dans le ghetto de la fachosphère. Si l’État va à droite, il tombe, parce qu’il devra reconnaître que la droite nationale et le RN ont raison depuis toujours. Cela lui est impossible.

Un troisième, c’est le pacifisme des Français. Cent ans après, le traumatisme immense de la Première Guerre mondiale n’est pas encore résorbé. L’esprit munichois de 38, la contre-culture « Peace and Love » des années 60, l’équilibre non guerrier de la guerre froide, puis le « totalitarisme soft » de l’ultralibéralisme progressiste américain, avec le consumérisme et la licence sexuelle, en ont ensuite « rajouté une couche ». Aujourd’hui, combien de Français sont-ils prêts à affronter des turbulences pour rétablir l’équilibre ? La philosophie générale, c’est plutôt : « Encore une minute, Monsieur le bourreau. »

Un dernier, enfin, c’est le caractère du président de la République : incapable, comme Catherine de Médicis en son temps, de choisir entre fermeté et recherche de compromis, il passe son temps à hésiter et à donner des gages aux uns, puis aux autres. Chaque fois, il se démonétise un peu plus.

Avant même que cette timide loi ne soit discutée, au moins sept énormes éléphants la piétinent déjà avec force : environnement juridique à la fois laxiste et contraignant, dimension du problème, nature de l’islam, déculturation française, doctrine politique de l’État post-mitterrandien, pacifisme des Français et, pour couronner le tout, caractère hésitant du chef de l’État. C’est clair : tout est prêt pour la catastrophe.

Boulevard Voltaire

La famille Lefèvre a un (grand) talent, et en 2020, on peut même dire qu’il est incroyable !

Articles  : Dec. 2020Nov. 2020Oct. 2020Sept 2020

Ce télé-crochet sur M6 s’appelle « La France a un incroyable talent », et le nom, quand on y pense, est déjà finalement assez sympathique : les mots « France » et « talent », de nos jours, sont presque subversifs.

Dire que je raffole de ces émissions et que je tuerais père et mère pour ne pas en louper une serait exagéré, mais un groupe de finalistes sort du lot et vaut bien que l’on écoute – que l’on subisse, parfois… – les autres candidats (dont on peut saluer le travail, même quand le goût est douteux) et un jury bateleur qui surjoue un peu (beaucoup) sa partition.

Les Lefèvre sont une famille von Trapp à la française, et quand ils apparaissent sur scène, c’est un moment de grâce suspendu. D’où viennent-ils ? leur demande, lors de la première prestation, le jury. Les six enfants, d’instinct, éludent prudemment la question : « Des coulisses ! » « De région parisienne  ! » « De Versailles », avoue enfin la mère de famille. En quoi cette ville serait-elle plus infamante qu’une autre ? Y dévore-t-on les chatons au petit déjeuner ? Ils font partie de cette catégorie de Français avec laquelle on ne prend pas de gants et que l’on peut railler sans danger. Et le jury, avant de les écouter, ne s’en est pas privé : l’un des membres demande si les enfants sont consentants et s’il ne faut pas appeler la DASS. Aurait-il osé cette boutade avec d’autres familles ? Mais peu importe, il finira – lui aussi – subjugué. Souriants, naturels, les Lefèvre offrent le visage d’une famille tournée vers le beau, qui a su faire fructifier ses talents, portée par un projet commun exaltant et exigeant.

Le choix des morceaux n’y est pas pour rien : d’inspiration classique, mais pas « anciens ». Lors de leur premier passage, le jury avait cru reconnaître un morceau médiéval dans l’œuvre en latin qu’ils avaient choisie – tirée du « Cantique des cantiques ». C’était pourtant celle d’un Norvégien contemporain, illustrant à merveille la définition de Paul Valéry : « La tradition n’est pas de refaire ce que les autres ont fait, mais de retrouver l’esprit qui a fait ces choses. »

Le jury a relevé la perfection de l’unisson des voix, comme si elle était le reflet de celui des cœurs. Il a reconnu être parti « moqueur », pour railler les « clichés de Versailles, des cathos, des grandes familles », et avoir trouvé leur prestation « magnifique » au point d’avoir envie de « faire partie de cette famille ». Karine Le Marchand, qui anime l’émission, a même lâché qu’elle aimerait voir sa fille épouser l’un d’entre eux : le bonheur est dans le chant sacré ! Et contre toute attente, les Lefèvre ont su le mettre, sans l’abîmer ni le dévoyer, à la portée de tous pour le rendre… populaire, ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Une gageure pour un public biberonné à des sonorités diamétralement opposées.

Nul ne sait, à ce propos, si la famille Lefèvre sera sacrée mardi soir ni si, mi-décembre oblige, ils choisiront d’interpréter un chant de Noël revisité, mais en ces temps sombres, ils sont un peu l’étoile du berger célébrée par Sheila, une de ces chansons de variétés « populaires » qui semblaient jadis un peu bébêtes, mais qui ne l’étaient peut-être pas tant que ça.

Il paraît que pour cette finale – mardi, à 21 h 00 – les téléspectateurs peuvent voter. On va se gêner !

Boulevard Voltaire