Riposte Laïque
Interloqué par le concept de « séparatisme » islamiste, j’ai décidé, contrairement à mes habitudes, de me faire douleur et d’écouter le discours tenu par Macron à Mulhouse.
Comme toujours, Emmanuel nous a livré un monologue creux ponctué de principes nébuleux, de chiffres et de « faits » obscurs censés prouver son action, qui ne pourra ravir que son électorat, lequel risque d’atteindre bientôt le vide intergalactique de l’univers de la pensée.
Le concept de « séparatisme » a réussi à étonner son monde.
C’est un néologisme dans le vocabulaire des rapports entre la France et l’Islam, qui a plutôt recours aux termes de communautarisme, d’islamisation, ou encore de Grand Remplacement.
Or on comprend rapidement, à l’écoute du discours, que ce concept est à lire à l’envers : Macron ne cherche pas à lutter contre le « séparatisme » islamiste, mais à organiser son inclusion.
Le mot « séparatisme » est sciemment utilisé au négatif pour masquer l’objectif réel.
En optant pour un champ lexical de droite (lutte contre le « séparatisme »), plutôt que de gauche (inclusion), Macron, alors qu’il dit en fait dans le fond la même chose, poursuit sa stratégie électorale de droitisation, un virage qui n’est que de forme et d’apparence, dans le but d’amadouer une droite du portefeuille ayant abandonné ses neurones (pour ne pas dire autre chose) depuis quelques années, en cela bien aidée par la diabolisation médiatique de l’union des droites et par l’indécision de Marine Le Pen sur la question économique.
Mais sortons des calculs politiciens et revenons-en au fond.
Pourquoi s’efforce-t-il désespérément d’inclure une partie de la population qui le refuse ?
Si Macron pensait France, il s’évertuerait à assimiler les intéressés, ou à les virer, mais pas à les inclure.
S’il pensait Islam, il ne chercherait pas à les inclure, mais il poursuivrait un simple « laisser- faire » qui perdure depuis des décennies.
Il ne faudrait pas faire l’erreur de voir en Macron un amoureux de l’Islam, ou un simple collabo qui encaisserait son argent en attendant de partir loin quand la roue aura tourné. Il n’a ni ce pouvoir, ni ce recul.
Emmanuel est un simple gauleiter qui souscrit à l’idéologie de la Kommandantur. Alors, pour le comprendre, il faut comprendre Bruxelles.
L’Union européenne a une logique sociale-libérale. Elle ne cherche pas du tout l’islamisation de l’Europe, car la charia bloquerait son économie de marché, mais elle a besoin de la main-d’œuvre immigrée. Il faut donc trouver le moyen de mélanger les populations à la vitesse du marché, soit de manière industrielle, car les assimiler petit à petit, artisanalement, prendrait trop de temps et freinerait la marche de l’économie.
Mais cela ne pose aucun problème aux mondialistes, car ils ont une vision universaliste suprématiste.
Convaincus de la supériorité de leur modèle de vie occidental, ils sont persuadés que l’intégration dans l’Union des « séparatistes », sans les froisser, aura pour effet de leur faire abandonner leur culture d’origine pour embrasser la vie à l’occidentale et que les mosquées se videront comme se sont vidées les églises.
Une logique que l’on retrouve enracinée dans l’État profond français depuis la colonisation.
Les socialistes n’ont pas réussi à les faire changer de l’extérieur, en Afrique. Ils estiment maintenant qu’ils y arriveront de l’intérieur, en France, par la puissance culturelle dévastatrice de la baguette de pain, des mini-jupes, du vin rouge ou je ne sais encore quel délire.
Les mondialistes n’ont absolument aucune objectivité. Ils sont persuadés que leur manière de vivre est si parfaite et si désirable qu’elle sera un jour universellement reconnue car ils n’ont aucune conscience de ce qu’est un peuple, une identité, une culture.
Leur vision est obstruée par leur inculture historique crasse et leur volonté séculaire obsessionnelle de faire du monde une zone de libre-échange.
Vivant dans un entre-soi, ils ne sont pas capables de concevoir que le compte en banque est un facteur prédominant du vivre-ensemble, comme certains pieds-noirs vivent dans la nostalgie de leur Algérie, la belle vie au soleil et la fraternité entre les religions, en oubliant qu’ils habitaient pour la plupart dans des grandes villas, entourés de domestiques, et qu’il est plus facile pour les humains d’oublier leurs différends autour d’une piscine, d’un verre de rosé et de jolies filles, que lorsque l’on vit en banlieue d’Île-de-France dans un quartier islamisé.
Une déconnexion totale à laquelle s’ajoute un désir de revanche de la colonisation des Africains depuis devenus français, qui finiront un jour par récupérer et profiter des infrastructures construites par les Français de souche sans avoir à supporter ces mécréants, comme ils l’ont fait en Algérie.
Mais revenons-en au discours de Macron.
Dès les premières minutes, il trahit son logiciel de lecture socialiste européiste.
Il convient, selon lui, pour lutter contre le « séparatisme », d’augmenter les secteurs de dépenses des quartiers dans l’éducation, le culturel, le religieux et le sportif, c’est-à-dire amplifier tout ce qui ne fonctionne pas depuis des décennies et qui provoque ce « séparatisme ».
C’est comme cela qu’Emmanuel réfléchit.
Il est capable de reconnaître l’échec de l’Union européenne, comme celui de l’assimilation des « séparatistes ».
Son remède ?
Il faut plus d’Europe, et plus d’Islam !
Il y a chez cette personne une non-reconnaissance des faits objectifs, de type pathologique, typique du socialisme.
Il ne parle jamais de la démographie, qui devrait pourtant constituer le thème principal du discours.
Espère-t-il pouvoir « républicaniser » des quartiers qui comptent déjà 80 % de « séparatistes » ?
Il faudrait « enseigner l’arabe dans les écoles comme on enseigne l’italien ».
Comme si les intéressés étaient en mesure de s’assimiler comme les Italiens !
Croit-il que cela pourrait avoir pour effet de développer les échanges commerciaux avec le Maghreb ?
Que nos nombreux intellectuels et entrepreneurs de banlieue engageraient ainsi de prometteurs partenariats économiques susceptibles de déboucher sur une union commerciale de la Méditerranée ?
Quel rêve !
Ou alors, pense-t-il réellement à la culture, et va-t-il leur permettre de lire le Coran sans traduction et de regarder des vidéos de Daech en version originale ?
Si l’ennemi désigné de la France est l’islamisme, alors enseigner l’arabe dans nos écoles reviendrait à enseigner le russe en pleine guerre froide.
Macron parle d’indivisibilité du territoire et il se trahit encore.
Peut-on imaginer les rois de France et les révolutionnaires républicains qui ont dû, au fil des siècles, lutter face aux indépendantismes régionaux pour construire l’indivisibilité de la France, organiser le financement et la promotion des cultures et des langues bretonnes ou basques ?
Il n’a pas un logiciel de rassembleur, mais d’éclateur.
Les rois et les républicains français ont poursuivi l’objectif de construire un État-nation, soit un socle commun traditionnel, favorisé par une homogénéité nationale de peuple, d’identité, de culture et de langue.
Macron est un européiste, il ne pense que par le prisme du libre-échange et il se contrefout de l’identité. Il ne voit que des consommateurs et de la main-d’œuvre.
L’Union européenne essaie justement aujourd’hui de promouvoir les régionalismes, ce dont la Catalogne est actuellement le laboratoire, afin de faire éclater les États-nations, seuls remparts au libre-échange, par leurs leviers de protectionnisme économique.
La construction de la France a été un travail d’homogénéisation identitaire, pas seulement la création d’un espace économique à l’intérieur de ses frontières.
Macron ne peut pas lutter contre ce qu’il désigne par « séparatisme » alors que l’essence même de l’européisme est la promotion des « séparatismes » au profit d’un pouvoir fédéral économique qui laisserait aux « séparés » une autonomie culturelle.
En se comportant comme un agent de l’européisme, il ne peut, au même titre que ses collègues, qu’être incompétent face à l’islamisation croissante.
La suite de son discours bascule dans le néant intellectuel.
Petit florilège :
Il dénonce un « manque de preuves d’amour » et participe ainsi à leur victimisation.
Il exige des Français de la « patience », alors que cela fait plus de trente ans que ça dure.
Il appelle des binationaux turcs ses « concitoyens » et il déclare qu’ils sont à ses yeux « pleinement français », faisant ainsi l’éloge de la double identité.
Il n’a pas peur d’être « fraternellement autoritaire » (sans commentaires…).
Macron prendra quarante minutes pour ne parler que de République, mais jamais de France.
Forcément, car la France a une identité trop fournie, une histoire de 1 500 ans, ce qui est trop contraignant pour son modèle d’inclusion continue de nouveaux arrivants, alors qu’avec la République il peut se réfugier derrière des principes libres de toutes formes d’interprétations, tels que notre credo républicain, rabâché et recraché jusqu’au point d’en perdre tout son sens et sa beauté : Liberté, Égalité, Fraternité.
À chaque fois que l’on cherche à mélanger des populations, il faut nécessairement vider de leur substance leurs cultures respectives. L’Histoire de la France, son patrimoine culturel, artistique, architectural, gastronomique, tout cela est beaucoup trop concret et donc astreignant pour l’inclusion.
Macron doit alors, afin de créer l’illusoire unité d’une masse difforme, se reposer sur des concepts aussi abstraits qu’éculés, comme la légendaire ouverture de la France.
À l’écouter, l’histoire de la France se résumerait à écarter ses cuisses…
En conclusion, Vive la République et Nique la France !
Mais il n’a pas compris qu’en « niquant » la France il va « niquer » la République, car les deux sont consubstantielles l’une à l’autre.
A-t-on on déjà vu une république démocratique laïque dans un pays à majorité musulmane ?
Le plus grave, c’est qu’une question du public va le prouver. Et seulement quelques minutes après la fin de son monologue propagandiste. Je conseille à tout le monde de visionner ce moment d’anthologie qui commence vers la fin de la cinquante et unième minute de la vidéo de l’AFP disponible sur YouTube.
Avec un accent mi-exotique mi-banlieusard, l’intervenant, fort d’un bac ES, qu’il a, je cite, « réussi à acquérir » (le taux de réussite est de 90,7 %), et actuellement étudiant en première année de BTS MCO, ce qui suscitera, accompagné d’un clin d’œil complice, un « Bravo ! » de la part d’Emmanuel (on imagine le mépris intérieur de cet ex-élève du Lycée Henri IV, diplômé de l’ENA), va déplorer de ne pas avoir la nationalité française alors qu’il est sur le territoire depuis plusieurs années, sachant qu’il lui manque la naturalisation pour entreprendre des projets « que ce soit à l’étranger ou, par exemple, en France »… (il aurait été opportun d’approfondir cette partie, Emmanuel).
Notre étudiant va ponctuer son intervention de deux « Dieu merci » parsemés, l’un concernant son baccalauréat, l’autre son titre de séjour provisoire de dix ans.
Et là, c’est le drame.
Alors qu’Emmanuel, sentant le coup foireux, commence à plaisanter sur les « Dieu merci », après que l’intéressé a fini par (quand même) « remercier la France » – car Macron souligne préférer « surtout dans le contexte » (sic) que les remerciements soient adressés à la France, plutôt qu’à Dieu – l’étudiant va lâcher une bombe… (fort heureusement, pas au sens littéral) :
« C’est une supériorité (en parlant de Dieu par rapport à la France), c’est une supériorité, on ne peut pas l’ignorer, Monsieur… même l’Église n’ignore pas Dieu, même si, euh… les Français… »
Macron, dont on ignore s’il a conscience de l’immense malaise généré par cette intervention, tant la situation, comme son boulard, est surréaliste, réussira à passer à autre chose en plaisantant.
Ainsi, après nous avoir vendu pendant près d’une heure son projet d’inclusion, dont les intéressés seraient, selon lui, parfaitement aptes à comprendre notre vision de la laïcité, Macron trouve le moyen de laisser la parole à l’un d’entre eux qui, en seulement une minute, parvient à caser la supériorité de son Allah sur la France, et cela sans même que l’on ait eu besoin de le lui demander !
C’est d’ailleurs en marge de ce discours que Macron s’est fait prendre en photo en compagnie d’une femme voilée…
On ironisait sur la pluie qui poursuivait François Hollande, mais là, ça dépasse l’entendement.
J’ai finalement bien fait de regarder.
Félicitations Manu, encore une fois, du très grand art.
Et… Nique la France !
B.H.