15 juin 2019, 10:4 AFP
La confiance dans les médias s’effondre en France, avec moins d’une personne sur quatre se fiant désormais aux médias qu’elle consulte, selon le rapport annuel du Reuters Institute. L’une des causes : le traitement médiatique des Gilets jaunes.
Un rapport baptisé «Digital News Report», publié le 12 juin par Reuters Institute, est accablant pour les médias français. Il s’appuie notamment sur une étude d’ampleur menée par YouGov entre fin janvier et début février 2019 auprès de 75 000 personnes dans 38 pays.
En moyenne, 42% des personnes interrogées font confiance aux médias en général (une baisse de 2 points de pourcentage sur un an) et moins d’une sur deux (49%) fait confiance aux médias qu’elles utilisent.
Si une petite majorité des personnes interrogées (51%) estiment que les médias les aident à comprendre l’actualité, moins d’un tiers (29%) pensent que les médias couvrent des sujets pertinents et seulement 16% jugent que le ton utilisé est le bon.
Ces moyennes cachent cependant des disparités importantes selon les pays, fait savoir le rapport, avec d’un côté du spectre des pays comme la Finlande ou le Canada, qui font plutôt confiance aux médias, et de l’autre des pays comme la Grèce ou la Hongrie, où la défiance est très forte.
En France, la confiance a nettement reculé (-11 points en un an, à 24%), alors que les médias ont été particulièrement critiqués pour leur couverture du mouvement des Gilets jaunes, souligne le rapport.
32% des personnes interrogées éviteraient activement l’actualité
«Peut-être la plus grosse surprise», s’étonne Reuters Institute. En effet, celui-ci assure qu’«une confiance moindre ne signifie pas nécessairement une utilisation moindre» : «La chaîne d’information en continu BFM TV a obtenu quelques-unes de ses meilleures audiences en même temps qu’une baisse significative de la confiance.» Dans un classement de la confiance accordée aux médias français, BFM TV est en dernière position, le média recueillant le plus de confiance étant Le Monde.
La confiance dans les infos consultées via les moteurs de recherche et les réseaux sociaux reste pour sa part stable mais à un faible niveau : respectivement 33 et 23%. Et les internautes basculent de plus en plus vers les messageries privées type WhatsApp pour partager des informations, notamment au Brésil, en Malaisie et en Afrique du Sud.
Le rapport note également que les niveaux de confiance augmentent avec les niveaux d’éducation : les plus diplômés en Allemagne et aux Etats-Unis évaluent les médias d’information plus positivement. Parallèlement, les inquiétudes soulevées par les fausses informations restent vives malgré les efforts des plateformes et des éditeurs.
Si le niveau de confiance baisse, la proportion de personnes qui payent pour l’information en ligne reste la même (environ 15%), ce qui montre que les deux facteurs ne sont pas liés, souligne le rapport. Même dans les pays où un plus grand nombre de personnes payent pour l’information, la majorité d’entre elles ne dispose que d’un seul abonnement. Dans certains pays, le rapport observe une «saturation» des internautes pour les abonnements, qui favorise le divertissement (Netflix/Spotify) face à l’information. Pourtant, les médias sont de plus en plus nombreux à faire payer l’information en ligne dans le monde, constatent encore les auteurs du texte. Enfin, les personnes interrogées sont de plus en plus nombreuses (32%) à éviter activement l’actualité.