Continuons notre pèlerinage au pays de l’identité heureuse. Après Pau, et son centre-ville exaspéré par la culture kebab, Bordeaux : la capitale, la vitrine de cette identité, son centre-ville bourgeois qui rivalise désormais avec Paris, sa place de la Bourse et son miroir d’eau. Là aussi, rappelons les chiffres : un immobilier qui atteint des sommets, tout comme le vote macroniste.
Mais ce miroir d’eau, dans lequel la bourgeoisie urbaine aimerait ne voir se refléter qu’elle et s’entendre dire « Oui, tu es la plus belle », a vu passer, tout l’hiver, d’autres reflets qui la dérangeaient : les gilets jaunes venus demander des comptes à ces heureux des beaux quartiers.
Mais ces ravis du Triangle d’or devraient voir que d’autres dangers les guettent, au coin de leurs rues, bien plus proches que ces pauvres de la France périphérique issus du Médoc ou de l’arrière-pays girondin. Oui, tout près, dans Bordeaux, il y a le quartier Saint-Michel, quartier à forte population immigrée, miné par les trafics et en voie d’islamisation. Jeudi dernier, une violente bagarre éclate, vers 20 heures, au milieu des terrasses de café de la place Meynard. Selon un témoignage rapporté par le quotidien Sud-Ouest, « nous avons vu une dizaine de personnes arriver en courant de la rue des Faures, poursuivies par un groupe aussi nombreux, dont certains étaient armés de bâtons et de barres de fer. […] Juste avant que les policiers n’arrivent, un groupe s’est enfui en voitures, manquant d’écraser des personnes dans la rue des Faures. » Toujours selon les témoins, il s’agirait d’un « conflit entre Albanais et Algériens » impliquant des clandestins.
La violence et les trafics qui gangrènent ce quartier sont connus de tous. Début mai, ce sont des voitures de la police nationale qui ont dû fuir sous les jets de projectiles, en plein jour, au même endroit. La vidéo circule sur les réseaux sociaux.
La police semble dépassée, autant que la mairie de Bordeaux. Nicolas Florian, successeur d’Alain Juppé, en appelle à l’État. Lors d’une réunion de quartier, il a déclaré :
« Jusqu’alors, nous savions que du trafic quotidien de drogues se déroulait rue des Faures, mais là en plein jour sur la place de Saint-Michel, un règlement de comptes de cette nature, c’est un cran au-dessus. Ce sont des choses auxquelles nous ne sommes pas habitués à Bordeaux, il n’est pas question pour moi de laisser s’installer cela. »
Il a exprimé sa « stupéfaction et [son] inquiétude ».
« Jusqu’alors »… « pas question de laisser s’installer cela »… : il plane, le gentil maire, ou il se moque de nous ? Car la réalité qu’il fait mine de découvrir est autre : ils ont laissé s’installer cela. C’est du « en même temps » à la sauce Juppé : on savait mais on n’imaginait pas. Alors que tout cela est prévisible, que cela se voit pour n’importe quel passant du quartier. Et depuis des années. Mais tant que cela ne pète pas trop, tant que cela n’émerge pas dans les médias, tant que cela n’effraie pas les électeurs heureux de l’autre côté de la frontière et qu’ils votent comme il faut. Tant que…
Donc « un cran au-dessus ». Devons-nous annoncer aux Bordelais naïfs qu’ils auront droit à d’autres crans au-dessus ? Que cela n’est que le début ? Que si Bruxelles a son Molenbeeck, Bordeaux a son quartier Saint-Michel avec ses succursales bien installées dans la CUB ? Le miroir d’eau bordelais est brisé, comme toutes ces vitrines. Et l’appel au secours affolé d’un maire macroniste à l’État macronien n’y pourra rien.
Plus que jamais, c’est à ces deux niveaux qu’il faut agir, et changer les équipes, la gestion et les perspectives. Alors, à Bordeaux aussi, une équipe MVMF « Ma ville-Ma France » pour faire de Bordeaux autre chose qu’un club de bobos adossé à un Molenbeeck ?