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Les images de sang et de chaos dans l’église Saint Francis d’Owo, au Nigéria, sortent sur les réseaux sociaux. Elles sont insoutenables. A l’heure où nous écrivons, le nombre exact des victimes de ce massacre perpétré le jour de la Pentecôte reste inconnu. Plusieurs dizaines de Nigérians chrétiens, dont de nombreux enfants, auraient péri, selon plusieurs sources. Le Monde fait état de 21 morts. L’AFP évoque sur Twitter un « nombre indéterminé de personnes (…) tuées par des hommes armés dans une église catholique au Nigéria durant la messe de la Pentecôte ».
Le mode opératoire des tueurs semble encore assez confus. Selon le porte-parole du gouverneur de l’Etat d’Ondo, Richard Olatunde, les assaillants auraient tiré par les fenêtres. Des sources sur place citées par Le Monde évoquent au moins cinq hommes parmi ces assaillants. D’autres témoins parlent de charges de dynamite placées à l’intérieur de l’église. Les heures et jours prochains préciseront le terrible bilan et le déroulé des faits.
Mais ce qui frappe surtout en France, c’est la discrétion des réactions médiatiques. Alors que les attaques à l’arme à feu de déséquilibrés aux Etats-Unis font la Une, très peu de nos médias relaient pour l’instant cette attaque meurtrière contre des chrétiens.
Le journaliste Vincent Hervouët y a consacré sa chronique sur Europe 1 ce 6 juin. Il explique que la moitié des Nigérians – ils sont plus de 215 millions d’habitants, c’est le pays le plus peuplé d’Afrique – est chrétienne. Ces chrétiens habitent principalement le sud du pays, le nord, lui, est musulman, soumis à la charia. Voilà deux semaines, une étudiante chrétienne y a été lapidée. Son corps a été brûlé. Au pays de Boko Aram, la violence islamiste s’étend vers le sud. Et dans le sud, les peuls, éleveurs musulmans nomades, attaquent les agriculteurs chrétiens, poursuit Hervouët. « Les peuls ne font pas une guerre de pâturages mais une guerre de religion. Ils viennent pour islamiser le sud comme ils l’ont fait au nord. S’ils souhaitaient seulement la terre, ils ne brûleraient pas les villages ».
On comprend mieux la discrétion médiatique vis-à-vis de ce drame. Les médias diront qu’il se situe bien loin et ne concerne pas les Français mais les Français sont sensibles, évidemment, aux modes de conquête des musulmans : depuis le Bataclan, depuis les menaces réitérées régulièrement d’autorités islamistes contre la France, ils sont concernés, très concernés même. Les affres d’un pays où musulmans et chrétiens sont censés cohabiter les concernent aussi. Entre les lignes qui n’ont pas été écrites, donc, on lit la préoccupation de « ne pas jeter de l’huile sur le feu » dans le pays marqué par le drame du père Hamel. Les médias qui n’ont que la chasse aux fake news à la bouche sont ainsi pris la main dans le sac d’une forme de désinformation par omission. A certains crimes, le battage médiatique, aux autres, un silence gêné.
En enfonçant plus profondément sa tête dans le sable, l’autruche ne se protège pourtant pas du danger.
Marc Baudriller, Boulevard Voltaire
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