Source Boulevard Voltaire
Il n’est pas forcément besoin d’avoir lu le remarquable essai de Jérôme Fourquet, L’Archipel français, pour savoir que notre pays se morcelle chaque jour davantage. Il parait même que le modèle d’assimilation à la française ne fonctionne plus. Il fonctionne, d’ailleurs, d’autant moins que rien n’a été mis en œuvre depuis des décennies pour le faire fonctionner, ajoutera-t-on. Quoi qu’il en soit, la République « une et indivisible » est désormais multiple et plus divisée que jamais.
Certes, l’Ancien Régime connaissait et reconnaissait ses innombrables communautés ; mais ces dernières se fondaient sur une histoire multiséculaire, s’appuyaient sur des cultures et des langues enracinées dans le terroir. Et, surtout, avaient le roi et la religion catholique pour dénominateur commun. Aujourd’hui, les communautés qu’évoque Jérôme Fourquet n’ayant plus rien de commun entre elles se côtoient sans se mélanger, s’observent de loin, toutes plus méfiantes les unes que les autres vis-à-vis de ce qui ne leur ressemble pas. Même François Hollande, parlant de « partition », s’en est rendu compte ; c’est dire.
Pis, la désintégration de la société française tend maintenant à toucher l’intérieur même des communautés en question. Sur ce site, Floris de Bonneville note ainsi, à propos de ce chauffeur de bus présumé salafiste qui aurait interdit l’entrée de son véhicule à deux jeunes filles, au motif qu’elles n’étaient pas « bien habillées » : « Manque de chance pour cet employé, l’une des deux jeunes filles est la fille de Kamel Bencheikh, poète algérien qui n’a pas hésité à porter plainte, en bonne et due forme. »
C’est-à-dire qu’au sein de la même communauté de culture islamique, maghrébine en l’occurrence, il y a les uns, trop musulmans, qui reprochent aux autres de ne l’être pas assez. Actualité immédiate oblige, on constate la même dérive dans une autre prétendue communauté, celle des homosexuels. Ainsi, Pierre Palmade, invité, ce samedi dernier, à l’émission « On n’est pas couché » est-il maintenant dans le collimateur de ses « camarades » pour avoir osé prétendre : « Il y a les homos et les gays. […] J’ai fait une différence. Les gays, ce sont des gens qui mangent gay, qui rient gay, qui vivent gay, qui parlent gay. » A contrario, « les homos, ce sont des gens qui sont homos, mais ce n’est pas marqué sur leur front, on ne le sait pas quand ils parlent, on ne le sait que quand on va dans leur chambre à coucher ».
Et c’est donc en tant qu’homosexuel que l’humoriste est, aujourd’hui, persécuté par certains gays, au premier rang desquels Joël Deumier, président de SOS Homophobie : « Pierre Palmade, on vous rappelle que si vous pouvez vivre et aimer librement en tant que gay aujourd’hui, c’est grâce à celles et ceux qui se sont battus dans l’Histoire pour obtenir ce droit. Et les combats continuent ! Vos propos homophobes n’y contribuent pas. »
Plus grave encore, le même n’hésite pas à stigmatiser Pierre Palmade pour « follophobie » ; soit « ce discours qui vise à perpétuer une norme patriarcale et hétérosexuée selon laquelle un homme doit correspondre à un certain type de masculinité ». Il est vrai que notre trublion aggrave son cas en persistant à ne pas se promener dans la rue avec son slip sur la tête ; une telle frilosité ne peut évidemment qu’être suspecte.
Là où ça se complique encore plus, c’est quand les communautés et leurs intérêts, parfois divergents, en viennent à s’entremêler. D’où ce fait divers pour le moins révélateur, rapporté par Le Figaro de dimanche dernier : « Un kiosquier parisien refuse de vendre le magazine L’Équipe par “homophobie”. » En couverture de ce dernier, l’épineuse question de « l’homophobie dans le sport », assortie de ce titre : « Embrassez qui vous voudrez. » Mais n’achète pas non plus ce journal qui veut, semble-t-il…
L’histoire ne dit pas si le kiosquier « homophobe » était musulman, si l’acheteur était homosexuel, s’il est possible d’être à la fois footballeur et homosexuel ; voir homophobe, tel Pierre Palmade, lequel n’a peut-être rien contre les musulmans gays. Dommage.