Source Boulevard Voltaire
C’est le mot d’ordre, aujourd’hui, car la question est de sauver… Bayer !
La toxicité avérée du glyphosate est enfin reconnue par la Justice américaine, qui a indemnisé le préjudice de Dewayne « Lee » Johnson, en condamnant Monsanto à lui verser 289 millions de dollars, réduits à 78,5 millions de dollars en appel. Plus récemment, le cas d’Edwin Hardeman y a été tranché de façon similaire…
La bataille a fait rage, au Parlement européen, pour éviter l’interdiction du produit sous l’impulsion tant des lobbyistes de la chimie agricole que des groupes et syndicats du productivisme. Au premier rang, la France, qui dispute avec succès, depuis des années, aux Pays-Bas le titre de champion du monde d’utilisation de pesticide par tête d’habitant. On brigue les titres qu’on peut…
Les Pays-Bas ont perdu 75 % de leur biodiversité, la France 25 % (seulement). Il y a encore une marge de tolérance pour les empoisonneurs et surtout pour l’acceptation de rapports fallacieux – rédigés par ces « experts » au profil parfois improbable – présentés aux décideurs, notamment au Parlement européen : « Monsanto savait et ils ont caché la vérité au monde », a affirmé, mercredi 20 mars, Éric Andrieu, député européen PS et président de la commission d’investigation « Pesticides ». Le rapport présenté à Bruxelles était un copier/coller de l’habillage établi par Monsanto…
C’est, aujourd’hui, Bayer qui va payer les pots cassés et les indemnités des condamnations qui vont se multiplier tant aux USA qu’en Europe : cela va se chiffrer en milliards.
Un malheur n’arrivant jamais seul, c’est maintenant en France que la première condamnation a été prononcée, le 11 avril dernier, à Lyon, contre Monsanto, après procédure fleuve, au bénéfice de l’agriculteur Paul François ; les indemnités restent à fixer.
Plusieurs pays (dont le Vietnam, où l’agent orange de Monsanto n’avait pas laissé que de bons souvenirs) viennent d’interdire le glyphosate. Le 15 avril, la CDC’s Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR) a présenté une étude confirmant la toxicité du glyphosate, déjà classé « cancérigène probable » par l’OMS.
L’assemblée générale du 27 avril a été mouvementée. Le directoire avait pourtant recueilli 97 % d’approbation à ses orientations l’an passé.
Le rachat de Monsanto, finalisé en juin par le nouveau PDG Werner Baumann, n’a pas débouché sur le succès escompté : Bayer a perdu plus de 30 milliards d’euros depuis l’arrivée de ce financier à sa tête ! De 100 euros, en juillet 2018, l’action vient de tomber en dessous de 60 euros… et ce n’est probablement pas terminé ! Bayer est, aujourd’hui, valorisé à 57 milliards d’euros… en regard des 63 milliards d’euros du rachat de Monsanto ! Supprimer, comme c’est prévu, le nom « Monsanto » ne changera rien à l’affaire…
La direction a été sanctionnée lors de l’assemblée générale du 26 avril par 56 % des actionnaires. Le conseil d’administration statuera sur le sort de Werner Baumann.
Miraculeusement, le 30 avril, est sortie une « étude » niant la toxicité du glyphosate émanant de l’Agence américaine pour l’environnement, dont les liens avec Monsanto et la FDA ne sont plus à démontrer. Cela n’étonnera personne, surtout pas ces « experts » dont certains, hélas, sont des médecins. Incompétents ou peu scrupuleux, cela reste à débattre. Santé publique contre gros sous, le match n’est donc pas terminé…
Un rapport instructif, publié en octobre 2018 dans Annals of Internal Medicine, montre qu’on a explicitement demandé à plus de 25 % des biostatisticiens de truquer des résultats !
Les bobards pseudo-scientifiques ont encore de beaux jours devant eux !