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C’est au terme de trois ans d’affrontements que la Commission européenne, par l’entremise de son Office européen de lutte antifraude (Olaf), aura réussi à avoir la tête Fabrice Leggeri, directeur exécutif de Frontex. Accusé, entre autres, d’avoir couvert des refoulements par les autorités grecques, le haut-fonctionnaire français aura résisté jusqu’au bout à une cabale menée contre lui par la branche immigrationniste européenne. Alors que cette agence était censée permettre à l’Europe la défense de ses frontières extérieures, cette campagne médiatique contre l’ancien directeur est un signal fort concernant l’idéologie dominante à Bruxelles. Il est dorénavant clair que l’UE joue contre les Européens autochtones, contre leurs identités propres et contre les frontières garantes de leur sécurité et de leur liberté.
Dirigé en partie par des ONG et une partie de la Commission européenne, ce rapport à charge – proprement politique – aura été une véritable entreprise de sabotage contre, comme l’a souligné Nicolas Bay, « l’un des derniers éléments permettant de penser une Europe puissance : la défense de ses frontières extérieures ».
Frontex : la cible à abattre
Repensée à la suite de la crise migratoire de 2015, Frontex fut redéployée comme l’agence des gardes-frontières et garde-côtes de l’Europe. L’agence s’inscrivait dans la continuité du code des frontières de Schengen qui obligeait les États à prévenir le franchissement illégal de frontière en dehors des points de passages officiels. Voilà pour la doctrine. Si jamais elle doit entrer en contradiction avec la convention de Genève, qui interdit de refouler tout migrant menacé dans son pays, c’est à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de trancher. Celle-ci aura pourtant donné raison à l’Espagne, dans un arrêt du 13 février 2020, puis à la Macédoine du Nord dans des cas relatifs à des clandestins. Jurisprudences dont Fabrice Leggeri se servira, sans avoir gain de cause, pour sa défense.
La Commission européenne étant la « gardienne des traités », sa non-clarification sur ce problème de droit confirme la direction « pro-immigration » choisie par l’UE. Alors qu’en janvier dernier seize ministres de l’Intérieur demandaient, dans une déclaration commune lors d’un sommet en Lituanie, la création de clôtures aux frontières extérieures, la Commission européenne et Ursula von der Leyen refusèrent cette demande.
Le devenir de Frontex est donc celui, non pas d’une agence de protection des citoyens européens, mais bien d’une ONG accompagnatrice des migrants vers l’Europe. Au lieu d’être le rempart de protection de la souveraineté, de la libre détermination et de la continuité historique des nations, l’agence se pensera dorénavant comme la protectrice du droit des clandestins dont elle fera sa « priorité absolue ».
La réalité démographique de l’Europe
Depuis son passage en 2004 de 15 à 25 pays, l’UE se constitua en géant démographique derrière la Chine et l’Inde, mais devant les États-Unis. Ce poids démographique ne doit cependant pas cacher une triste réalité : l’Europe possède la population la plus âgée du monde, et n’est donc qu’un colosse aux pieds « séniles ».
Pendant que la pyramide des âges accentue chaque année son inversion, ce processus d’implosion démographique progresse sans que les responsables politiques ne daignent s’activer pour enrayer cette catastrophe. Plus grave, en raison de l’effondrement de la fécondité, certains pays de l’UE ont cessé d’assurer le remplacement des générations entraînant une chute de la part des moins de 20 ans dans la population et une augmentation de la part des séniors.
Depuis 1997, l’Europe est désormais moins peuplée que l’Afrique. Certains pays comme l’Allemagne connaissent même des taux d’accroissement naturels négatifs. Confrontée à ce contexte d’inversion des pyramides des âges et de déclin des populations de l’Europe, l’UE décida, et le cas Frontex en est le parfait exemple, que pour remplacer ces générations les pays européens deviendraient des pays d’immigration.
Déstabilisées par les multiples conflits et attirées par l’Europe et ses richesses, les jeunes populations d’Afrique et des Proche et Moyen-Orient, alors en vive croissance démographique et stagnation économique, devinrent les parfaits candidats à cet appel lancé par l’UE.
Une logique immigrationniste assumée
Ces immigrés étant considérés comme des facteurs de production et de consommation nécessaires à l’Europe, l’UE feint de combattre les filières de trafiquants et procède à des régularisations périodiques pour ces immigrants illégaux. Ayant fait le choix de l’immigration au lieu de la promotion de politiques natalistes pour les populations autochtones, le maintien des flux d’immigration est devenu une nécessité vitale pour l’UE.
Relevant traditionnellement de la souveraineté et de la compétence des États, le traité de Maastricht de 1992 invitait encore les gouvernements à se concerter afin de coordonner les politiques nationales en la matière. Or, depuis le traité d’Amsterdam de 1997, le transfert de ces matières (gestion des demandes d’asile et de l’immigration) à la Commission de Bruxelles, lesquelles furent rattachées au « premier pilier » des traités communautaires, acta qu’elles devaient dorénavant relever du traité de Rome comme le « marché intérieur » ou la « politique agricole commune ».
Après le traité de Nice de 2001, les États renoncèrent à leur véto, et, depuis 2004, les décisions du Conseil européen peuvent désormais être prises à la majorité qualifiée. La France n’ayant plus sa capacité d’exercer sa souveraineté, elle demeure incapable de prendre les dispositions juridiques qui lui permettraient d’agir sur l’immigration. Entravée par les structures supranationales que sont la CJCE (Cour de justice de l’Union européenne) et la CEDH, elle ne peut que se soumettre à des règles intransgressibles lui promettant une désintégration prochaine et une perte d’identité certaine.
Les conséquences d’un tel choix
L’acceptation de ces flux est le renoncement à toute politique d’intégration et d’assimilation. Toute l’histoire de l’immigration nous enseigne que le mélange se fait sur un rythme lent – en deux ou trois générations – au fil des mariages mixtes, d’une scolarisation publique forte et d’une imprégnation culturelle au sein de la population autochtone. Le nombre est donc capital, et n’oublions pas, aussi, que ces facteurs dépendent de la culture d’origine des immigrés. Toutes les immigrations ne se valent pas. À ce titre, Pierre Milza nous rappelait que sur les quelque 3 500 000 Italiens qui vinrent en France entre 1870 et 1940, seuls 1 200 000 à 1 300 000 sont restés : le creuset français fonctionnait donc d’une manière fort sélective et discriminante.
L’accentuation de la proportion et de la concentration géographique, dans les pays de l’Union, de populations d’origine extra-européenne est l’avenir de l’Europe. Toutefois, peut-être ne faut-il pas oublier la mise en garde du démographe Alfred Sauvy lorsqu’il écrivait : « Si décisifs sont les problèmes de population qu’ils tirent de terribles, et souvent fatales, revanches sur les sociétés qui s’obstinent à les ignorer. » La voie prise par l’UE indique une volonté d’acter l’évolution démographique européenne, et, par conséquent, d’accepter les répercussions géostratégique et géopolitique qui en découleront pour notre continent. De grands bouleversements politiques, sociaux et économiques procéderont de la transformation ethnique et culturelle de nos peuples.
L’analyse réalisée sur les dernières élections présidentielles, celle du danger de la tenaille Terra Nova (Grand Remplacement/Grand Vieillissement), n’est que la surface d’une lame de fond dont les décalages temporels et les évolutions démographiques sous-tendront la géopolitique des prochaines décennies. Au XIXe siècle, c’est la transition démographique de l’Europe qui a peuplé l’Amérique du Nord, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Aujourd’hui, c’est l’explosion démographique des Latino-Américains qui décidera, en partie, du sort du prochain locataire de la Maison-Blanche. Alors que nous réserve l’accroissement des populations musulmanes et étrangères sur nos terres ? L’unification de l’Europe se fera-t-elle par l’arrivée d’un Napoléon musulman, comme Houellebecq le sous-entendait dans son livre Soumission ?
Bruxelles contre les nations européennes
L’Europe de Bruxelles est déterminée à se saborder dans la mondialisation (flux des hommes, capitaux et biens) sans prendre en considération les particularismes identitaires et nationaux. Elle continue de refuser le fait que la condition politique repose sur la séparation des groupes humains qui assure leur diversité. En Europe, c’est la nation qui fut la forme politique qui symbolisa la séparation entre les hommes par la langue, les mœurs, les lois et les cultures. Fondée sur le sacré de la frontière, elle instaurait, de fait, la séparation fondamentale entre le « nous » et les « autres ».
L’Europe de Bruxelles est le projet politique de tous les affranchissements et particulièrement de la condition humaine. Se faisant la championne du libéralisme, du capitalisme financier et d’une foi dans le progrès que l’on peut qualifier aisément de scientisme, l’Europe « réellement existante » est celle du transhumanisme, de la transexualité et du transfrontiérisme. Elle est celle de la fabrique d’un homme hors-sol sans origines, sans liens et sans foi grâce à l’indifférenciation généralisée.
Croyant se faire le phare de l’humanité par prétention au règne universel de la raison, les Occidentaux (les Européens sous domination américaine) continuent de penser – naïvement – qu’ils portent le seul modèle idéal de vie pour l’humanité. Convaincue que la révolution industrielle, la démocratie et les droits de l’homme sont la panacée pour tous les hommes, cette Europe se pense comme le point d’aboutissement de l’humanité vers lequel tous les autres peuples devraient converger. Cela causera-t-il sa perte ?
Rodolphe Cart, dans la revue Éléments
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