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« La nuit, on est réveillé toutes les heures quand on n’a pas de chance, toutes les deux heures quand on a de la chance, par des cris, des hurlements, des bagarres. » Ce témoignage ne vient pas d’un Ukrainien mais d’une habitante du quartier de Stalingrad, Sylvie, exprimant son ras-le-bol face aux toxicomanes qui se sont emparés de sa zone de domicile, faisant vivre l’enfer aux riverains. 1.026 homicides, 306.700 coups et blessures volontaires, 8.500 vols avec armes. Ce ne sont pas les chiffres de la guerre qui frappe actuellement l’est du « Vieux Continent », mais ceux de la criminalité en France pour l’année 2021 (cf. Insécurité et délinquance en 2021 : une première photographie – Interstats Analyse n° 41 » du SSMSI).
Depuis une semaine, le monde est paralysé par le conflit entre l’Ukraine et son voisin russe. Rapidement, les principales figures politiques françaises ont apporté leur soutien au pays attaqué afin de mettre fin aux opérations militaires. Mais comment peut-on promettre la paix à des kilomètres de nos frontières sans mettre en place tous les moyens nécessaires afin de la préserver dans nos villes ? Comment avoir ne serait-ce que la légitimité de promouvoir un idéal de paix pour mon voisin alors que chez moi l’insécurité règne ? En effet, la guerre est tragiquement aux portes de l’Europe, mais elle se trouve également aux portes des habitants de Barbès, de la Guillotière, de Sevran et d’innombrables autres quartiers en France gangrenés par la criminalité et submergés par une immigration extra-européenne qui méconnaît la beauté de l’assimilation.
Selon la 21e édition du Baromètre Fiducial de la sécurité réalisé par Odoxa (octobre 2021), la sécurité occupe la seconde place des enjeux les plus importants pour l’élection présidentielle de 2022, derrière le pouvoir d’achat et devant l’immigration, et, selon cette même enquête, plus de 8 Français sur 10 (82 %) indiquent que les propositions en matière de sécurité compteront dans leur vote à la présidentielle. Cependant, les réponses actuelles au problème ne rencontrent pas un vaste succès au sein de la population : 62 % des Français jugent « mauvais » le bilan d’Emmanuel Macron en matière d’insécurité, 64 % déclarent se « sentir en insécurité » et 74 % sont insatisfaits de la lutte contre la délinquance (sondage Fiducial-Odoxa paru le dimanche 6 février dans Le Figaro).
Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas ici d’affirmer bêtement qu’il faut suspendre la solidarité envers l’Ukraine tant que tous les trafiquants de drogue ne sont pas derrière les barreaux, ou d’établir aveuglément une hiérarchie des situations en fonction de leur gravité, comparant deux cas différents et en minimisant l’ampleur du contexte ukrainien et le sort réservé aux victimes du conflit. En effet, ce dernier est au cœur d’enjeux géopolitiques décisifs pour l’avenir de notre continent et les franchissements de seuils de violence que connaissent les Ukrainiens n’appartiennent évidemment pas à l’échelle de la criminalité dans certains quartiers en France.
L’intérêt est de comprendre que pour prétendre à la paix en Europe, il faudrait la retrouver chez nous.
Ainsi, si le retour de la paix en Ukraine et l’accueil des réfugiés par les pays frontaliers sont des nécessités, il ne faut pas qu’à un mois de l’élection présidentielle, le conflit devienne le sujet unique de la campagne, au risque de masquer les autres dignes d’intérêt, notamment ceux où le gouvernement actuel est impuissant.
Afonso Chaby, Boulevard Voltaire
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