Deux mois désormais que le rendez-vous est devenu hebdomadaire. Les appels à la mobilisation pour un “acte 10” de la protestation des “gilets jaunes” se sont multipliés cette semaine, alors même qu’Emmanuel Macron a officiellement lancé mardi le “grand débat national” pour tenter de mettre un terme à cette crise.
Et dire que les médias traditionnels reprochent aux Gilets jaunes de haïr les journalistes, voire d’en molester quelques-uns, surtout s’ils travaillent pour BFM-TV, LCI ou CNews. Certes, après toutes les saloperies déversées contre le mouvement, nous ne conseillons pas à Aphatie, Brunet, Elkrief ou Truchot de se pointer à une manifestation sans un solide service d’ordre, tant ils ont dépassé les bornes, multipliant insultes et désinformation sur le mouvement, taisant l’ampleur de la répression, mettant en avant quelques propos isolés pour discréditer le mouvement, le tout au service du régime. Depuis deux mois, et sans doute bien davantage pour beaucoup d’entre eux, les Gilets jaunes ont compris ce qu’étaient les principaux journalistes des grands médias : des propagandistes du gouvernement, payés, et fort bien, pour le protéger.
Par contre, tout autre est l’accueil réservé aux journalistes de Russia Today, pourtant diabolisés et calomniés par ce gouvernement et ses médias, qui ont donné régulièrement la parole aux principaux porte-paroles des Gilets jaunes, et ont couvert de manière fort objective les événements, ce qui, d’ailleurs, leur a valu de devoir s’en expliquer devant le CSA ! Et manifestement, le jeune reporter-journaliste Vincent Lapierre est très apprécié par les Gilets jaunes, qui paraissent fort bien le connaître, et l’admettent comme faisant partie des leurs.
Ce reportage est exceptionnel. Il dure 24 minutes, et a déjà dépassé les 100 000 visites, en moins de 24 heures, et il a dépassé les 1 000 commentaires. On y voit qui sont les manifestants parisiens. C’est une France jeune, combative, déterminée, révoltée par la pauvreté qu’ils subissent, malgré leur travail, et par le train de vie insolent de ceux qui nous gouvernent. Beaucoup crient leur colère, dans un langage que les journaleux du système qualifieraient d’ordurier et de vulgaire, alors qu’il ne fait que traduire l’exaspération de tout un peuple.
On y voit des figures comme Éric Drouet, mais aussi des personnes plus âgées, le témoignage extraordinaire de cet homme de 86 ans, qui, en quelques mots, résume la situation et le comportement de Macron, en atteste. Les Gilets jaunes chantent à pleins poumons des airs révolutionnaires et reprennent des slogans très combatifs contre Macron. Ils paraissent s’être organisés, avec un service d’ordre qui demande aux manifestants de rester compacts.
Bien sûr, le choix de se rassembler à Bercy est hautement symbolique, et la finance en prend pour son grade. Tous les Gilets jaunes interrogés ne parlent que de social, aucun n’évoque le combat identitaire, et pourtant, cette France en révolte retrouve son identité, dans la rue. C’est la réunion du peuple de France, qu’il vote Mélenchon ou Marine, à laquelle on assiste. Un passage fort est ce jeune qui se dit antifa, et qui vient saluer Vincent Lapierre. Inenvisageable il y a deux mois !
On constate qu’il n’y a aucun incident dans le cortège (qui dépasse les 10 000 manifestants, quoi qu’en dise Castaner) entre Bercy, où ils se sont rassemblés le matin, jusqu’à l’Étoile, où ils sont arrivés à 14 heures. Par contre, à partir de ce moment, avec une forte présence de CRS, les accrochages commencent, l’ambiance change. On voit des scènes surréalistes dans un grand nuage de gaz. On assiste à des tirs de Flash-Balls, et on voit des hommes, jeunes et moins jeunes, se retrouver au sol, gravement blessés. On est vraiment au cœur de la manifestation, et on voit la volonté de la police de Castaner de blesser des manifestants qui ne représentent aucun danger. On voit comment se déroulent certaines arrestations ciblées, où une femme qui ne paraissait pas bien agressive se retrouve arrêtée par des hommes habillés en civil, avec un brassard.
On peut ne pas partager les propos de certains manifestants, mais ce reportage rend hommage au combat des Gilets jaunes, et montre la réalité des manifestations parisiennes sous un angle que personne d’autre n’avait traduit aussi bien que Vincent Lapierre.
Ce jeune homme, qui couvre toutes les manifestations, gauchistes, sociales, identitaires, depuis des années, a déjà subi de nombreuses agressions, auxquelles il a toujours fait face avec un courage et un sang-froid exceptionnels. Il n’est pas un journaliste professionnel, mais sa pratique fait honneur à une profession que trop de personnes déshonorent par leur soumission au pouvoir.
On attend avec impatience le prochain reportage sur les Gilets jaunes de Vincent Lapierre, et on ne peut qu’encourager nos lecteurs à mieux le connaître et à le soutenir.