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N’en déplaise aux proches de Reconquête!, la coalition qui a porté Giorgia Meloni et ses alliés Salvini et Berlusconi au pouvoir à Rome est un scénario irréalisable en France. Néanmoins, l’union de la droite italienne a été le pari politique gagnant de l’année 2022. Presque de quoi faire naître une fraternité européenne dans les partis politiques euro-sceptiques. Vue comme une victoire par les souverainistes et patriotes, analysée comme l’avènement d’une Italie post-fasciste par les dramaturges progressistes, l’aventure italienne a fortement marqué les esprits.
Mais alors pourquoi s’arrêter là ? Ce lundi, la presse italienne s’est fait écho de tractations et de négociations entre les trois leaders de droite italiens en vue de constituer une liste commune aux élections européennes. Le leader de Forza Italia, Silvio Berlusconi, a de nouveau évoqué la possibilité de former un « parti unique » avec ses deux alliés de droite, la Ligue de l’ancien Premier ministre Matteo Salvini et Fratelli d’Italia de la Première ministre Giorgia Meloni.
Un vieux souhait aujourd’hui réalisable ?
« Notre coalition est unie, crédible, faite de relations loyales entre différentes forces politiques et capable de travailler ensemble depuis presque trente ans. Une coalition qui pourrait un jour devenir un seul et même parti », a écrit l’ancien Premier ministre italien sur ses réseaux sociaux. Une information et un souhait que Giorgia Meloni et Matteo Salvini n’ont pas démenti. Un souhait émis alors que les sondages laissent supputer une érosion inexorable de Salvini et Berlusconi au profit de Giorgia Meloni. En effet, selon le sondage YouTrend/Agi Supermedia du 23 décembre 2022, La Lega est à 8,8 % des intentions de vote, tandis que Forza Italia est à 6,4 %. Au contraire, Fratelli d’Italia continue de progresser pour atteindre 30,6 %. Une intention a priori louable. « C’est l’éternelle discussion qui reprend mais l’hypothèse d’un groupe uni de souverainistes et patriotes au sein du Parlement européen est souhaitable évidemment » affirme Thierry Mariani . L’eurodéputé RN et ancien ministre de Nicolas Sarkozy ajoute que « c’est une volonté totalement partagée par Jordan Bardella », le président du RN,qui compte bien emmener son parti à la conquête du parlement européen.
Une opposition divisée mais pas fracturée
Mais tout fantasme est-il bon et surtout faisable ? Les trois partis italiens en sont une évidente démonstration. Fratelli de Italia, Forza Italia et La Lega siègent dans trois groupes européens différents. Les eurodéputés de Meloni siègent dans le groupe conservateur ECR avec notamment les Espagnols de Vox et surtout les Polonais de Droit et Justice (parti au pouvoir en Pologne) qui constituent la délégation la plus nombreuse. Ceux de Berlusconi siègent au PPE avec notamment les Français de LR. Et ceux de Salvini siègent au groupe ID avec le RN. « Je suis assez sceptique à vrai dire murmure un eurodéputé français. Aujourd’hui Salvini a plus d’une vingtaine d’eurodéputés et Meloni seulement 8. Qui dit liste unique dit enterrement de première classe pour la Lega qui verra le rapport de force s’inverser aussi au niveau européen ».
Des détails d’intendance
Pour autant, l’idée existe et demeure populaire chez les partis souverainistes qui entendent bien peser et renverser cette Europe technocratique au profit d’une Europe respectueuse de la souveraineté des nations. Mais c’est tout le paradoxe : reconnaître la souveraineté des nations c’est aussi accepter la souveraineté des intérêts nationaux divergents. Pendant la campagne présidentielle, Marine Le Pen s’est rendue à Madrid et à Varsovie pour promouvoir la vieille idée d’un groupe unique. Auprès d’élus notamment de l’ECR, elle avait défendu le principe avec son ami hongrois Viktor Orban. « Nous savons que nous aurons des points de divergence et nous ne cherchons pas une Europe fédérale mais une Europe des nations libres et souveraines » affirme Jean-Lin Lacapelle. L’eurodéputé RN promu par Jordan Bardella porte-parole et délégué national des Français de l’étranger pense que le pari est gagnable. « Nous avons un socle de valeur commune : lutte contre l’immigration, souveraineté et identité », dit-il.
D’autant que la route est encore longue avant les élections européennes, « qui peut garantir que la coalition italienne sera encore au pouvoir en Italie d’ici-là ? », souffle un eurodéputé. « Les récentes victoires de nos amis portugais et suédois vont se traduire par un renouvellement du parlement européen », rétorque Lacapelle qui conclut : « au fond la structure n’est pas fondamentale. Peu importe l’administratif et la logistique, à la fin seul compte le vote ». En d’autres termes, les partis européens patriotes veulent faire le plein de troupes en pariant que l’intendance suivra.
Marc Eynaud, BV
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