Les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur concernant les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie sont tombés. Et ils ne sont pas bons. La majorité des indicateurs montent, qu’il s’agisse des homicides ou des agressions physiques comme sexuelles.
La France est confrontée à «un degré de violence» inédit.
C’est l’analyse qu’avait fait fin novembre le coordinateur national du renseignement, Pierre Bousquet de Florian. Et s’il ne parlait pas que de délinquance, les derniers chiffres Interstats Conjoncture du ministère de l’Intérieur publiés début décembre collent bien à son analyse.
La quasi-totalité des indicateurs sont au rouge par rapport au trimestre précédent, comme l’explique la place Beauvau:
«Au cours des trois derniers mois, la majorité des indicateurs conjoncturels des crimes et délits a augmenté par rapport aux trois mois précédents. Les coups et blessures volontaires (y compris les violences intrafamiliales) sont en nette hausse (+8%), ainsi que les violences sexuelles enregistrées et les vols dans les véhicules (+6%). Les vols sans violence contre des personnes et les cambriolages de logements croissent plus modérément (+2%). Les vols violents sans arme enregistrent une très légère hausse (+1%). Les vols avec armes, les vols de véhicules et les escroqueries sont stables par rapport aux trois mois précédents. Les vols d’accessoires sur véhicules et les destructions et dégradations volontaires sont quant à eux en très légère baisse (-1%). Les homicides des trois derniers mois sont en progression par rapport aux trois mois précédents.»
Le cas des homicides, y compris coups et blessures ayant entraîné la mort, est particulièrement inquiétant avec une augmentation de… 10%. Récemment, la presse s’est fait l’écho de plusieurs histoires sordides, notamment en région parisienne: un jeune homme séquestré et battu à mort dans une cave de Belleville dans le 19e arrondissement ou un autre individu roué de coups jusqu’à trépas dans une cité de Grigny dans l’Essonne. Et l’Île-de-France est loin d’être la seule zone concernée par cette épidémie de violence.
Reste que la capitale reste un enjeu sécuritaire majeur. En octobre dernier, nos confrères du Figaro révélaient une infographie basée sur les chiffres de la préfecture et qui avait beaucoup fait parler. Elle montrait l’explosion de la délinquance dans Paris intra-muros avec notamment 35.000 agressions depuis le début de l’année.
Début juillet, c’était Le Canard enchaîné qui était à l’origine d’une polémique en dévoilant des statistiques de la Préfecture de police de Paris qui ne laissaient que peu de place au doute: Paris s’ensauvage. La maire Anne Hidalgo avait même interpellé le gouvernement en faisant également référence aux manifestations hebdomadaires des Gilets jaunes. Elle avait déclaré que «ceux qui sont mobilisés le samedi pour la sécurité des Français et des Parisiens le sont de fait moins les autres jours de la semaine».
«La France est en voie de désocialisation. Depuis plusieurs années, notre organisation syndicale affirme que le pays connaît une dérive “insécuritaire”, un peu comme ce que l’on peut observer dans certains pays d’Amérique du Sud», déclarait l’été dernier à Sputnik Michel Thooris, secrétaire général du syndicat de police France Police – Policiers en colère.
En effet, à regarder certaines courbes, comme celles des coups et blessures volontaires ou des agressions sexuelles, l’on s’aperçoit que la tendance est à l’augmentation depuis plusieurs années. La question demeure: quand vont-elles s’inverser?