Comment ‘R : BHL prône la guerre à tout va. Irak, Libye…. Que des échecs, de la désolation et des dizaines de milliers de réfugiés sur les routes. A priori cela ne suffit pas il faut intervenir immédiatement en Ukraine et faire la guerre à la Russie. BHL devrait se souvenir que l’arme nucléaire n’est pas loin…. IL n’est peut-être pas temps de jouer avec le feu…. Chacun appréciera.
Jeudi 24 février, sur France 2, Dominique de Villepin était opposé à Bernard-Henri Lévy. Villepin est un diplomate chiraquien, qui a prononcé le magnifique discours de 2003 aux Nations unies, contre l’intervention en Irak. Lévy est un écrivain « engagé », qui a couvert tous les conflits des trente dernières années en chemise blanche. C’est à Villepin que nous devons, certes, les émeutes ethniques de 2005 et leur règlement par des imams. Mais c’est à Lévy que nous devons l’intervention de Sarkozy en Libye, et le chaos qui a suivi. Il aurait pu s’agir d’un combat de catch de seconde zone entre deux has been de la géopolitique. Il n’en a rien été.On aurait tort de prendre Dominique de Villepin pour sa propre caricature. Volontiers tourné en dérision pour ses poses de hussard de la diplomatie, de poète napoléonien échevelé, gentiment moqué dans Quai d’Orsay, l’ancien Premier ministre a été définitivement mis hors de combat par Sarkozy, dont il était la parfaite antithèse. S’il avait été un peu moins brillant, un peu plus à droite, un peu plus tribun, qui sait… En tous les cas, il affrontait, ce jeudi, un monument de l’échec géopolitique français.Pour le coup, en effet, on aurait raison de prendre Bernard-Henri Lévy pour sa propre caricature. C’est même à se demander s’il y a quelque chose d’autre à en retenir. Plagiaire, égocentrique, il a écumé les théâtres d’opérations français en chemise blanche et gilet pare-balles : sur la pointe des pieds pour être plus grand que les Kurdes, posté, comme un reporter de guerre, derrière un muret au-delà duquel les Serbes allaient tranquillement, dans la rue, acheter des clopes… Impayable! Il en est toujours revenu sans une égratignure, avec de grandes phrases creuses (sa chronique hebdomadaire du Point est un modèle du genre) et des solutions définitives, clés en main, pour politiciens faibles. Comme beaucoup de gens qui n’ont pas connu le feu, Bernard-Henri Lévy a une fascination trouble pour l’emploi de la force brute. Il faut, selon lui, « surenchérir » face à Poutine. Ce n’est pas lui qui surenchérira, entendons-nous bien : à la guerre, il fait froid, on a peur et on se salit les habits. Mais il est tout prêt à encourager les puissances occidentales à donner une bonne leçon à l’ogre russe. Il lira alors le Battle Damage Assessment (BDA) à la terrasse du Flore en terminant son allongé.Villepin lui a tout simplement rappelé, jeudi soir, deux choses essentielles. D’abord, le souvenir des peuples que notre propre vanité occidentale a martyrisés : Irakiens, Libyens (il aurait pu dire Serbes et Maliens) portent encore dans leur chair et sur leur sol les horribles traces de nos généreux sentiments. Ensuite, les « postures de plateaux télé », comme il l’a dit avant de quitter l’émission, ne mènent nulle part. Partisan d’une solution négociée, comme Sarkozy, comme Mélenchon, Dominique de Villepin sait bien que les vociférations télévisuelles n’ont rien à voir avec l’engagement de sa propre peau sur un champ de bataille.
Que faire? #Villepin qui ne se lasse pas de revivre son moment irakien, a sa solution: palabres, risettes, et «judo». Au mieux, la même niaiserie qui a pavé la voie aux tanks de #Poutine. Au pire, offense aux #Ukrainiens dont les souffrances semblent son dernier souci. Dommage… pic.twitter.com/y1yGmtE9OO
Monsieur Lévy s’est vengé sur Twitter, avec un courage parfaitement représentatif de son sens de l’engagement physique. J’ai le souvenir de l’avoir vu une seule fois sur le point de se battre à la télévision : quand il avait été entarté dans les années 80. Il était hors de lui et même un peu vulgaire, sur le mode « allez, ramène ta g… ». Desproges s’était magnifiquement moqué de lui, en une formule sur le vrai visage des cuistres. Tout un symbole. Ce jeudi, Monsieur de Villepin, lui, est parti du plateau avant que les choses ne dégénèrent, comme Chirac son maître, en 2001, quand on avait sifflé « La Marseillaise » pendant le match France-Algérie. On en conclura bien ce que l’on veut sur ce que Soljenitsyne appelait le déclin du courage. Toujours est-il que Villepin avait parfaitement raison sur le fond, et que même La France insoumise lui a rendu cet hommage.
Née à Moscou, russe d’origine et russophone, agrégée d’allemand, Héléna Perroud fut une collaboratrice du Président Jacques Chirac, qu’elle accompagna notamment lors de ses voyages en Russie. Ancienne directrice de l’Institut français de Saint-Pétersbourg de 2005 à 2008, elle a signé Un Russe nommé Poutine aux Éditions du Rocher (2018). Cette spécialiste de la Russie contemporaine qui suit quotidiennement l’actualité du pays a accepté, pour Boulevard Voltaire, de décrypter les événements actuels en éclairant les motivations, bonnes ou mauvaises, du géant russe.
L’Ukraine est aujourd’hui assaillie par Vladimir Poutine. Comment le maître du Kremlin peut-il à ce point poser sa botte sur un pays indépendant ? C’est incompréhensible, à l’Ouest.
Parce qu’il y a une appréciation différente de l’Histoire. Le point de départ de 2014 [en février 2014, le président d’Ukraine Viktor Ianoukovytch est destitué durant ce qu’on appellera la révolution de Maïdan, NDLR] n’est pas du tout le même quand on le regarde avec un œil occidental ou un œil russe. Depuis 2014, les Russes considèrent ce tournant comme un coup d’État alors que nous, Occidentaux, nous le voyons comme une révolte populaire contre un président corrompu aux mains des Russes.
Comment cette situation s’est-elle cristallisée récemment ?
Les Russes sont à l’initiative, depuis le 17 décembre, avec deux textes rendus publics pour régler la question de la sécurité de la Russie : leur proposition est irrecevable par les Américains et par l’OTAN. Les Russes en ont tout à fait conscience. Tout part d’un sentiment d’humiliation et de trahison par les Russes, et par Poutine en particulier. Il a, par rapport à ses interlocuteurs européens, la mémoire des événements tout simplement parce qu’il a été lui-même acteur de toutes ces dernières années. Poutine est aux commandes de la Russie depuis août 1999 : il a en tête les engagements successifs des uns et des autres. Il a eu beaucoup d’interlocuteurs : côté américain, il en est à son cinquième président. Côté français, à son quatrième Président et côté allemand, à son troisième chancelier. Il a la mémoire du temps long et, en face, des interlocuteurs qui font un bout de chemin avec lui ou contre lui. Le problème de fond s’enracine en 1990. La réunification de l’Allemagne se fait avec l’accord de l’URSS de l’époque, moyennant cette fameuse promesse non écrite de James Baker, secrétaire d’État du président Bush de 1989 à 1992, de non-élargissement, à l’est, des frontières de l’OTAN, et de non-élargissement, à l’est, d’une Allemagne réunifiée. C’est cela, le nœud du conflit.
Car cette promesse n’a pas été respectée, estime Poutine.
Non, depuis cette promesse non écrite, il y a eu cinq élargissements à l’est de l’OTAN. Ce n’est pas par la tectonique des plaques que la Russie s’est retrouvée aux frontières de l’OTAN ! Aujourd’hui, des pays de l’OTAN sont frontaliers de la Russie. En 1999, trois pays, et pas des moindres – la République tchèque, la Pologne et la Hongrie -, ont rejoint l’OTAN. Sept pays ont suivi en 2004, deux pays en 2009, un en 2017 et un en 2020 (la Macédoine du Nord). Pourquoi Poutine insiste-t-il sur ces textes du 17 décembre 2021 proposés à la signature des États-Unis et de l’OTAN ? Pourquoi insiste-t-il sur les frontières de l’OTAN telles qu’elles étaient en 1997 ? Le premier et dernier texte signé en 1997 entre la Russie moderne par Boris Eltsine et les dirigeants des pays de l’OTAN de l’époque, l’Acte fondateur OTAN-Russie, jette les bases d’une relation apaisée entre la Russie nouvelle tournée vers l’Occident qui voulait en finir avec son passé communiste et les pays occidentaux de l’OTAN. C’est la pierre fondatrice de l’édifice de sécurité en Europe. Tout ce qui s’est passé depuis 1999, toutes ces vagues d’élargissement sont pour Poutine sujettes à caution. Elles se sont faites contre la Russie.
Pourquoi, du coup, se concentrer sur l’Ukraine avec tant d’insistance et d’alacrité ?
Pour le comprendre, il faut revenir aux années 1990, aux balbutiements de cet État tout neuf qu’était la Fédération de Russie. La Russie n’est plus l’URSS : elle ne se définit pas comme, d’emblée, ennemie de l’Occident, j’espère que cela ne changera pas… On a, depuis les dernières élections américaines à la Maison-Blanche, un homme d’un certain âge. Joe Biden a dix ans de plus que Poutine. Toute sa vision du monde s’est forgée au moment de la guerre froide, dans cet affrontement idéologique très violent entre le bloc soviétique et le pays de la liberté que sont les États-Unis. Paraît, à cette époque, un texte fondateur que les diplomates et militaires russes connaissent par cœur, c’est Le Grand Échiquier, de Zbigniew Brzeziński. Cet Américain d’origine polonaise (les Polonais et les Russes ne sont pas les meilleurs amis) est conseiller de Jimmy Carter à la Maison-Blanche. Il reste très influent jusqu’à son dernier souffle, en 2018. Dans Le Grand Échiquier, il explique en substance que, pour que la paix règne dans le monde, il faut que les États-Unis continuent à dominer le monde. Pour cela, il faut gagner la partie sur le grand échiquier qu’est l’Eurasie et, sur « ce grand échiquier », l’autre joueur important, c’est la Russie.
Il veut donc pratiquer une politique de containment, de contingentement ?
Oui, pour que la Russie devienne une puissance régionale et non plus mondiale, il faut la détacher de ses pays satellites, ceux d’Asie centrale, les pays en « stan » et ceux d’Europe orientale. Et parmi ces derniers, un pays a une signification toute particulière : l’Ukraine. Brzeziński le dit noir sur blanc en 1996, à une époque où Boris Eltsine vient d’être (mal) réélu, lors d’une élection trafiquée pour éviter le retour des communistes au pouvoir. Brzeziński écrit alors : « Il faut d’ores et déjà, même si cela paraît lointain, annoncer à l’Ukraine qu’elle pourra, dans la décennie 2005 à 2015, rejoindre l’Union européenne et l’OTAN. » Les Russes lisent les événements de cette décennie, la révolution orange de 2004 et le renversement du régime ukrainien en 2013-2014 comme l’agenda américain défini par Brzeziński. Ils considèrent que ses successeurs ont suivi très fidèlement cet agenda.
Chaque semaine, Boulevard Voltaire sélectionne dans l’actualité des infos insolites et extravagantes qui nous ont fait sourire, ou des sujets plus sérieux. En ces jours tragiques où la guerre fait rage en Ukraine et où l’armée russe attaque la capitale, le ridicule n’a pas pourtant complètement pris congé de la scène politique et médiatique.
Anne Hidalgo s’est encore distinguée à plus d’un titre. Sur la guerre en Ukraine, la candidate PS, à 2-3 % dans les sondages, a placé comme « première priorité de son action » la « diplomatie climatique » ! Mais du côté LR, Valérie Pécresse devient une concurrente sérieuse, avec l’affaire des électeurs fantômes (ou chiens) de la primaire. Vous ferez aussi connaissance avec l’acteur Jean-Paul Rouve et son engagement fort pour les migrants. Vous verrez à quel point la com’ LREM sur Macron président de la paix a bien vieilli, en trois jours. Et vous aurez plaisir à reprendre une tasse avec Anne Hidalgo et Sandrine Rousseau qui, sur la question des parrainages, ne veulent ni de Zemmour ni de Marine Le Pen dans le cadre démocratique.
Le malheureux téléspectateur français qui essaie de s’informer et de comprendre le drame qui se joue en Ukraine doit subir le bla-bla de quelques chroniqueurs qui parlent à perte de vue d’un sujet qu’ils n’ont pas eu l’honnêteté d’étudier. Notamment les accords de Minsk.
Comment ont été élaborés les accords de Minsk ? Ces accords de Minsk I et Minsk II ont été conclus en 2014 et 2015 pour mettre fin aux hostilités et promouvoir une solution pacifique durable. Ils ont été menés sous l’égide d’une diplomate suisse (Mme Tagliavini), signés par l’Ukraine et la Russie, en présence des représentants des zones rebelles. Une déclaration de soutien de la France et de l’Allemagne y a été annexée. Enfin, en février 2015, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé à toutes les parties au conflit de respecter le cessez-le-feu signé en février 2015 et les accords de Minsk de septembre 2014.
Que disent les accords de Minsk ? Outre un cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes du front, la création d’une zone de sécurité de 70 km de large, l’échange « tous contre tous » des prisonniers, le tout sous la surveillance de l’OSCE, le plus important était les dispositions politiques et démocratiques : tenue d’élections locales conformément à la législation ukrainienne (notamment la loi relative aux modalités temporaires de l’exercice de l’autonomie locale dans les régions de Donetsk et de Louhansk), ainsi que le régime futur de ces zones dans le cadre de cette loi. Rétablissement des rapports socio-économiques, notamment des transferts sociaux tels que versement des pensions et autres paiements. Le « droit à l’autodétermination linguistique » : on rappellera en effet que, durant des années, non seulement les bénéficiaires russophones de prestations sociales ne recevaient plus leurs documents sociaux en russe mais en ukrainien, mais encore que les prestations sociales n’étaient plus versées… Et, surtout, les clauses 10 et 11 n’ont pas été respectées. La clause 10 prévoyait « sous le contrôle de l’OSCE, le retrait du territoire ukrainien de l’ensemble des unités armées étrangères, équipements militaires et mercenaires étrangers ». Et le «< désarmement de tous les groupes illégaux ». Quant à la clause 11, elle visait « une réforme constitutionnelle […] dont un élément essentiel serait la décentralisation, compte étant tenu des spécificités de certaines zones des régions de Donetsk et de Louhansk ».
Les accords de Minsk ont-ils été violés ? Oui, sans l’ombre d’un doute. Non seulement la fédéralisation de l’Ukraine est restée lettre morte, mais encore et surtout, des milices paramilitaires se sont maintenues et sont venues créer des incidents aux confins du Donetsk. Qui finance, équipe, dirige les groupes paramilitaires, les milices ? Par exemple, le bataillon Azov, qui n’est devenu, que pour la façade, une force du ministère de l’Intérieur. Quel est le rôle de l’oligarque Kolomoïsky, à la triple nationalité, ex-directeur de PrivatBank, fondateur de milices, qui, après des détournements allégués, a quitté l’Ukraine pour y revenir en 2019 en soutien encombrant de l’actuel président ?
L’histoire de l’Ukraine est une histoire infiniment tragique. Ballottée entre Pologne, Autriche et Russie, puis entre stalinisme et hitlérisme, puis à nouveau stalinisme, les massacres de Volhynie, l’ombre de Bandera, cela marque encore les mémoires d’aujourd’hui. Ignorer tout cela, c’est se condamner à dire d’ignares sottises sur la crise ukrainienne actuelle et sur la façon de la dénouer. Plus le temps passe, plus l’ignorance aggrave la crise. Les accords de Minsk étaient déjà morts quand Biden a soufflé sur les braises. Il prépare ses midterms qui, en novembre, risquent de lui être fatales : un Sénat à nouveau républicain reprendrait sans doute la ligne de paix Trump, révulsant le deep state militaro-industriel. En France, la possible défaite de Macron permettra-t-elle, dans le climat émotionnel actuel, de relancer une solution intelligente et juste en Ukraine ? Une Ukraine fédérale, lieu de coopération entre la Russie et l’Europe, neutre dans une Mitteleuropa démilitarisée et l’évacuation de la CIA fauteur de guerres ?
Nous avons pu capter en vidéo une scène qui témoigne de l’impuissance des policiers face à une nouvelle substance très dangereuse. Trois individus ont consommé du protoxyde d’azote, communément appelé gaz hilarant, à côté de leur véhicule. Excédé par le tapage nocturne, un riverain a contacté la police nationale. Au bout d’une demi-heure, un équipage arrive sur place. Les images que nous avons tournées montrent que les forces de l’ordre ont effectué un simple contrôle d’identité avant de laisser repartir le véhicule.
La Citroën C4 rouge, conduite par un individu ayant consommé du protoxyde d’azote, représentait alors un danger grave. Une note du ministère de l’Intérieur indique que l’usage détourné de protoxyde d’azote, originellement utilisé comme complément alimentaire, a des effets immédiats comme la désorientation, la perte de connaissance ou encore l’asphyxie. En septembre 2021, un chauffard sous gaz hilarant a percuté grièvement quatre personnes sur les Champs-Élysées.
Dans les images que nous avons tournées, comment se fait-il que les policiers n’aient rien pu faire pour mettre hors d’état de nuire le véhicule ?
Un angle mort juridique
Contacté par nos soins, le commissariat de secteur assure que l’« affaire a été traitée sur place, un contrôle d’identité a été effectué ». Le protoxyde d’azote n’est pas classé comme drogue mais comme substance vénéneuse. Ainsi, selon le service presse de la police nationale à qui nous avons montré nos images, « la consommation détournée de protoxyde d’azote n’est pas considérée comme un délit. Pour l’instant, la loi ne prévoit pas ce cas de figure. » Alexandre Langlois, policier et responsable syndical, considère que c’est ce vide juridique qui empêche les forces de l’ordre d’assurer la sécurité de la voie publique. « Si jamais les policiers entravent la liberté de ces personnes parce qu’elles peuvent mettre en danger la vie d’autrui en ayant une conduite altérée par rapport à la prise de ce gaz, malheureusement, on pourrait leur répondre légalement que le législateur n’a rien fait », détaille le fonctionnaire. « Les policiers auraient dû s’expliquer, auraient dû faire un rapport. Ils auraient été condamnés par l’administration en dommages et intérêts pour entrave à la liberté de circulation. Il y aurait eu des procédures disciplinaires. Beaucoup de forces de l’ordre ont plus peur de leur propre hiérarchie que des délinquants dans la rue », conclut amèrement le secrétaire général du syndicat VIGI.
Pour l’heure, en France, aucun inventaire n’a encore été dressé concernant le nombre de morts sur la route lié à l’usage détourné de « proto ». À l’étranger, la police néerlandaise a compté 960 décès sur la route. Le gaz hilarant fait de moins en moins rire la police et… les victimes.
Découvrez notre reportage sur l’impuissance de la police contre le gaz hilarant.
Si la croissance des prix de l’énergie en général et du gaz en particulier, depuis l’été 2021, trouve ses origines dans une rupture structurelle de l’offre et de la demande déconnectée du conflit russo-ukrainien, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février, aura, à court terme, des conséquences majeures sur les marchés énergétiques mondiaux. Alors que les prix du gaz s’étaient légèrement relâchés, depuis début février, en trois jours, ils se sont renchéris de 90 %. Quant au baril de pétrole, il n’est pas en reste : sur la seule journée du 24 février, il a franchi la barre fatidique des 100 dollars. S’il s’agit là d’une réaction à chaud des marchés, la position énergétique clé de la Russie (troisième producteur de pétrole, avec 12 % de la production mondiale, et deuxième producteur de gaz naturel, avec 17 % de la production mondiale) laisse peu de doute quant à l’effet dévastateur de ce conflit sur les marchés du gaz et du pétrole.
La Fédération de Russie est une « économie de rente » exportant de nombreuses matières premières : pétrole, gaz et charbon, mais aussi aluminium, nickel, cuivre, cobalt, or et platine. Le secteur des hydrocarbures représente à lui seul 40 % du PIB, 70 % des exportations et surtout 35 % du budget fédéral. La seule sanction économique réellement efficace serait que la communauté internationale cesse tout achat de gaz et de pétrole russes. Séduisante sur le papier, cette option déjà utilisée dans le passé sans grande efficacité en Irak et en Iran est-elle pour autant crédible ?
La moitié des exportations de pétrole russe est destinée à l’Union européenne dont, en priorité, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne. L’autre moitié transite plutôt vers l’Est et alimente d’anciennes républiques soviétiques ainsi que la Chine, dont la dépendance pétrolière atteint, aujourd’hui, 70 %. Si l’Europe imposait un embargo sur le pétrole russe, ce dernier pourrait trouver assez facilement preneur à l’Est. Un copier-coller de l’inefficace embargo iranien dont le pétrole proscrit en Europe s’écoulait vers l’Est au grand bonheur de l’empire du Milieu qui pouvait négocier des prix attractifs. En revanche, le déficit russe devrait, alors, être compensé en Europe par du pétrole en provenance du Moyen-Orient, voire du pétrole de schiste américain. Ce jeu de chaises musicales impacterait à coup sûr le prix du baril, faisant payer aux Européens leur demande au prix fort. Sauf à y associer la Chine, l’embargo pétrolier n’aurait donc que peu d’effet négatif sur l’économie russe. Il profiterait principalement aux producteurs pétroliers, tandis que l’Europe en serait le « dindon de la farce ».
La situation est différente pour le gaz qui, contrairement au pétrole, ne peut aisément se transporter d’un point à l’autre de la planète. L’Europe est le principal client de la Russie (40 % du gaz européen provient de Russie) et la Russie son principal fournisseur. Si l’Europe imposait un embargo sur le gaz russe, ce dernier ne pourrait pas trouver preneur, les principaux gazoducs (Brotherhood, Yamal, Nord Stream) pointant exclusivement vers l’Europe. La Russie verrait alors sa rente gazière réduite à néant. En théorie très efficace, cet embargo gazier est-il pour autant réalisable. En d’autres termes, l’Europe pourrait-elle se passer du gaz russe ?
Le seul substitut crédible s’appelle gaz naturel liquéfié. Transitant sur les océans via des méthaniers, il suffit, pour importer du GNL, de disposer d’un accès à la mer, d’installations portuaires dédiées et d’équipements de regazéification. De nombreux pays européens disposent de terminaux méthaniers sur la façade atlantique (Portugal, Espagne, France, Belgique, Pays-Bas), baltique (Allemagne, Pologne) et méditerranéenne (Grèce, Italie, Espagne). La France possède quatre terminaux à Fos, Dunkerque et Montoir-de-Bretagne. Une fois regazéifié, le gaz peut alors transiter dans le réseau pour alimenter les pays européens ne possédant pas d’accès maritime, comme la République tchèque ou la Slovaquie et qui, par ailleurs, sont les plus dépendants du gaz russe (85 % pour la Slovaquie et 100 % pour la République tchèque, contre seulement 17 % pour la France et 10 % pour l’Espagne).
Hélas, quand on regarde de près les quantités, les importations gazières de Russie représentent le tiers de la production mondiale de GNL. Une production provenant principalement du Qatar, du Nigeria, de Malaisie, d’Australie et des États-Unis, mais transitant principalement vers le Sud-Est asiatique (Chine, Japon et Corée), qui consomme plus de 70 % de la production mondiale. Les importations additionnelles de GNL vers l’Europe ne pourraient donc combler que très partiellement le déficit d’importations russe. Par ailleurs, le combat commercial autour du GNL entre l’Europe et l’Asie conduirait inexorablement à des cours stratosphériques que l’on ose à peine imaginer. Une situation juteuse pour les Américains nous vendant « généreusement » leur gaz de schiste liquéfié au prix fort.
Qu’il s’agisse de pétrole ou de gaz, les Européens se retrouvent donc en position de faiblesse et devraient être les grands perdants de ce jeu géopolitique américano-russo-chinois machiavélique. Sauf à fermer les yeux sur la situation ukrainienne et à tendre la main au tyran ou à accepter des restrictions énergétiques draconiennes, le consommateur européen doit malheureusement s’attendre, dans les prochains mois, à voir sa facture énergétique déjà élevée s’accroître à nouveau de façon très significative. Une situation complexe et inquiétante qui sera certainement l’un des dossiers les plus chauds pour le Président élu au soir du 24 avril.
Les associations d’étudiants et de travailleurs notent une augmentation des actes de racisme et des arrestations ciblées de personnes noires. Selon la directrice pays de Terre d’asile en Tunisie, Sherifa Riahi, les autorités se justifient officieusement en évoquant « un recensement », car le nombre de Subsahariens présents sur le territoire ne correspond pas aux chiffres de la police des frontières.
Un cliché de face et de profil, comme dans les films américains. Ainsi s’est terminée l’étrange interpellation de Modeste Meto, arrêté en plein jour à Tunis le 1er février. Venu étudier l’informatique de gestion pour compléter sa formation, le Béninois de 25 ans a eu l’impression d’être traité « comme un grand criminel ». Jusque-là, il avait surtout fait l’expérience du racisme ordinaire, de ces « Dégage ! » lancés par des inconnus et du mépris des passagers qui refusent de s’asseoir à côté de lui dans le bus. Mais jamais encore on ne l’avait raflé.
Le jeune homme était au téléphone dans une rue du quartier de L’Ariana à Tunis, quand un agent l’a interpellé pour lui demander ses papiers, avant de lui intimer l’ordre de rejoindre d’autres Subsahariens entassés dans un fourgon de police. Au poste, vingt-cinq autres Noirs attendent déjà. « Tous ceux à qui j’ai parlé étaient des étudiants, en règle », précise le Béninois. Après un prélèvement salivaire et la prise de ses empreintes digitales, un agent le photographie avec une pancarte où figurent son nom écrit en arabe et sa date de naissance. Il doit ensuite signer un document entièrement rédigé en arabe pour récupérer son passeport.
Mais pourquoi Modeste Meto a-t-il été arrêté ? Sollicitées par l’Association des stagiaires et étudiants africains en Tunisie (AESAT), les autorités se bornent à évoquer « un fichage ». Pourtant, d’après Christian Brice Kwongang, le président de l’AESAT, de nombreuses rafles de ce genre ont eu lieu en février. « Les étudiants sont interpellés parfois devant leurs universités, dans des cafés. Ça dure depuis la mi-décembre 2021, mais le phénomène s’est accéléré. Beaucoup d’étudiants n’osent plus sortir de chez eux », dit-il, ajoutant que des cas similaires ont également été enregistrés dans les villes côtières de Mahdia, Sousse et Monastir. […]
Les obsèques du célèbre chercheur et prix Nobel de médecine, Luc Montagnier, se sont déroulées sans la présence des médias ou de représentant du gouvernement. Une omerta difficilement explicable, tant les travaux du chercheur ont fait avancer la science.
“Wokipédia” :
l’Enfer d’extrême-gauche Une affaire récente de bannissement de contributeurs francophones de l’encyclopédie Wikipedia nous ont poussé à enquêter sur le fonctionnement de la fameuse encyclopédie participative. Loin d’être neutre, elle est au contraire administrée et régentée par des nervis d’extrême-gauche “woke” et censeurs. Sujet réalisé avec l’aide de Jean-Luc Coronel de Boissezon et de Samuel Lafont.
Revue de presse
La Russie passe à l’attaque La Russie a commencé à envahir l’Ukraine et frapper ses points stratégiques dans la nuit d’hier à aujourd’hui. Jean-Yves Le Gallou analyse les raisons pour lesquelles ce conflit n’a pas été compris en France.
Le romancier Patrice Jean est l’invité exceptionnel des portraits d’Éléments. L’auteur de “L’homme surnuméraire” et de “La poursuite de l’idéal” déroule face caméra le fil de son œuvre littéraire.
Pour la rédaction d’Éléments, il ne fait aucun doute que Patrice Jean est l’un des grands romanciers de notre temps, profondément original et tonique. Professeur de français à Saint-Nazaire, installé à Guérande, la cinquantaine dégarnie, Patrice Jean a déjà six romans derrière lui dont chacun dessine un pan de son œuvre, laquelle invalide la thèse de la mort du roman. Pour lui, seule la littérature peut réellement peindre la condition humaine : « La science est le point de vue du médecin, dit-il. Pour avoir celui du “ malade ”, il n’y a que le roman. » Après Revenir à Lisbonne ou l’imposture amoureuse (2016), L’Homme surnuméraire (2017) et Tour d’ivoire (2019), il s’est imposé avec le grand roman d’apprentissage de notre siècle, La poursuite de l’idéal, publié chez Gallimard.
Troisième volet de notre enquête sur l’explosion du système démocratique français : « À quoi sert encore l’élection présidentielle ? » Publié aux éditions de La Nouvelle Librairie, l’essai de de Frédéric Rouvillois et Christophe Boutin, « Les parrainages. Ou comment les peuples se donnent des maîtres », sort au moment où le candidat Éric Zemmour n’est pas certain de réunir ces 500 signatures et où Marine Le Pen s’alarme d’une « situation démocratiquement terrifiante ».
À quoi sert encore l’élection présidentielle ? « À légitimer mon général ! » me répondra-t-on. Mais à légitimer quoi et qui ? Rouvillois et Boutin, après un long exposé mené d’une main de maître, en viennent à cette conclusion limpide : nous vivons sous une République censitaire. Et en effet, après la lecture de leur livre, il nous saute aux yeux, qu’effectivement, l’élection du chef de l’État français ne se réalise plus selon un processus que nous pourrions qualifier de pleinement démocratique. Vu que la liberté fut drastiquement restreinte concernant la désignation des possibles candidats à la présidentielle, il est certain qu’aujourd’hui nous vivons dans un « système de suffrage restreint ». Le suffrage censitaire est donc de retour en France depuis 1976.
Ce modèle du suffrage censitaire pour les autres élections est en place depuis longtemps. Si le haut taux de participation de l’élection présidentielle cache encore le poteau rose, tout le monde constate dans les autres élections que le « roi est nu ». Pour cela, il suffit de constater les chiffres de participation catastrophiques des autres élections. Par exemple, lors des dernières élections régionales, le taux d’abstention, déjà en hausse d’année en d’année, battait un record inédit avec 66,72 % d’abstention lors du premier tour. Ce taux atteint même des chiffres encore jamais égalés avec 87 % chez les jeunes de 18 à 24 ans. Le chiffre est à peu près équivalent chez les bas revenus. Rappelons aussi qu’aux dernières législatives, le taux d’abstention atteignait déjà des records avec 51,3 % au premier tour, puis 57,36 % au second.
Il s’agit aussi de constater que si les scrutins intermédiaires sont déjà la chasse gardée des inclus, des habitants des métropoles mondialisées, des bourgeoisies de droite et de gauche, des retraités, et des fonctionnaires qui votent, pour finir, en petit comité pour leurs candidats validés par le système ; l’élection présidentielle qui devait rester comme le dernier bastion de la souveraineté populaire est en réalité déjà perdue. Pour commencer, par cette question des parrainages que nous venons d’aborder, mais aussi pour les résultats mêmes de ces élections présidentielles. Tenez, prenez par exemple celle de 2017. Macron fit 15 % au premier tour des inscrits, ce qui ne l’empêcha pas d’avoir la majorité absolue lors de l’élection législative qui suivit. En face, les candidats dits « hors-système » comme Le Pen, Mélenchon et Dupont-Aignan récoltaient 45 % des votants. Beau score me direz-vous. Or, aux législatives qui suivirent, l’addition des trois ne représentait que 4 % de la représentation nationale. Que dire de plus ?
La dynamique funeste de la démocratie moderne
Devons-nous être choqué par de pareils agissements ? Devons-nous nous sentir flouer par l’arrachement au peuple de son pouvoir souverain aux bénéfices d’une oligarchie toute-puissante dans nos démocraties libérales et modernes ? En réalité, pas le moins du monde. Tout suit son cours comme cela devrait l’être pour nos démocraties contemporaines. Déjà aux temps de la Révolution, l’exclusion du peuple fut considérée comme une chose normale par la Convention de 1792. Lorsqu’elle se constitua sur un corps électoral vierge de toute souche « prolétarienne », Marx pu dire sa phrase prophétique qui annonçait que la classe révolutionnaire par excellence était la bourgeoisie. Pendant une grande partie de la Révolution française, le suffrage censitaire était le mode normal de suffrage. Rouvillois et Boutin nous rappellent que même sous la Restauration et la monarchie de juillet, la distinction entre deux catégories de citoyens, les passifs et les actifs, demeurait la technique de séparation choisie afin de déterminer ceux qui étaient aptes « à participer aux affaires de la Cité », et ceux qui ne l’étaient pas. Aujourd’hui, ces techniques sont plus insidieuses et mieux cachées, mais il n’empêche que dans les faits elles continuent de fonctionner à « plein pot ».
Alors devons-nous nous étonner que nos démocraties modernes suivent cette ligne de pente naturelle opposée ouvertement aux peuples ? Pas le moins du monde en réalité. L’erreur serait de considérer la démocratie contemporaine comme un seul régime politique. Or, elle est bien plus que cela. Elle est une dynamique, un mouvement, un processus historique.
Fondée sur un effacement des frontières et un nivellement des différences, la démocratie moderne considère la nation et la souveraineté populaire comme des corps étrangers. Pour elle, seule la logique du contrat réalisée au nom de la liberté de choix des contractants – ce qui veut dire pour elle des individus indifférenciés – est valable. Aucun corps politique constitué autour d’une tradition nationale, d’une identité ethnoculturelle, et de souvenirs historiques ne doit pouvoir faire prédominer sa majorité afin de donner le ton de sa conduite au gouvernement.
Les adeptes de la démocratie moderne, dont les libéraux forment le gros de la troupe, pensent que la rationalité de la volonté générale est une illusion. Pour eux, le corps politique est la victime complaisante des plus basses propagandes et des pires propositions démagogiques. Baisse de la rationalité, perte du sens de la responsabilité, et impulsions émotives sont le lot commun de ce peuple « gamin » et « primitif » dans ces choix. Dans ce cas, pourquoi lui donner encore la parole ? Il est par conséquent normal, selon elle, que le pouvoir exercé par le peuple s’amoindrisse et devienne nul. La dynamique de la démocratie moderne n’est que cela. Elle n’est que ce passage de la démocratie directe à la démocratie représentative. OPA qui sera réalisé au bénéfice d’une élite constitué autour d’une classe sociale déterminée qu’est la bourgeoisie.
La démocratie moderne n’est que la reprise de la célèbre distinction entre Antiques et Modernes que Benjamin Constant esquissa. Pour lui et la démocratie contemporaine, les Modernes ne seraient que des êtres ne tenant – avant toute chose – qu’à leur autonomie individuelle, à leur vie privée ou à leur bonheur immédiat. Ainsi il suffira de mettre en place une administration des choses publiques réservée à des représentants, pour que les choses se passent pour le mieux. Le citoyen n’a plus, selon la tradition libérale, à se soucier de sa participation aux affaires de la Cité qui était, auparavant, le cœur même de la compréhension de la liberté pour les Anciens. Le programme du processus de démocratisation moderne tient donc dans cette phrase de Paul Valéry : « La politique fut d’abord l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. »
La volonté de destruction des communautés politiques
Il est tout à fait normal que la démocratie moderne considère le mode de désignation par l’élection comme l’unique fondement de toute légitimité. Depuis les Lumières et 1789, le principe de souveraineté réside dans la nation (article 3), et dans la loi qui est l’expression de la volonté générale (article 6). Ainsi, son but fut de produire – pour elle, la démocratie moderne – les techniques de désignations des gouvernants par les gouvernés de manière à ce que la souveraineté populaire se fasse le moins ressentir.
Elle ne peut supprimer directement l’élection puisque cela contreviendrait à l’un de ces impératifs moraux qui est l’élection des gouvernants. Toutefois, l’ensemble des mesures, dont les parrainages sont l’un des aspects, que la démocratie moderne mit en place pour brider directement la souveraineté du peuple lui permit de garder sa « virginité » démocratique, tout en l’ayant totalement dévoyée selon la définition des Anciens.
Nous voyons que les parrainages ne sont, finalement, qu’un des nombreux instruments qui participent à un processus clairement identifié d’anéantissement de toute souveraineté populaire. Mené par le modèle de la démocratisation des institutions, celui-ci ne suit que sa volonté de s’étendre à toutes les sphères de la vie de l’homme pour l’arracher à ses anciennes appartenances. La démocratie libérale et moderne tend, inévitablement, à la destruction de l’État-nation et à l’avènement du mondialisme. Si les compétences ont été depuis deux siècles extirpées du peuple – même si des soubresauts ont été tentés comme en 1962 – ; bientôt, ce sera aux États à qui il sera demandé de transférer leurs compétences étatiques pour que de nouvelles institutions, cette fois-ci supranationales et à dimension universelle, puissent faire advenir ce monde de la parfaite homogénéité.
L’intégration européenne ne fut que la première marche de ce long chemin de la perte pour les peuples de leur souveraineté. En 1964, l’arrêt Costa de la Cour de Justice des communautés européennes énonça que le droit européen devait prévaloir sur le droit national, même postérieur. Les arrêts de la Cour de cassation et du Conseil d’État de 1974 (arrêt Jacques Vabres) et de 1981 (Nicolo) marqueront le consentement – la trahison ? – de nos institutions les plus hautes à cette décision. Nos élections peuvent bien nous divertir ou même nous agacer par ces escroqueries que sont les parrainages ; en définitive, elles ne changent rien. Pendant que les directives européennes doivent être obligatoirement transposées en droit interne, les règlements européens sont, quant à eux, d’application directe. Si on les additionne aux lois nationales issues de la transposition des directives européennes, nous arrivons, selon le chercheur Antonin Cohen, à une proportion de 80 % par rapport à nos lois strictement nationales.
Tous ces chiffres confirment ce sentiment de dépossession de la souveraineté populaire. Les gouvernements nationaux sont, eux-mêmes, que des chambres d’enregistrement des recommandations de la Commission européenne qui leur adresse chaque année des « ordres » au sujet de leurs dépenses, de leurs recettes, et des réformes qu’il serait bon de mettre en œuvre. Il faut, par conséquent, rendre hommage à ce livre qui nous aura permis de constater, une fois de plus, le malaise démocratique dans lequel nous vivons. Mais comme nous venons de le voir, la question des parrainages n’est que l’épiphénomène d’un mouvement qui brasse beaucoup plus large. Si on peut se réjouir que des sujets comme le Conflit de civilisation, l’islam, l’immigration, ou le Grand Remplacement tienne une place dans le débat politique qui lui revenait de plein droit ; on peut, néanmoins, se désoler de l’absence totale de débat sur notre « démocratie » et de son système. Combattre l’invasion islamique sur notre territoire est une avancée, mais ne pas parler de la perte de souveraineté en tant que nation et peuple est une faute qui se paiera cher tôt ou tard.