Les médias français ne s’en sont pratiquement pas fait l’écho et pourtant l’événement avait valeur de symbole. Le 3 septembre dernier, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé à Prague pour protester contre la hausse des prix et exiger la démission du Premier ministre tchèque Petr Fiala. « L’objectif de notre manifestation est de réclamer du changement, essentiellement pour résoudre le problème du prix de l’énergie, en particulier de l’électricité et du gaz, qui va détruire notre économie cet automne », a déclaré l’un des organisateurs.
Différents partis politiques, allant des nationalistes aux communistes, avaient appelé à manifester sous le slogan « La République tchèque d’abord ». La présidente du mouvement Tricolore, Zuzana Majerová Zahradníková, dénonçait un gouvernement « peut être ukrainien, peut-être bruxellois, mais certainement pas tchèque » et exigeait l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine en affirmant : « Ce n’est pas notre guerre. »
70 000 habitants de la République tchèque envahissent les rues de #Prague pour demander, entre autres, un meilleur pouvoir d'achat, le retrait de l'Otan et de l'UE et un statut neutre dans le conflit en Ukraine. pic.twitter.com/LAu0APS3GD
— Nikola Mirkovic (@1NikolaMirkovic) September 3, 2022
Le Premier ministre tchèque, mis en cause par les manifestants, répliquait en déclarant à la presse que des forces prorusses étaient à la manœuvre. La même petite thèse conspirationniste que celle utilisée en Italie pour expliquer la chute de Mario Draghi, en juillet dernier. Derrière ces accusations se cache, en réalité, l’angoisse montante des élites progressistes européennes qui sentent de plus en plus la terre trembler sous leurs pieds.
Le Guardian rapportait les propos bien plus lucides du ministre de la Justice tchèque, Pavel Blažek : « Si la crise énergétique n’est pas résolue, le système politique de ce pays est en danger. » Un constat qui doit faire réfléchir nombre de dirigeants européens actuellement.
En Allemagne, on s’inquiète de la perspective d’un Wutwinter, un « hiver de colère », qui serait, bien entendu, provoqué par les manipulations d’extrémistes sans scrupules. « Ceux qui ont affiché leur mépris de la démocratie et défilé avec l’extrême droite pendant la crise du Covid-19 pourraient être aujourd’hui tentés d’utiliser la hausse des prix comme thème de mobilisation », déclarait, en juillet dernier, Nancy Faeser, le ministre fédéral de l’Intérieur allemand. Il est en effet plus facile de développer des théories complotistes que d’assumer les conséquences désastreuses de ses choix politiques.
La crise économique et sociale déclenchée par les sanctions contre la Russie ne fait, en réalité, que renforcer et cristalliser un « moment populiste » dans lequel de nombreux pays européens sont déjà entrés depuis longtemps.
En France, en avril 2020, l’institut de sondage Ipsos constatait une fracture très nette « entre le peuple et les élites ». Plus de huit Français sur dix (85 %) estimaient que les élites politiques, économiques ou encore médiatiques avaient « des intérêts fondamentalement différents de ceux de la grande majorité de la population ». Après la crise des gilets jaunes, les résultats des dernières élections ont constitué un véritable coup de semonce, comme l’a souligné la dernière étude de la Fondapol, think tank qui se définit lui-même comme « libéral, progressiste et européen ». Les auteurs s’alarment de la « poussée constante du vote protestataire » qui, devenu majoritaire, « sape notre système démocratique ». On se permettra l’analyse opposée. Les votes en faveur d’un parti dit « protestataire », l’abstention ou le vote blanc traduisent une secessio plebis provoquée par la dérive oligarchique de notre régime politique. C’est cette dérive qui a sabordé la démocratie et non ceux qui en appellent à un retour au peuple.
Il en va de même concernant la révolte qui gronde face aux conséquences des sanctions prises contre la Russie. Les Français se sont retrouvés entraînés dans une aventure militaire des plus dangereuses, sans consultation ni débats. Ils devraient désormais, d’après leur Président, « résister aux incertitudes » et accepter de « payer le prix ». C’est-à-dire assister passivement à la destruction programmée de leur système économique et consentir à leur propre ruine. Tout cela, bien entendu, au nom du Bien. Car les élites européennes éclairées savent ce qui est bon pour ceux qu’elles gouvernent. Pourquoi, donc, les consulter ?
Alors, si ce moment populiste conduit l’extrême gauche à rêver aux apocalypses du « Grand soir », souhaitons, pour notre part, que l’« hiver de la colère » soit porteur pour l’Europe d’un nouveau printemps des peuples.
Frédéric Lassez, Boulevard Voltaire
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Ils ont laissé passer l’été pour se refaire une santé. Après la déception de l’élection présidentielle et celle des élections législatives qui, outre donner à Marine Le Pen un groupe de 89 députés, n’ont laissé aucun siège au parti d’Éric Zemmour, lui-même échouant de peu à se qualifier au second tour, le plus jeune parti de France rallume ses ambitions. Sa rentrée politique faite chez RMC, l’ancien journaliste veut remobiliser ses troupes en Provence, ce week-end, lors de l’université d’été de Reconquête, organisée à compter de ce jeudi 10 septembre entre Vinon-sur-Verdon (Var) et Gréoux-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Au programme : tables rondes, débats pour « créer du lien tout en formant nos militants », confie le président de Génération Z Stanislas Rigault.
À l’image du Z, concédant à Apolline de Malherbe, sur BFM TV, que la guerre en Ukraine n’aura finalement pas été la raison principale de son décrochage dans les sondages, ses soutiens se montrent prudents. « Il y a évidemment une minorité de défaitistes, on ressent une baisse de mobilisation depuis l’élection présidentielle », souffle un cadre du parti. « La mobilisation était incroyable », tempère de son coté Samuel Lafont. En charge du numérique et de la levée de fonds du parti, le cybermilitant a sorti les chiffres : « On a engrangé plus de 50.000 réponses à notre grande consultation, affirme-t-il. Tous nos échos terrain sont rassurants. Même si on a encore beaucoup de maillage territorial à faire, les bonnes volontés ne manquent pas. »
Si, à l’instar de Samuel Lafont, on se félicite chez Reconquête de la visibilité d’Éric Zemmour et du succès numérique des équipes qui l’entourent, on tâche de ne pas perdre le fond au détriment de la forme : « Il faut replacer la doctrine et les idées au cœur, avertissait le vice-président du parti Nicolas Bay dans les colonnes du Figaro, ce lundi. Sinon, il risque de ne rester que les choix marketing, les photos Instagram et les vidéos TikTok. » Le fond et la forme. Les idées et les coups de com’. Car la réalité politique n’est pas rose. Entre une Marine Le Pen confortée par ses résultats et louée par les sondeurs et un parti LR qui risque de voir à sa tête un Éric Ciotti ou un Bruno Retailleau (proches, électoralement, d’Éric Zemmour), les partisans du Z risquent de voir la tenaille qui avait écrasé Valérie Pécresse se retourner contre eux. « 130.000 adhérents, trouvez-moi un parti politique en France qui peut afficher de tels effectifs », rétorque Stanislas Rigault.
Les rangs se resserrent
Les gilets jaunes n’ont plus la cote dans l’entourage d’Éric Zemmour. Après la mise en retrait de l’ancien vice-président de Debout la France Benjamin Cauchy et le départ en claquement de porte de l’initiatrice historique du mouvement des gilets jaunes Jacline Mouraud, le triumvirat des vice-présidents Bay-Maréchal-Peltier est des plus visibles. On peut aussi noter l’absence de l’eurodéputé Jérôme Rivière, qui se présente comme simple « adhérent », ou encore la disparition pure et simple de la place de président d’honneur. Une fonction qu’occupait Gilbert Collard…
Les yeux vers l’Italie !
Zemmour l’a martelé au micro d’Apolline de Malherbe, ce 6 septembre : Giorgia Meloni, créditée de 4 % d’intentions de vote voilà quatre ans, est aujourd’hui en passe de former un gouvernement de coalition avec Berlusconi et Salvini. De quoi rendre crédible la possibilité d’une union des droites, d’après le président de Reconquête ? « En tout cas, elle nous montre qu’une défaite n’est jamais définitive », veut croire Stanislas Rigault. Il n’empêche. Si l’Italie est le « laboratoire politique de l’Europe », le jeu des coalitions permet là-bas à des formations politiques de perdre puis de gagner peu après sans jamais disparaitre. La France a un système beaucoup plus stable et on peine à voir comment une nouvelle formation politique peut émerger de cette situation tripartite inédite. De quoi accréditer la thèse d’une candidature éclair à fenêtre de tir unique ? « On nous a souvent comparés à Emmanuel Macron et LREM, reconnaît Samuel Lafont. Si Éric Zemmour est vu comme un anti-Macron, nous sommes très loin d’avoir épuisé nos ressources et notre capacité d’action. » Lafont affirme n’avoir gardé qu’une seule frustration de la campagne présidentielle : « Ne pas avoir eu le temps de lancer et de mettre en place tout ce que nous avions en tête. » De quoi permettre à la jeune formation politique de tenir longtemps ? « De toute façon, il n’y aura qu’un seul mot d’ordre : tenir jusqu’aux élections européennes et espérer une renaissance », confesse un membre du parti.
En tout cas, les quatre jours que dureront l’université d’été verront défiler un grand nombre de personnalités. En, tête, l’écrivain et chroniqueur Éric Naulleau, dont l’amitié avec Éric Zemmour fait grincer des dents. On y retrouve aussi des politiques comme Jean-Frédéric Poisson, Laurence Trochu ou encore Isabelle Surply. Des intellectuels comme le philosophe Thibault Collin, l’universitaire Patrick Louis, l’éditeur et intellectuel François Bousquet ou encore l’historien Jean Sévillia. « Un bon panel de la droite hors-les-murs », se réjouit un adhérent de Reconquête.
Renaissance ?
« Toutes les idées d’Éric Zemmour ont été reprises : le réel, l’insécurité… Tout nous donne raison ! » conclut Rigault. Mais, pour être couronné roi de Troie, il faut quitter le costume de Cassandre… Éric Zemmour dispose de 130.000 adhérents, un parti construit et une poignée de jours en PACA pour s’assurer de ses soutiens et rebattre le tambour de la mobilisation. L’amateur d’Histoire ne manquera pas de se souvenir qu’à une grosse centaine de kilomètres du lieu de son université d’été, au Golfe-Juan près d’Antibes, un certain Napoléon Bonaparte débarquait le 1er mars 1815 avec un millier de fidèles pour une aventure glorieuse… mais courte : c’était le début des Cent-Jours. Pour Reconquête, ce sera deux ans jusqu’aux élections européennes. Waterloo ou Austerlitz ?
Marc Eynaud, Boulevard Voltaire
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Après l’affaire de la sextape de l’équipe de France de football, opposant Benzema et Valbuena, une nouvelle affaire du même genre ébranle le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau. Apparemment, il aurait été, si on en croit une enquête de Mediapart, le commanditaire, avec son directeur de cabinet, d’un chantage sexuel à l’encontre de son premier adjoint, Gilles Artigues, qui risquait de lui faire de l’ombre.
Une affaire sordide, qui montre aux naïfs comment cela fonctionne, la politique, en France et sans doute ailleurs : le seul rapport de forces compte, et donc la loi du plus fort. Et on sait que certains pays sont spécialisés dans ces pratiques.
Par ailleurs, Perdriau ne vaut pas bien cher politiquement, et n’est qu’un lèche-babouches de plus.
Un tel épisode fait réfléchir. On se souvient que lors de la scandaleuse perquisition du FBI chez Donald Trump, on avait découvert des documents jugés très importants sur Emmanuel Macron, et notamment des documents explosifs sur sa vie privée.
Cela pose quand même un vrai problème. Nous avons un Président qui agit, notamment sur le dossier ukrainien, contre les intérêts de la France, et qui se soumet totalement à la politique américaine.
Question : agit-il librement, ou bien subit-il un chantage de la part des Américains ? Et dans ce cas, ce dossier peut-il rester secret bien longtemps?
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